Ya-gan-bi-hang (Fly by Night) de Tae-guym Son

Derrière un titre des plus complexes se cache un film des plus intéressants. Troisième prix de la Cinéfondation, Ya-gan-bi-hang de Tae-guym Son, réalisé en Corée du Sud, lie passage à l’âge adulte, amours nocturnes et rapports fraternels. Un autre aperçu de l’intimité et de l’amour au-delà des distinctions d’âge ou de genre.

Ce film réalisé à l’Université Chung-Ang s’intéresse à trois hommes : un garçon, un frère et un amant de passage. Le garçon se prostitue à l’insu de son frère aîné qui l’héberge sous son toit. Celui-ci gagne sa vie de manière plus classique, en vendant des tickets aux passants. Tous deux travaillent de nuit et se retrouvent le lendemain matin. Un soir, le garçon couche avec un homme plus âgé que lui, le Maître”, et le revoit le lendemain.

Parce que tout peut changer en l’espace d’une nuit noire, parce que l’amour vaut plus qu’une histoire de belles fesses, parce que les marches d’escaliers sont propices à la promiscité, ce film est à ranger dans les tiroirs de ses souvenirs. Les pluriels (silences, solitudes) y rencontres les singuliers (innocence, intimité, confiance, mensonge), la communication entre les individus y est simple et complexe à la fois, et la représentation des scènes d’amour homosexuel, plutôt taboue en Corée du Sud et plus largement en Asie, y est audacieuse et courageuse pour un film d’étudiant.

Intéressé par le thème de l’adolescence, moment de transition entre l’enfance et l’âge adulte, Tae-guym Son fait intervenir dans son casting restreint Min-ho Cho, un comédien non professionnel et réservé dont l’intériorité se reflète dans le non-jeu. Encore enfant, son personnage à l’air boudeur et au regard absent se retrouve à jouer des jeux d’adulte sans en maîtriser pour autant les codes et sans arriver à se positionner par rapport à son propre désir.

Au-delà de l’encouragement et de l’enveloppe transmis au réalisateur, la récompense de Cannes devrait bel et bien aider le film gagner en visibilité. Une bonne nouvelle lorsqu’on sait que Tae-guym Son travaille depuis cinq ans sur ce scénario.

Katia Bayer

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