Annecy, le Petit Journal

Meuglements, aboiements, miaulements, pépiements, roucoulements, bruits de carpes, hurlements, applaudissements, … : bienvenue au Festival d’Annecy. Au rendez-vous de l’image, il est coutumier de ne pas rester tranquille sur son siège, de faire de grands signes aux copains, de chahuter devant la bande-annonce officielle, et d’envahir l’espace, avec d’improbables avions en papier. Ces rituels, potentiellement déconcertants, font partie de la popularité de l’événement. À Annecy, on ne se prend pas trop au sérieux, et ce n’est pas plus mal.

Le ton est donné à l’entrée de la Grande salle du centre Bonlieu. Des recommandations fusent (“dites, le ballon, vous le gardez aux pieds”), tandis que la voix-off demande, sans surprise, d’éteindre son téléphone portable, mais étrangement, de ne pas perturber la projection, “dans la mesure du possible”.

Certes, la facétie est de mise, en début de séance. Parallèlement à la surenchère de cris animaliers, des avions en papier, fabriqués à l’aide de programmes ou de feuilles de calcul, alignent les figures dans les salles. Des applaudissement nourris accompagnent les projectiles de fortune qui parviennent à atteindre la scène, tandis que des acclamations gratifient ceux qui percutent les rideaux de velours. Force est de constater que les spectateurs ne sont pas spécialement de bons pilotes, et que leurs avions atterrissent souvent en urgence, quelques rangées plus bas, sur une tête, dans un cou, et occasionnellement, dans un oeil (et ça fait mal, peut attester la reporter).

Survient une autre forme d’agitation, devant la bande-annonce des partenaires du festival. La musique s’accélère, les clameurs redoublent, quand tout à coup, un lapin blanc fait intrusion dans l’image, et suscite l’exaltation du public. Depuis qu’un mammifère à pelage doux et à dents chouettes s’est incrusté dans une bande-annonce, lors d’une édition précédente, le public annecien s’est pris d’affection pour la bonne bête. Depuis ce jour, dès qu’un lapin apparaît, en guise de clin d’œil, à l’écran, l’enthousiasme s’installe dans la salle.

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© KB

Le lapin occupe une telle place dans la localité du fromage chaud déclinable (fondue/raclette) qu’il est impossible de rester passif devant une sale affaire, survenue en plein festival. Cette année, un doudou à grandes oreilles a été retrouvé, tout seul, et rapporté au Bureau des Pleurs. Étonnamment, les parents de la propriétaire ont pris le soin d’inscrire le prénom et le nom de leur fille sur les oreilles du doudou. Sans succès, un bénévole a contacté toutes les familles homonymes de la région pour restituer la peluche. Une de ses collègues en fait une affaire personnelle. Étant mère, elle connait bien l’importance du doudou : “il y a une petite fille toute triste en ville. Un doudou, on y est attaché, ça ne se remplace pas. C’est personnel, c’est sale, et ça pue.”.

Katia Bayer

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