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N comme Noir-soleil

Fiche technique

Synopsis : Suite à un tremblement de terre, le corps d’un homme est découvert dans la baie de Naples. Alors que Dino et sa fille Victoria se rendent en Italie pour un test ADN, le passé les rattrape.

Durée : 20′

Pays : France

Année : 2021

Réalisation : Marie Larrivé

Scénario : Marie Larrivé

Animation : Lucas Malbrun, Marion Auvin, Ambre Decruyenaere, Romane Granger, Cécile Ladaveze, Morgane Le Péchon, Jean Baptiste Peltier, Chloé Sorin

Son : Pierre Oberkampf

Montage : Vincent Tricon

Musique : Maël Oudin, Pierre Oberkampf

Voix : Marc Barbé, Clémence Quélennec, Olivia Corsini

Production : Eddy Production, Respiro Productions

Articles associés : la critique du film, l’interview de la réalisatrice

Noir-Soleil de Marie Larrivé

Avec Noir-Soleil, sélectionné à la Semaine de la Critique au festival de Cannes 2021, Marie Larrivé nous livre un premier film très réussi. Fidèle à son genre, le film noir, ce court-metrage a toute la densité d’un long. Il est aussi étonnant par sa poésie et la sensibilité de l’écriture et des dessins. Noir-Soleil est un polar fait tout en aquarelles de couleurs tendres. Tantôt écrasée par la lumière de la Campanie, tantôt noyée dans un passé sombre, l’image est intimiste et nous guide avec les personnages dans leur quête. Un père et sa fille sont réunis par des circonstances funestes lors d’un voyage en Italie, la découverte du corps du présupposé grand-père à la suite d’un tremblement de terre. Tous deux appelés par la police, ils se retrouvent pour se confronter à des tests ADN. C’est en vérité leur filiation qu’ils vont redécouvrir ensemble.

Dès l’ouverture, le Vésuve, plaie béante de la terre, annonce ainsi la couleur et crache une épaisse fumée noire. C’est le passé qui rejaillit des entrailles de la terre. Mais à Naples, on déverse sans vergogne du ciment sur une terre ancestrale. Dans ce paysage changeant, où l’Histoire est sans cesse recouverte par des nouvelles constructions, le père ne reconnaît plus son enfance. Il refuse avec mutisme l’enquête alors que sa fille, plus avide de tisser le lien familial, cherche à comprendre. Elle balade sur ce pays un regard inquisiteur. Dans un étrange face-à-face avec les statues d’un temple, les regards sont perçants mais scrutent le vide. Loin des vestiges grandioses et autres antiquités romaines, son enquête s’attarde plus sur les corps calcinés des brûlés de Pompéi. Ceux qui sont immobilisés dans leur dernier instant, arrachés à leur vie et immortalisés à jamais dans le silence. Ils lui rappellent le corps de son grand-père, remonté à la surface et figé dans le temps de sa disparition. Sans doute Marie Larrivé s’inspire-t-elle de Rossellini (cette scène fait écho à une autre scène de Voyage en Italie où un couple de pompéiens surpris par la lave dans un moment de tendresse saisit Ingrid Bergman). Les paysages sont les mêmes, ceux d’une terre emplie de morts ancestraux et conservés. On y retrouve aussi une certaine tendance aux non-dits. Le silence, utilisé comme nœud de l’action, empêche sans cesse les personnages de se retrouver.

Enfin, les confidences subitement révélées, jaillissent comme a jailli de la mer le corps d’un homme. Un père remonte à la surface et avec lui, tout ce qui a été passé sous silence. Il bouscule les mystères du passé mais peu à peu la parole se libère et rétablit le lien entre le père et la fille. Ce sont alors de nouveaux paysages que le père s’autorise à découvrir, ceux d’une Italie jeune et en vie. C’est aussi et surtout sa fille qu’il voit et qu’elle voit enfin. Lorsque les épais nuages noirs se découvrent, le soleil d’Italie, astre intraitable, révèle le monde tel qu’il est. Noir-Soleil raconte ce temps des changements, celui de la réconciliation avec le passé et de la reconstruction du futur.

Agathe Arnaud

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Article associé : l’interview de la réalisatrice

Diffusion Palmarès / 2ème Festival Format Court / Jeudi 23 septembre aux Ursulines !

Après avoir organisé notre deuxième festival sur la Toile en novembre passé et en prévision de notre troisième édition (23-28 novembre 2021), nous sommes ravis de vous annoncer que le palmarès de notre festival 2020 sera diffusé en intégralité le jeudi 23 septembre prochain au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Cette séance bénéficie du soutien de Wallonie-Bruxelles International.

Les 7 films primés par nos 2 jurys, professionnel et presse, seront tous diffusés le même soir, en présence des équipes et jurés. Il sont répartis en 2 séances, l’une à 18h30, l’autre à 20h30. Un pot de festival organisé au bar Les Ursulines, aura lieu à l’issue de la dernière séance. Rejoignez-nous !

18h30, séance 1, Durée : 67′

Machini de Frank Mukunday et Tétshim. Animation – 9’48 – Congo, Belgique – Picha, Twenty Nine Studio & production, Atelier Graphoui. Prix de la meilleure création sonore & Mention spéciale du jury presse

Par la force des choses et surtout des machines, nous sommes devenus des êtres somnambules, des damnés de la terre, des cobayes de l’histoire et de la machine.

Désirée de Eloïse Guimard. Animation – Fiction – 5’23’’ – France – Autoproduction. Mention spéciale Jury pro. En présence de la réalisatrice

À la fois portrait et autoportrait, ce film, sous l’aspect d’un documentaire animé, apporte un témoignage de la violence des secrets de famille et de leurs conséquences.

En faire le tour, Philippe Ulysse. Fiction – 30’ – France – GREC. Prix de l’image. En présence du réalisateur

Deux jeunes gens mènent une vie marginale dans une ville portuaire. Ils sont plus proches que ne le devraient être des frères et sœurs. Lui perçoit le monde à sa manière : saturée de couleurs et de sons qui floutent la réalité. Un jour, il aperçoit une jeune fille. Il l’observe. Ils se rencontrent.

Sole Mio de Maxime Roy. Fiction – 22’ – France – TS Productions. Prix du public & Prix d’interprétation pour Jackie Ewing. En présence de Jackie Ewing et Gall Gaspard

Daniel gère tant bien que mal le désespoir de sa mère restée sans nouvelles de son père. Quand ce dernier débarque chez lui à la veille de son opération pour devenir une femme, Lisa, il doit forcer son père à afin annoncer la vérité.


20h30, séance 2. Durée : 63′

Notre territoire de Mathieu Volpe. Documentaire – 21’07 – Belgique – Luna Blue Film, Gsara asbl. Prix de la presse, Mention spéciale du Jury pro. En présence du réalisateur

Quand je suis arrivé à Rignano, les habitants du Ghetto m’ont dit : « Il ne faut pas garder des images de nos vies dans ces maisons précaires. Tu ne dois pas montrer ce désespoir, il ne t’appartient pas». La misère du Ghetto, c’est la première chose que j’ai vue, la première chose que j’aurais voulu montrer.

L’aventure atomique de Loïc Barché. Fiction – 26’- France – Punchline Cinéma. Prix du scénario. En présence du réalisateur

Algérie, 1961. Alors que la France vient de faire exploser sa quatrième bombe atomique, un groupe de sept soldats est envoyé jusqu’au point d’impact afin d’y effectuer des prélèvements et des mesures de la radioactivité. Mais plus ils avancent, plus le Capitaine, un vétéran de guerre d’une cinquantaine d’années, se voit confronté aux paradoxes d’un monde qui change.

Genius Loci de Adrien Mérigeau. Animation -16’20 – France Kazak Productions. Grand prix & Prix d’interprétation pour Nadia Moussa. En présence du réalisateur et de Nadia Moussa

Reine, une jeune femme mystérieuse et mutique, déambule à travers une banlieue endormie et rencontre Rosie, sa voisine musicienne, qui l’aide à se libérer progressivement de l’emprise néfaste d’un esprit.

