Sans les gants de Martin Razy

« Sans les gants », lauréat ce soir du Prix Beaumarchais au 29ème Festival Européen du Film Court de Brest, raconte l’histoire de Dylan, un garçon d’une quinzaine d’années, boxeur prometteur, amoureux d’une jeune fille de son quartier. Seulement, étant trop jeune, Daylan ne peut participer au championnat de boxe qu’il espérait et Samia, l’objet de son attention, le trouve « trop gamin ». La garçon va alors tâcher de grandir.

On pourrait assimiler ce court-métrage à un énième film sur le thème de la banlieue ou de l’adolescence, mais on se tromperait car Martin Razy propose une approche assez différente. En effet, la banlieue sert essentiellement de décor, le réalisateur ne se concentrant pas sur la façon d’y vivre.

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On est plus volontiers face à quatre espaces significatifs pour Dylan : la salle de boxe où il s’entraîne avec son coach, mi-conseiller mi-père et qui représente le lieu de la réflexion et de la rage ; son appartement, lieu intime où il entretient une relation très proche avec sa mère célibataire ; le parc où il croise et retrouve Samia, la nature étant synonyme de virginité ; et enfin, la banlieue ou plus exactement, le pied de son immeuble, qui symbolise pour lui l’âge adulte puisque les types traînent dehors, fument et se font respecter.

Pour traverser ces différents décors introduits par le beau plan-séquence du début du film qui suit le jeune garçon et survole son univers, le personnage de Dylan, interprété par le talentueux et précoce Zacharie Chasseriaud (vu dans « Les Géants »), est loin d’être cet adolescent boutonneux et rebelle qu’on voit souvent. Il est au contraire attachant et touchant. On ressent d’ailleurs très fortement à l’écran, la tendresse que porte le réalisateur pour son personnage principal et qu’il a trouvé en celui-ci le comédien complice parfait pour l’interpréter.

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Dans ce film, le personnage de Dylan est bien éduqué, serviable avec sa mère,  bon apprenti de boxe, timide avec les filles; il ne se laisse pas entraîner par les autres adolescents peu fréquentables du quartier, mais il n’est pas pour autant candide. Loin de là puisque c’est sa colère d’être trop jeune, trop petit, trop môme, qui va le pousser à devenir quelqu’un d’autre.

En se frottant à la vie de « grand », Dylan y trouve des avantages comme celui de taper enfin dans l’œil de Samia et d’être respecté, mais il se retrouve également confronté à l’aversion des adultes. Et alors que le film s’ouvre sur les mains de Dylan qui se prépare à mettre ses gants pour l’entraînement de boxe, il se ferme également sur les mains nues de l’adolescent, cette fois salies et blessées d’avoir grandi peut-être trop vite.

En réalisant « Sans les gants », Martin Razy signe un film sensible, au ton à la fois doux et grave, sur l’envie de grandir, le passage un peu trop rapide à l’âge adulte et une jeunesse en quête de repères. Le film, déjà repéré par notre équipe à Grenoble, est l’une des bonnes surprises de Brest.

Camille Monin

Article associé : l’interview de Martin Razy

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One thought on “Sans les gants de Martin Razy”

  1. Bonjour Martin
    Vous figurerez dans le chapitre »personnages célèbres de Seynod »de mon ouvrage »chronique de Seynod et des environs à travers les siècles » ». Le livre sortira début 2015.
    Félicitations pour votre prix au festival de Brest.
    Bien à vous.
    rené Boissier

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