Pour faire la guerre de Cosme Castro et Léa Forest

Cela pourrait commencer comme un film d’Eric Rohmer, « Le rayon vert » par exemple. Sept cousins autour d’une table. Une discussion banale qui vire à la dispute. « Pour faire la guerre » présenté la semaine passée à Angers, dans le programme « Figures libres », commence ainsi, avec ce sens rare du dialogue, de la justesse. Premier court de Léa Forest et Cosme Castro, le film est un terrain de jeu au grand air pour ses sept acteurs tous étonnants – dont les réalisateurs eux-mêmes.

Cosme Castro et Léa Forest auraient pu filmer une « cousinade », ces fameuses réunions anxiogènes où l’on reprend contact avec des cousins éloignés ou volontairement oubliés. Mais leur film évite fort heureusement cette option généalogique et glisse vers un récit mélancolique puissant.

Avec une énergie jouissive et une apparente simplicité, ils font retomber en enfance sept adultes pas tout à fait sevrés. Après une fin de déjeuner un peu tendue, la découverte d’une valise emplie de déguisements apaise temporairement les nerfs et entraine le groupe à pratiquer leur jeu favori d’antan : faire la guerre. On fabrique des cabanes, on élabore deux camps, ça court, ça crie et la guerre fictive devient vite plus menaçante, plus changeante. Le jeu n’est plus drôle et malgré les moustaches dessinées au feutre noir, les garçons et les filles ne roulent plus des mécaniques.

On sent chez Léa Forest et Cosme Castro ce goût absolu pour le jeu – celui de l’acteur –, cet amour des visages de cinéma, de la troupe de saltimbanques dont ils font partie (on se souvient notamment de Cosme Castro dans « C’est plutôt genre Johnny Walker » et « Robert Mitchum est mort » d’Olivier Babinet).

Loin de la pose ou de la posture, plus proche de l’improvisation et du naturalisme, le jeune duo étonne et touche juste. C’est un autre jeune duo – de producteurs cette fois-ci, Punchline Cinema, qui accompagne les auteurs. Comme quoi, à deux on est plus forts.

Amaury Augé

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