Infos pratiques

– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

– Tarif unique, réduit : 6,80 €/séance

– Réservations : soireesformatcourt@gmail.com

– Pour info, pour accéder au cinéma, il faudra se conformer aux règles sanitaires en vigueur (test négatif/antigénique de moins de 72h / certificat de vaccination / certificat de rétablissement)

Evénement Facebook : https://www.facebook.com/events/227724569176026

Manolis Mavris : “J’ai besoin de soulever des questions un peu plus profondes que ma vie”

Rencontré quelques temps après avoir remporté le Prix Canal+ du court-métrage à la Semaine de la Critique 2021, le jeune réalisateur grec Manolis Mavris revient sur son parcours et l’histoire de Brutalia, Days of Labour qu’on pourrait intituler “Douze refus puis Cannes”. Au cours de cette discussion, on retrouve chez lui les qualités de son film : drôle, observateur, curieux, engagé et profondément humaniste. Un réal à suivre.

Format Court : On a regardé votre très court métrage Skin ce matin et on a adoré ! Pouvez-vous nous en parler ? 

Manolis Mavris : Je considère Skin comme un film expérimental. C’est basé sur un cauchemar de ma mère. Elle m’a raconté être à un moment où le stade subconscient et la conscience se mélangent et durant lequel nous ne savons pas différencier la réalité du rêve. Elle se coupait la main, et les phalanges repoussaient. Puis elle a eu ce sursaut “: Attends, cela ne peut pas arriver. Si nous coupons un membre, cela ne peut pas repousser. Les choses restent comme elles sont, c’est définitif.” J’ai trouvé ce cauchemar extrêmement poétique. Alors j’ai écrit ce film avec une voix off qui simule notre voix interne, cogitant sur le sens de notre propre existence. Pour ce film, j’ai travaillé avec un danseur avec qui on a créé un univers qui donne l’impression d’atterrir dans un champ lunaire.

C’est déroutant parce que cela semble à la fois surréaliste et un peu étrange, en même temps si vrai. On pense directement aux monuments grecs. C’est très beau mais assez anxiogène.

M.M : Oui, le film a été tourné dans une carrière de marbre en Grèce. Les parois blanches sont ahurissantes. Je ne sais pas si je les décrirais comme bizarres, mais on a l’impression d’être sur une autre planète. Puis ce personnage apparaît et nous ne savons pas quels sont ses pouvoirs ou simplement ce qu’il va faire. Il perturbe cet environnement assez lisse. Mais pour être honnête, nous n’avions pas un récit aussi fort, nous ne sommes pas allés aussi loin dans le scénario. Mais j’ai toujours aimé ce film comme un simple projet. Pour moi, c’était une recherche importante avant Brutalia, Days of Labour. Je souhaitais approfondir la manière de visualiser l’essaim. Comment se déplace une masse ? Que pourrais-je en extraire ?

Et alors, quelle a été votre conclusion ?

M.M : Je pense qu’il y a encore un champ de recherche très important ! Au final, Brutalia est un mélange assez étrange de faux documentaire avec quelques parties musicales, avec une chorégraphie puis un thriller et une black comedy.

Finalement, ce mélange fonctionne bien…

M.M : Je n’en étais pas totalement sûr (rires) ! J’avais besoin d’un gros budget pour réaliser ce film. Il nous a fallu beaucoup de temps pour avoir les financements. Je pense que nous avons eu environ 12 refus. 12, c’est beaucoup !

Vous avez du coup collaboré avec de nombreux co-producteurs pour ce film…

M.M : Avion films est la société principale. Elle est basée à Athènes. C’est une société de production avec laquelle je collabore sur des films publicitaires. Je connais la productrice Annabelle Aronis depuis assez longtemps maintenant. Je savais qu’elle avait la capacité de comprendre cette production complexe et comment la réaliser. Ensuite, son équipe a été rejointe par Stathi Twins (Grèce, Royaume-Uni & USA) et Tarantula (Belgique).

Comme pour tout le monde, le défi a été de rassembler le budget. C’est pourquoi la concrétisation du film a pris si longtemps. J’ai travaillé sur Brutalia pendant presque trois ans et demi. Pour un court métrage, c’est long. Au début, j’étais presque certain que je n’irais pas au bout. Je n’ai jamais été aussi heureux que lorsque que nous avons finalisé le film. Je ne pensais même pas aux festivals à ce moment-là. Aujourd’hui, je suis très ému que le film ait été programmé à La Semaine et présenté pendant Cannes. Le Prix Canal+, c’est évidemment bouleversant. Je suis très content.

Les financements sont-ils la seule raison pour laquelle vous avez mis trois ans et demi pour faire ce film ?

M.M : Non, bien sûr. L’idée principale est née lorsque j’effectuais mon service militaire qui est obligatoire en Grèce. J’avais l’impression de vivre dans un pays différent, qui fonctionne avec des règles différentes. C’est comme une société parallèle. Nous étions tous enfermés dans un lieu dans lequel nous devions cohabiter, un univers uniquement masculin. J’ai écrit trois scripts pendant cette période. La plupart de mes amis ne voulaient pas s’enrôler. Pour moi, ça s’est révélé être un véritable terreau créatif.

C’est vrai que de nombreuses scènes dans Brutalia sont issues de défilés et de chorégraphies militaires.

M.M : J’ai toujours voulu écrire un film sur la Corée du Nord, sur la manière de décrire un groupe de personnes emprisonnées et piégées dans une zone géographique définie. Mais je ne voulais pas centrer toute l’histoire sur un sujet socio-politique spécifique. C’est pourquoi j’ai préféré m’appuyer sur l’organisation des abeilles. Et à partir de ce moment, l’idée est devenue universelle.

C’est cet élément qui est intéressant dans votre film. On comprend que c’est une critique sociétale. Mais c’est aussi une analyse assez fine des comportements individuels : la jalousie, l’envie… Nous jouons tous un rôle dans un système établi. Il y a une scène très troublante : le vol nuptial. C’est un épisode sexuel durant lequel la reine se fait féconder par les faux-bourdons. Mais à la fin de la scène, on ne sait pas comment définir l’acte : viol ou pas ? Souffre-t-elle ou retire-t-elle une certaine fierté d’avoir accompli ce que le protocole attend d’elle ?

M.M : Exactement. C’est le mot juste : le protocole. C’est ce qu’on attend d’elle. Elle y va donc volontairement. Est-ce facile ? Pas vraiment.

Son expression faciale la trompe, surtout ses yeux. On dirait que les regards jouent un rôle important dans votre film. On comprend souvent les émotions de vos personnages par cet intermédiaire, et de nombreux changements de plans s’enchaînent avec le mouvement des yeux. 

M.M : Je n’y ai jamais pensé de cette façon (rires). C’est un film observatoire : les abeilles font face à quelque chose de terrible. Elles ne prennent aucune position. Ce que j’aime dans ce film, c’est que tout le monde est piégé dans une prison personnelle. La reine gouverne évidemment tout, mais là encore, elle n’est pas libre car elle a besoin de donner naissance à des milliers de larves par jour. Tout est orchestré pour le bien commun. Le bien commun est l’unique but. Sous ce prisme, tout est possible. Les faux-bourdons veulent uniquement se reproduire, mais meurent juste après. Le véritable commentaire est : pourquoi le système militaire est-il encore un modèle pour nos sociétés ? C’est censé être un système parfait où tout fonctionne correctement, mais quid de la moralité ? A quel point l’identité personnelle doit-elle se conformer pour servir le bien commun ?

Dans Skin, il y a une réplique assez marquante : “I don’t want to see, I want to have a vision” (Je ne veux pas voir ; J’ai besoin d’avoir une vision). Dans Brutalia, Anna – le personnage principal qui est une nouvelle abeille – ne semble pas accepter tout cet orchestre. Elle semble, elle aussi, vouloir construire sa propre vision… Vous pourriez revenir sur ce concept ?

M.M : C’est assez vaste. Pour moi, ça signifie que si l’on caractérise spécifiquement les choses qui nous entourent, elles deviennent alors très condensées. C’est hyper réducteur et on perd la forme organique. Alors qu’en s’intéressant à une vision au sein d’un tout, cela ouvre l’esprit et on peut comprendre et accepter plus de choses.

Dans Brutalia, c’est finalement tout le contraire que vous dépeignez.

M.M : Je pense que les personnes qui regarderont ce film comprendront très vite où je veux en venir. Je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler. J’avais écrit une deuxième fin au cours de laquelle Anna prend pleinement part à l’organisation de la ruche. Mais finalement, je ne l’ai pas retenue car je la trouvais trop dure.  Ça fonctionne mieux avec la touche comique, car l’histoire s’inscrit ainsi à plusieurs niveaux. Par exemple, les faux-bourdons apparaissent de façon assez drôle. Un faux-bourdon chante une chanson, avec une voix lyrique, sur les arbres et leurs formes; et il les prie. Il trouve la beauté dans des choses très simples de la vie, et parfois ça fait aussi du bien d’en parler ! Je pense qu’en mélangeant différentes choses, je donne une perspective plus large sur cet univers qui n’est pas seulement sombre, mais aussi humoristique et charmant.

Tous les personnages ont l’air un peu absurdes, mais tous sont en fin de compte attachants.

M.M : On joue avec ça. Même avec les costumes. Pour la petite histoire, nous n’avions pas assez d’argent pour acheter les perruques des abeilles. Elles ne sont pas de très bonne qualité, et tout le monde peut le voir. Alors durant le tournage, on s’est dit que puisque c’était si évident qu’elles étaient fausses, on demanderait aux actrices de les retirer à un moment. Ça a donné lieu à la scène de la salle de bain durant laquelle Anna défait sa perruque. À ce moment, elle redevient humaine. Puis elle remet sa perruque et l’abeille refait surface. C’est cruel et à la fois pathétique.

On a d’ailleurs l’impression que le danger est davantage psychologique, pas totalement lié à une violence physique directe.

M.M : On voit tellement de violence dans les films que malheureusement on s’y habitue. Mais c’est vrai, dans Brutalia, c’est surtout une tension psychologique, donc c’est de la violence détournée. Certaines scènes sont évidentes : la lapidation et la scène de viol sont longues et très présentes. C’était d’ailleurs les scènes les plus difficiles à tourner à la fois par le sujet mais également techniquement car ce sont des plans de foule. Je n’avais pas l’expérience d’un plateau aussi massif. Mais finalement on s’en est pas trop mal sorti !

Et pendant la post-prod, vous avez beaucoup coupé ?

M.M : Non très peu car je storyboarde tout avant de tourner.

Vous laissez-vous une part d’improvisation ?

M.M : Je ne suis pas trop dans l’improvisation. C’est à la fois l’atout et l’inconvénient dans ma manière de travailler. Tout est prévu, je n’ai pas vraiment de surprise. En même temps, je n’aime pas vraiment les mauvaises surprises, donc ça m’arrange. Mais du coup, je ne me laisse pas l’opportunité d’avoir de belles surprises notamment au montage non plus. C’est souvent comme je le voulais dès le départ.

C’est peut-être lié à votre formation en graphisme et animation ? Vous n’avez pas envisagé d’en faire d’ailleurs ?

M.M : Au départ, je n’imaginais pas du tout ma carrière dans le cinéma. Je voulais devenir agent d’illustrateurs. J’ai suivi une formation artistique, et j’ai toujours dessiné. J’adore ça, c’est mon lieu de sécurité ! Tu te plonges dans le dessin et il n’y a personne autour, tu peux te concentrer à souhait. Mais à un moment, plus je dessinais, plus je travaillais, plus j’avais besoin d’approfondir le sujet. Non pas pour aller dans une autre direction, mais pour progresser encore plus et donner une autre ampleur à mon travail.

L’animation a été la deuxième étape. Je faisais une série de dessins, puis les compactais en une minute. Ça me donnait la possibilité de présenter pas mal de planches en une seule minute. Puis j’ai eu besoin d’ajouter une touche plus réelle. J’ai alors réalisé mon premier film Blue Train alors que j’étudiais la communication visuelle en Angleterre. Le projet de mon master est devenu un film, j’étais le seul de ma promo à avoir fait ce choix. J’avais vraiment envie de faire de nouvelles expériences et d’explorer ce médium.

Plus j’ai tourné, plus j’ai réduit la partie animée. Ça fait un bon moment que je n’ai pas dessiné, ça me manque un peu d’ailleurs ! J’ai perdu le côté “hand-on”. Maintenant, j’écris et je vois ce que ça donne, c’est plus ennuyant (rires) ! Mais j’ai le privilège de collaborer avec tous les métiers : la direction artistique, la pré-production, la mise en scène, le montage… Mes compétences et mon regard se nourrissent de tous ces métiers, de tous ces échanges : la lumière, le cadrage… Je développe différentes connaissances sur différents sujets qui se combinent directement, et je suis comblé ! J’adore tourner car il y a quelque chose de magique. Tout est possible. Ça semble toujours surréaliste d’avoir pu en faire mon métier, et je pense que c’est cette émotion qui pousse les gens à faire des films et du cinéma.

Comment voudriez-vous que les gens parlent de votre travail ?

M.M : Je n’ai pas vraiment de réponse à cette question. Au début, je faisais des films plus pour moi. Plus je progresse, plus j’ai envie de communiquer avec le public. La narration est super importante pour engager le spectateur même dans les courts-métrages. Si j’explore juste ma vie, ce n’est pas très intéressant. J’ai besoin de soulever des questions un peu plus profondes qui touchent à la société et à la politique. Mais ça doit être un truc de famille (rires) : mon père est analyste de la vie politique. C’est comme ça qu’il a rencontré ma mère. Je ne sais pas faire autrement. Par exemple, la scène de lapidation que j’ai filmé découle d’une histoire vraie qui s’est passée il y a quelques années en Grèce. L’homme s’appelait Zach, il a été roué de coups par la foule en plein centre d’Athènes. Il en est mort. Ses agresseurs ont compris qu’il fallait le tuer et faire justice, sans savoir quelles étaient les accusations à son encontre. Comment peut-on s’engager dans une telle brutalité sans demander et savoir ce qui s’est vraiment passé ? Ils se sont tous dit que c’est un voleur junkie, point. C’est une situation cauchemardesque mais pourtant bien réelle. Ça ne me laisse pas indifférent.

L’influence du groupe, c’est ce que vous décrivez dans le film à travers Anna. Elle hésite, mais finalement prend quand même part au groupe sans comprendre.

M.M : Anna est nouvelle dans la formation, alors elle y participe. Elle a déjà bien compris comment fonctionne la société, mais si elle sait qu’elle n’y trouvera pas vraiment sa place. Elle est en quelque sorte quand même poussée à participer, et elle devient vraiment violente. Elle trouve du plaisir dans la lapidation elle-même, mais à la fin, elle n’arrive plus à se détendre et à s’intégrer. Elle est très pessimiste.

Ce jeu entre violence extrême et ironie, c’est assez fin parce que vous ne sermonnez finalement personne. 

M.M : Non, parce que c’est quelque chose que je déteste bien que les spectateurs soient guidés dans la perception du bien et du mal. C’est un peu caché. Mais pour moi c’est encore trop évident. Dans mon prochain film, j’aimerais réussir à être totalement neutre.

Ce film se passera-t-il encore dans un monde parallèle ? 

M.M : Je pense parce que c’est ce que je préfère. Ça me donne beaucoup de liberté, ce n’est pas limité à un langage. Ça peut être n’importe où, n’importe qui. Je pense que ça n’empêche pas de réfléchir, bien au contraire. Ça me permet de rester vraiment libre dans l’histoire et de ne pas être bloqué à un moment donné.

Propos recueillis par Anne-Sophie Bertrand

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All crows in the world de Tang Yi

Dans All crows in the world, film de quatorze minutes qui a reçu cette année la Palme d’Or du court-métrage en sélection officielle à Cannes, la réalisatrice Tang Yi dépeint une jeunesse chinoise à la fois audacieuse et réservée qui questionne certaines pratiques sociales qui semblent redondantes et dépassées. C’est d’ailleurs de son histoire personnelle que la réalisatrice a puisé l’inspiration pour ce film, qui sous des allures de comédie laisse apparaître une évaluation plus acerbe du rapport aux relations et à la sexualité en Chine.

Zhao Shengnan, le personnage principal, est assis à la table d’un restaurant avec son amie, elle souhaite commander une soupe. Le restaurateur décline sa demande préférant aller passer du bon temps avec sa femme. Les deux amies ne manifestent pas un grand étonnement, le pari est pris : montre en main, leur moment ensemble ne durera pas plus de dix minutes. Elles ont raison, ça ne durera pas bien longtemps. L’acte sexuel est désacralisé. C’est aussi drôle que pathétique. L’homme aurait mieux fait de servir sa soupe. Mais ceci n’est que la mise en bouche.

Zhao est par la suite invitée par sa cousine de quelques années son aînée à une soirée business. A ce repas, assistent des hommes plus âgés, plus ou moins bon chic bon genre, du moins de ce qu’on veut bien en percevoir. Sa cousine l’invite à chanter une chanson traditionnelle et l’installe à la table. Elle la présente comme un petit joyau, meilleure école, enfant prodige. Elle reçoit de sa part un hóngbāo, une fameuse petite enveloppe rouge. L’homme qui préside la tablée réplique le don, appuyant son geste d’un proverbe taoïste “aussi rapide qu’un lapin, aussi calme qu’une vierge » (quick as a rabbit, quiet as a virgin), référant au fait que l’adolescente n’est pas mariée, de fait chaste. Les autres hommes font de même, la soirée donne lieu à une profusion d’offrandes et de compliments sur la beauté et l’horoscope de la jeune femme. Un homme à l’autre bout de la table, un peu pataud, met fin à cette situation en annonçant le plat.

Comme s’il s’agissait d’une transaction financière, on propose à l’adolescente la main d’un fils et l’opportunité de partir étudier aux Etats-Unis. La jeune femme ne décline pas directement l’offre mais admet que ses précédents petits amis non ni satisfaits ses résultats scolaires ni ses besoins sexuels. Stupéfaction. Tous se tournent vers le moine de la table. Pas vierge ? Apparemment tant que son horoscope est bon, ça passe. Un toast pour l’occasion. Il faut prendre son courage à deux mains, shot d’alcool, bienvenue dans le monde adulte, Zhao. Les sous-entendus et les mains baladeuses ne tardent pas à faire leur entrée. Les proverbes cités, les grands rêves et le comportement des hommes attablés sont forcés et exagérés aussi bien dans le fond que dans la forme. Difficile de les prendre au sérieux, pourtant tous deviennent effrayants.

C’est sous les néons d’un club de plaisir que l’on retrouve notre petite troupe. “Aujourd’hui, je suis l’homme le plus heureux du monde” s’exclame le chef de meute ayant choisi sa douce avant de se mettre à croasser de manière totalement inattendue, suivi par les autres. L’homme pataud que l’adolescente n’appréciait pas vraiment devient son refuge, mais lui se met à hurler tel un loup. Les corbeaux se retrouvent face au loup. On ne peut s’empêcher de faire le lien avec les croyances spirituelles de la Chine ancienne. C’est paradoxal et dérangeant comme les grands écarts entre réalité, humour et sarcasme qui occurrent tout au long de ce film. Face caméra silencieuse, l’adolescente se demande où elle a atterri, et nous aussi.

Les adultes vont poursuivre leur petites affaires, l’adolescente est remerciée. Elle reprend place à côté de l’homme qui la rassurait. Les rôles s’inversent, elle devient l’adulte face à cet individu qui ne semble pas totalement se fondre dans la masse. Puis retentit Disappointing de John Grant et le loup devient l’ange de sa soirée. Une sensibilité là aussi exacerbée, loin de tous les stéréotypes masculins. Les deux individus dansent ensemble une chorégraphie aussi risible qu’attachante qu’on a bien envie de reproduire dans notre salle de bain. Ils redeviennent des adolescents intrépides qui se jouent des adultes et de leurs jeux.

Retour au restaurant de départ. La soupe cette fois-ci servie. Comme si de rien n’était ? Pas vraiment. La fin de ce film laisse entrevoir de nouvelles possibilités et de nouvelles normes qui passent par le regard d’une jeunesse beaucoup plus mature et en marge du comportement de ses aînés.

Si le court-métrage de Tang Yi n’est pas révolutionnaire dans la forme, il a le mérite de faire passer un message clair par le biais de l’absurdité. De quoi patienter avant de voir ce que donnera dans le futur le long métrage adapté de All crows in the world, signé par WME grâce au succès de Cannes.

Anne-Sophie Bertrand

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Article associé : l’interview de la réalisatrice

A comme All crows in the world

Fiche technique

Synopsis : Une aventure nocturne pousse Shengnan, lycéenne de 18 ans, à faire son entrée dans le monde adulte.

Durée : 14′

Pays : Hong Kong

Année : 2021

Réalisation : Tang Yi

Scénario : Tang Yi

Image : Li Shiyu

Son : Qi Liu

Montage : J.Him Lee

Musique : Lemon Guo, Guyshawn Wong

Interprétation : Baohe Xue, Xuanyu Chen

Production : Fresh Wave, Hong Kong Arts Development Council

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Marie Larrivé. Le retour à la narration et à l’émotion

Après un passage par les lettres, les Arts Décoratifs et le clip, la réalisatrice et peintre Marie Larrivé signe un premier film professionnel marquant, Noir-Soleil, programmé à la dernière Semaine de la Critique. Lors de cet entretien effectué à Cannes, la jeune femme travaillant actuellement sur le prochain film de Claude Barras, évoque l’émotion, le père parti, la peinture, l’apprentissage et le désir de fiction. Rencontre.

Format Court : Quel est ton lien à l’animation ? Comment es-tu arrivée aux Arts-Déco ?

Marie Larrivé : Dès le lycée, j’ai eu envie de faire quelque chose de créatif, de transmettre des émotions par la fiction. Je n’avais pas d’idées très précises sur la manière de le faire, que ce soit par le cinéma ou le dessin par exemple. Ça s’est construit par hasard. J’ai commencé des études de lettres, j’ai rencontré une fille qui était aux Arts-Déco et ce qu’elle m’en a dit m’a donné envie de me lancer. À ce moment, j’avais perdu le désir de fiction, je faisais beaucoup d’analyses, je ne ressentais plus de plaisir face au roman. Du coup, ce côté libre et ludique que j’avais perdu dans la façon dont j’étudiais la littérature me faisait rêver.

J’ai eu très envie d’entrer dans cette école parce que ça offrait plein de possibilités mais je n’étais pas décidée sur ce que j’allais faire. Le secteur de l’animation m’a paru être celui où je pouvais expérimenter un peu de tout.

À l’école, j’ai fait des films plus expérimentaux. Le gros de mon secteur, c’était l’animation mais je faisais de la peinture à côté. J’aimais bien l’idée de ne pas me contraindre à une narration, de jouer plus avec la matière et la lumière. Depuis l’école, je me suis rendue compte que j’avais plus envie de revenir à la narration qui correspondait plus à mes études antérieures.

Les aspects visuel et narratif marchent assez bien dans ton film. Qu’est-ce qui s’est passé depuis ta sortie en 2013 ? Est-ce que le sujet de ton film réclamait du temps ?

M.L. : Quand je suis sortie, j’avais envie de faire beaucoup de choses très vite. On m’a proposé du clip, de la commande. Le clip, c’est pas mal parce que ça permet de réaliser rapidement, c’est une durée courte, maintenant, il y a des aides du CNC pour ce format. J’ai fait pas mal de clips, ça m’a aidée techniquement. Aux Arts-Déco, on n’apprend pas assez la technique du coup, on ne se sent pas assez légitime pour y aller, du coup, ça m’a décomplexée. Après avoir fait un certain nombre de choses courtes, je me suis dit que je pouvais prendre le temps pour faire un film long, je n’étais plus dans l’urgence de produire pour produire. J’avais besoin de prendre du temps pour écrire.

C’est quoi la limite du clip ?

M.L. : On ne peut pas aller au bout de son travail créatif. On reste toujours en surface par rapport à la narration. Même si y a une histoire, on est quand même limité par la musique. On essaye d’être cohérent avec le travail préexistant, on est au service du musicien mais on ne peut jamais aller jusqu’au bout et même le format de 3 minutes, c’est court. On doit quand même rester dans quelque chose de visuel et c’est dur de transmettre des vraies émotions. Il y a des frustrations qui donnent envie de faire un film quelques années plus tard !

Quel a été le point de départ de ton film ?

M.L. : À un moment, j’en ai eu marre du clip, je me suis remise à la peinture. J’ai fait toute une série « Eldorado » et je me suis dit qu’il y avait une histoire à raconter à travers les images de paysages idylliques du sud de l’Italie. À cette époque, un volcan qui commençait à gronder, il me semblait qu’il y avait une histoire à raconter. Je voulais aller plus loin, insérer de de la musique, transmettre une émotion plus précise que juste illustrer l’émergence d’une catastrophe. (…) Le film s’est construit dans le temps car l’écriture a été très longue. Au début, j’avais envie de retranscrire des émotions assez floues liées à des souvenirs de vacances et à des histoires familiales. Petit à petit, ça s’est entremêlé et au fil du temps, je me suis rendue compte que l’histoire traitait aussi d’hommes absents, qui s’étaient enfuis…J’ai fait beaucoup d’aller-retour entre des idées visuelles et la mélancolie. J’avais envie de raconter l’absence du père. (…) Je pense que Noir-Soleil comporte plusieurs couches : le film de genre, le film intimiste, le film très visuel,… .

Ton titre oppose la lumière et l’ombre, le tragique et l’idyllique, …

M.L. : Le titre, c’était un horizon d’écriture. Je me suis dit que j’allais essayer d’écrire autour de cette alternance. Je me suis un peu inspirée de vacances avec mes parents, en Italie. A 12 ans, à Palerme, on a visité les Catacombes des Capucins, c’est un endroit où des corps sont conservés, momifiés. Il y a une petite fille qui a l’air endormie. Ça m’avait fort marquée, ce côté sous-terre, dans l’ombre, mystérieux, ça ne m’a pas rebutée, je trouvais ça beau quelque part, je m’étais demandée quelle était l’histoire de cette petite fille. Ensuite, on remonte, il fait très chaud, c’est la vie. J’avais envie de raconter cette émotion-là.

Comment as-tu construit ton image ?

M.L. : Je suis retournée à Naples pour faire beaucoup de repérages. J’avais besoin de décors concrets, de savoir où mes personnages allaient, ce qu’ils faisaient. Je regarde énormément de peintures au quotidien, j’ai l’habitude de regarder les paysages par le biais de la peinture. J’ai articulé le film comme un carnet de voyage en peinture. J’aime partir sur des bases photo pour m’imprégner des lieux et garder la peinture pour plus tard, quitte à transformer ce que je dessine.

Quelles difficultés as-tu rencontrées sur ce film ?

M.L. : À la moitié du travail, j’ai senti que j’étais trop gentille avec les personnages. Je n’osais pas rendre le personnage du père dur. C’était ma première expérience d’écriture, malgré moi je voulais faire bien. Je souhaitais que quelque chose de positif ressorte du film, j’allais vers des trucs un peu clichés. J’ai dû lutter contre la tendance du happy end, de la conclusion trop fermée, j’ai dû apprendre à composer avec les dits et les non-dits.

Qu’est-ce qui t’intéresse dans la forme du court ?

M.L. : Ça permet d’aller au bout de ce qu’on veut visuellement parce qu’on n’a pas la contrainte d’un long-métrage où on doit faire davantage de sacrifices. C’est aussi une étape vers le long.

Qu’as-tu le sentiment d’avoir appris avec ce film ?

M.L. : Aux Arts-Déco, on a une vision assez conceptuelle de l’animation et du court-métrage mais on n’a pas vraiment de cours de scénario du coup, je ne me sentais pas capable de raconter une histoire. En travaillant, je me suis rendue compte que maintenant que j’en suis capable et que ça m’ouvre plein de portes.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : la critique du film

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Reprise Festival Format Court 2 à Bruxelles !

La rentrée s’annonce sympa pour Format Court. Notre 3ème festival est prévu du 23 au 28 novembre au Studio des Ursulines, à Paris (on y travaille). Avant cela, nous diffuserons le palmarès de notre 2ème édition (en ligne) le jeudi 23 septembre en salle à Paris, en présence des équipes et des jurés.

Fin août, notre 2ème édition sera déjà mise en avant puisque Short Screens, une association bruxelloise défendant avec enthousiasme le court sur grand écran depuis de nombreuses années, a choisi de programmer ses coups de cœur de notre dernière édition avec des courts métrages « primés, engagés, endiablés ». Cette belle séance aura lieu le vendredi 27 août à 21h30 dans le cadre du 3ème festival Shorts d’été, le mini festival organisé par Short Screens du 26 au 28 août 2021 au Cinéma Aventure, Galerie du Centre 57 (1000 Bruxelles).

Programmation

Danse macabre / Philip Jenner / Canada / 1940 / animation / 7’32. Issu du programme Lobster Films

Les défunts et les squelettes, sortis de terre, se livrent à de facétieux entrechats sur la musique de Camille Saint-Saëns, et se réjouissent de la terreur qu’ils inspirent.

Genius Loci / Adrien Merigeau / France / 2019 / animation / 16’20. Grand Prix Festival Format Court et Prix d’interprétation à Nadia Moussa

Une nuit, Reine, jeune personne solitaire, voit dans le chaos urbain un mouvement vivant et brillant, une sorte de guide.

Homesick / Koya Kamura / France, Japon / 2018 / fiction / 27’26. Compétition 2020.

Deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, Murai brave le danger et arpente la no-go zone afin de retrouver et rendre à leurs propriétaires, les objets de valeur laissés derrière eux pendant l’évacuation.

Machini / Frank Mukunday, Tétshim / Belgique / 2019 / docu-animation / 9’. Prix de la meilleure création sonore Festival Format Court 2020, Mention spéciale du jury presse

Par la force des choses et surtout de la machine, nous sommes devenus des êtres somnambules, privés de bon dieu, des damnés de la terre et par-dessus le marché les cobayes noirs de l’histoire.

Notre territoire / Mathieu Volpe / Belgique / 2019 / documentaire / 21’. Mention spéciale du jury et Prix de la presse Festival Format Court 2020. En présence du réalisateur

Le retour du réalisateur au pays de son enfance dans le sud de l’Italie, à la rencontre de ceux qui étaient absents de ses souvenirs : les migrants d’Afrique centrale, réunis pour la cueillette dans les plantations de tomates, loin des cartes postales.

Une soeur / Delphine Girard / Belgique / 2019 / fiction / 16′ /  Compétition 2020. En présence de la réalisatrice

Une nuit. Une voiture. Une femme en danger. Un appel.

En pratique

Projection : Coups de coeur Festival Format Court 2020, vendredi 27 août à 21h30 

Cinéma Aventure : Galerie du Centre 57 (1000 Bruxelles).

PAF : tarif plein : 9€, tarif réduit : 7€

Event Facebook : https://www.facebook.com/events/303106164889814/

B comme Brutalia, Days of Labour

Fiche technique

Synopsis : Des filles identiques, en tenue militaire, qui se tuent au travail. Une société matriarcale et oligarchique. Que se passerait-il si nous remplacions les abeilles par des humains ? Anna une abeille ouvrière, ne pouvant souscrire à la violence qui l’entoure, sera conduite à prendre une décision radicale.

Genre : Fiction

Durée : 26′

Pays : Grèce, Belgique

Année : 2021

Réalisation : Manolis Mavris

Scénario : Manolis Mavris

Image : Manu Tilinski

Son : Alexis Koukias

Montage : Thodoris Armaos

Musique : Panagiotis Melidis aka Larry Gus

Interprétation : Elsa Lekakou, Kora Karvouni, Chara Mata-Giannato

Production : Avion Films, Stathi Twins, Tarantula Belgique

Article associé : la critique du film, l’interview du réalisateur

Brutalia, Days of Labour de Manolis Mavris

Dans l’effervescence des films montrés au Festival de Cannes cette année, Brutalia, Days of Labour a particulièrement retenu notre attention. Présenté lors de la Semaine de la Critique 2021, ce court-métrage du réalisateur grec Manolis Mavris a d’ailleurs remporté le prix Canal +.

Il est difficile de classer le genre de Brutalia : film de genre, docu-fiction, surréalisme ou réalité poignante ? Dans ce court-métrage, Manolis Mavris nous emmène à la découverte d’une ruche dont on ne peut évaluer ni l’époque ni le lieu. Nous rentrons dans cet environnement au son des coups de pioche et du bruit – quelque peu anxiogène – d’un essaim. Anna est l’une des abeilles de la ruche. C’est elle que l’on suit pendant les 26 minutes du film. On la retrouve seule, souvent isolée dans son environnement ou simplement par la caméra. À certains moments, au contraire, elle est totalement emportée par la logique de groupe, exécutant ce que l’on attend d’elle, enfin plutôt de ce que l’on attend des abeilles de manière générale. La ruche est un régime matriarcal, régi par la Reine. Cette dernière est facilement identifiable : assez grande, les cheveux longs, elle est généralement vêtue d’habits d’apparat, majestueux. Elle a de nombreux pouvoirs, notamment celui de lire les pensées de ses « filles » et de les priver du droit de donner naissance.

Les abeilles, quant à elles, s’organisent hiérarchiquement autour de la reine. Elles portent des tenues militaires et des perruques noires avec une coupe au carré et une frange. De loin, il est impossible de les différencier. Elles sont standardisées. Et même de près, elles sont impassibles, concentrées sur les tâches qui leur sont confiées : servantes, bâtisseuses, nourrices, gardiennes ou glaneuses… La vie de chacune d’entre elles est d’ailleurs relative au nombre de tâches qui leur ont été confiées. Les faux-bourdons, eux, apparaissent oisifs et un peu patauds. Mais pareil, ils n’ont qu’une seule mission : être en bonne condition physique et mentale pour féconder la Reine. Ainsi, tous les protagonistes s’activent à la préservation de l’organisation de cette société. Après tout, comme l’explique la voix-off : “Chaque abeille est responsable de la vie sur la planète.”

Les plans de Manolis Mavris sont millimétrés et s’enchaînent à la perfection comme les ballets et les parades de ces abeilles. Ce qui est intéressant dans ce court-métrage, c’est que la satire est amenée par le biais du cadrage, de l’expression corporelle du personnage principal et de l’absurdité exagérée de certaines séquences. La musique joue d’ailleurs un rôle prépondérant dans ces dernières et renforce le côté risible de la situation – à l’instar des cartoons – comme par exemple Les Indes Galantes dans un moment de procession ou Hummelflug lors d’une compétition entre faux-bourdons. On ne peut pas s’empêcher de sourire de ces moments; ni à l’inverse de faire le rapprochement avec nos sociétés contemporaines. Cette empathie est permise par les gestes et réactions d’Anna qui, elle, semble beaucoup plus “humaine”. Malgré une volonté de se conformer au groupe, de répondre au protocole et aux règles, son regard et ses émotions la trahissent. Ses mouvements sont toujours en contretemps de ceux du groupe. Elle n’a pas le même tempo que ses semblables, passant du ralenti à l’accélération, à la lassitude et à la mélancolie ou au contraire à la violence orchestrée. Certaines scènes se révèlent désarmantes : les accouchements, l’élection de la nouvelle reine, la reproduction, la lapidation ou simplement le port des armes et de l’uniforme montrent une société dans laquelle il n’y pas de place pour la compassion et les sentiments, où tout n’est que masque et rôle. Une société dont l’extrême brutalité ne semble servir qu’au maintien d’un équilibre précaire. Mais jusqu’où peut-on le supporter ?

Brutalia, Days of Labour est assez remarquable par son esthétisme très léché, Manolis Mavris ne laissant aucun plan au hasard. Le récit – assez bien ficelé – permet de questionner de nombreux thèmes de société. Les ramifications sont intéressantes car implicites, ce qui laisse la totale possibilité au spectateur de mûrir une réflexion singulière par rapport à son propre vécu.

Anne-Sophie Bertrand

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Article associé : l’interview du réalisateur

L’Enfant salamandre de Théo Degen

C’est une légende : la salamandre ne résiste pas au feu, elle brûle comme tout autre amphibien et préfère même les zones humides à la chaleur. Pourtant, le garçon mi-homme mi-salamandre de L’Enfant salamandre brûle, lui, de vraies flammes. Le film de Théo Degen enflamme le nitrate de la pellicule pour nous transporter loin de notre monde.

Premier prix à la Cinéfondation qui récompense les films d’école depuis 1998 au Festival de Cannes, L’Enfant salamandre nous vient de Belgique et, plus précisément, de l’Insas où son réalisateur, Théo Degen, a fini ses études. Il nous livre un film comme un conte de fées, rempli de mystères et dont on ressort avec l’envie d’y croire encore. Le film nous emmène dans ce monde à la fois familier et lointain de l’enfance où l’on aime se raconter des histoires qui font peur ou qui rassurent. Celle-ci est à propos d’un enfant qui perd son père, il peut se transformer en salamandre et communiquer avec les morts à travers les flammes.

Dans L’Île aux songes, son précédent court-métrage, Théo Degen partait en voyage sur le rivage d’un territoire onirique et explorait avec malice l’étrangeté des rêves des enfants. Parfois amusant, parfois inquiétant, ce monde proche de nous mais étranger dérange et plaît. De la même façon, il situe son dernier film dans le village belge dont il est originaire. Habitant de notre monde, dans une banlieue pavillonnaire dont on reconnaît les paysages et la faune locale, l’enfant salamandre n’est pourtant pas tout à fait de chez nous et semble vivre dans un autre pays. Un pays imaginaire ? Un pays étrange au nôtre. Le film voyage dans un monde où il ne fait ni jour ni nuit, on y entre par la fenêtre (dans un travelling avant qui n’est pas sans rappeler celui du “no trepassing” de Citizen Kane). Notre héros est un traverseur, un voyageur des espaces. Il est comme Charon qui traverse la frontière entre le pays des morts et celui des vivants, à la seule différence que l’enfant salamandre ne voyage pas sur l’eau mais dans les flammes. Notre héros est aussi un métamorphe : un peu monstre, super-héros et magicien, pas tout à fait enfant ni adulte. Il a la sévérité des premiers qui croient en la magie et aux pouvoirs des rituels, il a la candeur des seconds qui veulent retrouver ceux qui sont partis. Le film nous raconte ce moment du deuil où les disparus ne sont pas encore complètement disparus. Le corbillard est encore garé devant la maison, pourtant papa est déjà dans l’au-delà.

L’enfant salamandre n’est pas le seul à posséder des pouvoirs magiques. Théo Degen se place dans la lignée des grands débuts du cinéma alors qu’il était un objet de prestidigitation, source d’émerveillements et d’inquiétudes. Le réalisateur belge ne se prive pas d’en utiliser sa magie : métamorphoses de l’image en ralenti, surimpressions et apparitions sont autant d’outils du fantastique. Théo Degen parvient à créer des images magiques, des images où tout est possible. Si une petite fille veut être Batman et veut disparaître dans un nuage de fumée, elle peut. C’est du cinéma et qu’est-ce que c’est réconfortant d’y croire.

Agathe Arnaud

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E comme L’enfant salamandre

Fiche technique

Synopsis : À 15 ans, Florian pense pouvoir communiquer avec les morts par l’intermédiaire du feu. Cette obsession en fait la risée de son village, perdu dans la campagne belge. Un jour, à force de s’entendre dire qu’il est un monstre, Florian en devient un.

Genre : Fiction

Durée : 26′

Pays : Belgique

Année : 2020

Réalisation : Théo Degen

Scénario : Théo Degen

Image : N’gare Falise

Son : Armance Durix

Montage : Laureline Maurer

Interprétation : Florian Villez, Elsa Blero, Vincent Villez, Alexandre Remson
Camille Mc Laferty, Tristan Melain

Production : INSAS

Article associé : la critique du film

Cannes 2021, les prix du court

Cannes, c’est fini. Julia Ducournau a remporté la Palme d’or avec Titane. Tout le monde ne le sait pas mais la jeune réalisatrice passée par la Fémis a réalisé un court, Junior, récompensé du Prix du petit rail d’or à la Semaine de la Critique 2011 et chroniqué sur Format Court il y a tout juste 10 ans (le temps passe vite).

Cannes, on ne le sait pas forcément, récompense en effet le court. Plusieurs prix ont ainsi été attribués à l’occasion de cette 60ème édition, à commencer par la Palme d’or du court attribuée elle aussi à une femme, Tang Yi, pour son film hongkongais : Tian Xia Wu Ya (Tous les Corbeaux du Monde).

Le Jury des courts et de la Cinéfondation a attribué une Mention Spéciale a une autre jeune femme, la réalisatrice et scénariste brésilienne Jasmin Tenucci ayant emmené à Cannes son Céu De Agosto (Le Ciel du Mois d’Août).

Côté Cinéfondation (la section dédiée aux films d’écoles ayant révélé une flopée de cinéastes intéressants), le palmarès a dévoilé 4 lauréats sur 17 inscrits.

Le Premier Prix a récompensé un jeune auteur belge, Théo Degen, diplômé de l’INSAS à Bruxelles.  L’Enfant Salamandre a touché le Jury et le public (critique à lire sur Format Court). Le deuxième Prix a été remis au film Cicada réalisé par Yoon Daewoen, un jeune cinéaste sud-coréen diplômé de la Korea National University of Arts.

Le Troisième Prix ex aequo est revenu à un film roumain Prin Oras Circula Scurte Povesti de Dragoste (Love Stories on the Move) de Carina-Gabriela Daşoveanu (UNATC) et à un film brésilien Cantareira signé Rodrigo Ribeyro (Academia Internacional de Cinema).

Côté Semaine de la Critique, le Prix Découverte Leitz Cine du court métrage été attribué à la réalisatrice chinoise Zou Jing pour son film Duo Li (Lili Alone). Le Prix Canal+ du court métrage est revenu quant à lui au réalisateur grec Manolis Mavris pour son film Brutalia, Days of Labour (Brutalia, jours de labeur).

On poursuit avec les prix parallèles. Le Jury de la Queer Palm, récompensant un long et un court traitant des thématiques LGBT, queer ou féministes, toutes sélections retenues, a choisi de récompenser deux courts-métrages au sein de la Cinéfondation : La Caida Del Vencejo de l’espagnol Gonzalo Quincoces, et Frida de l’Allemande Aleksandra Odic. Ce dernier film a également obtenu le tout nouveau prix Lights on Women, créé par L’Oréal Paris (dont le jury était présidé par Kate Winslet, l’unique jurée), récompensant la réalisatrice d’un court en compétition ou d’un film de la Cinéfondation.

#Cannes 2021

Cannes, c’est parti… Appâtés par le dévoilement progressif des affiches, des jurés, des sélections, l’impatience a grandi ces derniers jours. Ce soir, l’habituelle cérémonie d’ouverture sera suivie de la projection du très attendu Annette de Léos Carax. Cette comédie musicale risque de décoiffer plus d’un brushing des premiers rangs de la Croisette. Le choix du film pour la cérémonie de clôture est tout autant décoiffant, suite d’une série bien française de Nicolas Bedos, OSS 117 – Alerte rouge en Afrique noire. De quoi garantir une bonne rigolade à la française pour finir en beauté le 17 juillet. En effet, la comédie est au rendez-vous de cette 74ème édition du festival de Cannes, présidé par Spike Lee. Impossible de le rater sur l’affiche où l’éternelle casquette du réalisateur américain arbore fièrement la palme (photographie de Spike Lee avec l’autorisation de Bob Peterson & Nike, graphisme de Hartland Villa).

Si le festival choisit de s’ouvrir à un cinéma de valeurs sûres (Thierry Frémaux avait promis “un blockbuster” lors de la conférence de presse, faisait-il référence à OSS 117 ou au plus américain Fast and Furious 9 qui sera projeté au Cinéma de la plage ?), il n’oublie pas de s’engager auprès du cinéma indépendant. De nombreuses audaces sont à prévoir parmi les multiples sélections de la Compétition, de la Semaine de la Critique, d’un Certain Regard, de la Quinzaine ou encore de l’ACID. Cette année, une nouvelle sélection s’ajoute à la liste, “Le cinéma pour le climat” et montre que Cannes s’engage pour l’écologie. Une sélection de sept films traitant de l’environnement (parmi eux, La Croisade de Louis Garrel, Animal de Cyril Dion, I am so sorry de Zhao Liang) accompagne une série de mesures mises en place par le festival que chacun.es se devra de respecter. Le festival de Cannes prend du coup ses responsabilités quant à l’impact écologique d’un événement de son ampleur.

Tout ceci est plein de belles promesses dont nous ne manquerons pas de vous informer. On vous tiendra également prochainement au courant d’un nouvel événement cannois où tout le monde pourra prendre place, qu’il soit à Cannes ou à l’autre bout du monde. Un After Short Cannes 2021 se prépare et on vous espère nombreux 😉

Restez informés pour lire nos papiers sur Cannes :

La critique de All crows in the world de Tang Yi (Palme d’or 2021, Hong Kong) et l’interview de la réalisatrice

L’interview de Marie Larrivé, réalisatrice de Noir-Soleil (Semaine de la Critique, France) et la critique du film

La critique de Brutalia, Days of Labour de Manolis Mavris, Prix Canal + à la Semaine de la Critique (Grèce, Belgique) & l’interview du réalisateur

La critique de L’Enfant salamandre de Théo Degen, 1er prix à la Cinéfondation (Belgique)

Cannes 2021, les prix du court

Les courts en compétition officielle à Cannes 2021

Cinéfondation 2021, la sélection des films d’écoles

Semaine de la Critique, les courts sélectionnés

Quinzaine des Réalisateurs, les courts retenus

 

Le Festival PIAFF s’installe aux Ursulines ce weekend

Le PIAFF, le Paris International Animation Film Festival, se déroule ce weekend (les 2, 3 et 4 juillet) au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Plusieurs compétitions de courts y sont programmées ainsi qu’une avant-première, diffusée en clôture ce dimanche 5 juillet : Archipel de Félix Dufour-Laperrière, qui vient d’obtenir une Mention spéciale au dernier Festival d’Annecy. Pour info, ce cinéaste québécois talentueux interviewé sur notre site il y a quelques temps (10 ans en fait) a réalisé de nombreux courts. Et oui !

L’ambition du PIAFF (2F, ne nous trompons pas) par la voix d’Alexis Hunot, son directeur artistique ?  Inciter les spectateurs à « dialoguer avec des œuvres, des artistes du monde entier, de tous les âges, de tous les genres, de toutes les cultures ».

Côté courts, constituant la quasi totalité de la programmation de cette année, pas moins de 8 programmes sont proposés en compétition. Le PIAFF souhaite de cette manière honorer l’animation en reflétant dans ses programmes une diversité de genres et de styles. Le cinéma expérimental, les films d’écoles, les clips et un programme s’annonçant passionnant (« Horizons ») valorisant des cinématographies moins connues complètent la programmation de cette année. Foncez-y, piaffez-y !

Le programme se trouve ici.

Le site du festival est là. 

Cinéfondation 2021, la sélection des films d’écoles

Pour sa 24ème édition, la Sélection Cinéfondation du Festival de Cannes a invité cette année 17 réalisateurs : 8 femmes et 9 hommes. 13 fictions et 4 animations ont été choisies parmi les 1 835 courts métrages présentés par des écoles de cinéma du monde entier. Le jury attribuera les Prix de la Cinéfondation lors d’une cérémonie précédant la projection des films primés le jeudi 15 juillet en salle Buñuel.

Films d’écoles sélectionnés

Billy Boy de Sacha Amaral – Universidad Nacional de las Artes – Argentine

Prin oraș circulă scurte povești de dragoste de Carina-Gabriela Dasoveanu – UNATC « I. L. CARAGIALE » – Roumanie

L’Enfant salamandre de Théo Degen – INSAS – Belgique

Bestie wokół nas de Natalia Durszewicz – The Polish National Film School in Łódź – Pologne

Oyogeruneko de Huang Menglu – Musashino Art University – Japon

Other Half de Lina Kalcheva – NFTS – Royaume-Uni

Habikur de Mya Kaplan – The Steve Tisch School of Film & Television, Tel Aviv University – Israël

Bill and Joe Go Duck Hunting d’Auden Lincoln-Vogel – University of Iowa – Etats-Unis

Frida d’Aleksandra Odić – DFFB – Allemagne

Rudé Boty d’Anna Podskalská – FAMU – République Tchèque

La caída del vencejo de Gonzalo Quincoces – ESCAC – Espagne

Cantareira de Rodrigo Ribeyro – Academia Internacional de Cinema – Brésil

Fonica M-120 de Rudolf Olivér – SZFE – Hongrie

Frie Mænd d’Óskar Kristinn Vignisson – Den Danske Filmskole – Danemark

King Max d’Adèle Vincenti-Crasson – La Fémis – France

Saint Android de Lukas von Berg – Filmakademie Baden-Württemberg – Allemagne

Cicada de Yoon Daewoen – Korea National University of Arts – Corée du Sud

Les courts de Cannes 2021 / la compétition officielle

Voici les 10 films sélectionnés en compétition officielle à Cannes. L’un d’entre eux se verra attribué la Palme d’or du court métrage.

Le Jury des courts métrages et du concours des films d’écoles de la Cinéfondation est composé de Kaouther Ben Hania (réalisatrice, scénariste tunisienne), Tuva Novotny (réalisatrice, scénariste, actrice suédoise), Alice Winocour (réalisatrice, scénariste française), Sameh Alaa (réalisateur, producteur, scénariste égyptien, lauréat de la Palme d’or du court 2020), Carlos Muguiro (cinéaste, universitaire espagnol) et Nicolas Pariser (réalisateur, scénariste français).

La Compétition des courts métrages 2021 est composée de 10 films issus des pays suivants : Brésil, Danemark, Chine, France, Hong Kong, Iran, Portugal, et pour la première fois en sélection officielle le Kosovo et la Macédoine. Ces films présentés le 16 juillet 2021, concourent pour la Palme d’or du court métrage qui sera décernée lors de la Cérémonie de clôture du 74e Festival de Cannes, le samedi 17 juillet 2021.

Marija APCEVSKA – SEVEREN POL (PÔLE NORD) – 15’ – Macédoine

Samir KARAHODA – PA VEND (DÉPLACÉ) – 15’ – Kosovo

Casper KJELDSEN – DET ER I JORDEN – 14’ – Danemark

Mohammadreza MAYGHANI – ORTHODONTICS – 14’ – Iran

Adrian MOYSE DULLIN – HAUT LES COEURS – 15’ – France

Diogo SALGADO – NOITE TURVA (À TRAVERS LA BRUME) – 14’ – Portugal

Carlos SEGUNDO – SIDERAL – 15’ – Brésil, France

TANG Yi – ALL THE CROWS IN THE WORLD – 14’ – Hong Kong

Jasmin TENUCCI – CÉU DE AGOSTO (LE CIEL DU MOIS D’AOÛT) – 15’ – Brésil, États-Unis

WANG Lu – XUE YUN (ABSENCE) – 15’ – Chine

Sortie ce 9 juin de The Last Hillbilly de Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe !

Ce mercredi 9 juin 2021, est sorti en salles The Last Hillbilly, programmé à l’ACID Cannes 2020, produit par Films de force majeure et distribué par New Story. Ce documentaire, fait à quatre mains, est le premier long des réalisateurs Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe qui viennent tous deux du court-métrage.

Dans une Amérique délaissée, des hommes vivent là, à l’écart de tout, marginalisés et méchamment surnommés “hillbillies”. A contrario des préjugés, le film montre un “personnage” nuancé qui s’amuse des poncifs qu’on lui plaque sur le dos et un Kentucky onirique bercé par la conscience politique et poétique d’un péquenaud des collines. Dans ce vaste territoire, vide mais habité, se joue et se rejoue, à l’infini, les cérémonies de la vie et de la mort pour lutter contre l’ennui et l’abandon.

Ces personnages à l’identité troublée mais droits dans leurs bottes, on les connaît déjà dans l’œuvre de Diane Sara Bouzgarrou. Ses courts-métrages font souvent des portraits forts d’hommes ou de femmes brisés mais jamais vaincus. Dans le court-métrage Je ne me souviens de rien (Cinéma du réel, Etat généraux du film documentaire,…), elle se livrait sans censure dans sa lutte avec la maladie.

Quant à Thomas Jenkoe, il s’attache à analyser la fracture entre les hommes et leur territoire social et politique, des questionnements qu’il a pu évoquer dans son documentaire Souvenirs de la Géhenne (Cinéma du réel, Festival du cinéma de Brive, Côté Court, Rotterdam). Leur sensibilité cinématographique trouvent chez Brian Ritchie, le dernier des péquenauds du far west, une résonance forte et fait de The Last Hillbilly un film novateur et audacieux qui remue nos émotions et convictions à voir dès ce 9 juin en salles.

Bonne info, en plus  : les deux cinéastes participent à notre After Short consacré aux premiers longs-métrages le jeudi 17 juin prochain organisé de 19h à 21h sur Zoom !

Agathe Arnaud

Quinzaine des Réalisateurs 2021, les court sélectionnés

Après l’annonce de la composition des courts de la Semaine de la Critique 2021, voici celle de la Quinzaine des Réalisateurs. Côté longs, on est ravi de voir (re)venir à Cannes Jonas Carpignano, Yassine Qnia, Anaïs Volpé, Vincent Cardona, Rachel Lang, Jean-Gabriel Périot et Ely Dagher.

Courts en compétition

Anxious Body de Yoriko Mizushiri

El Espacio sideral (The Sidereal Space) de Sebastián Schjaer

Simone est partie (Simone Is Gone) de Mathilde Chavanne

Sycorax de Lois Patiño et Matías Piñeiro

The Parents’ Room (La Chambre des parents) de Diego Marcon

The Vandal d’Eddie Alcazar

The Windshield Wiper d’Alberto Mielgo

Train Again de Peter Tscherkassky

When Night Meets Dawn (Quand la Nuit rencontre l’Aube) d’Andreea Cristina Borțun

Semaine de la Critique 2021, les courts en compétition

Zou, c’est parti. La sélection des courts de la 60ème édition de la Semaine de la Critique 2021 est connue. Voici les films retenus par les critiques et diffusés en juillet à Cannes. La bonne info du jour : de nombreux réalisateurs présentant leurs longs viennent du court. Citons entre autres Clémence Meyer, Vincent Le Port, Charline Bourgeois-Tacquet, Samuel Theis, Simón Mesa Soto, Omar El Zohairy et Emmanuel Marre, Prix Format Court à  Brive 2017.

Compétition Courts Métrages

Brutalia, jours de labeur (Brutalia, Days of Labour) – Manolis Mavris (Grèce/Belgique)
Duo Li (Lili, toute seule/Lili Alone) – Zou Jing (Chine/Hong-Kong/Singapour)
Fang ke (An Invitation) – Hao Zhao et Yeung Tung (Chine)
Inherent – Nicolai G.H Johansen (Danemark)
Interfon 15 (Intercom 15) – Andrei Epure (Roumanie)
Ma Shelo Nishbar (If It Ain’t Broke) – Elinor Nechemya (Israël)
Noir-soleil – Marie Larrivé (France)
Safe – Ian Barling (États-Unis)
Soldat noir – Jimmy Laporal-Trésor (France)
Über Wasser (Hors de l’eau / On Solid Ground) – Jela Hasler (Suisse)

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