Tous les articles par Katia Bayer

M comme Muto

Fiche technique

Synopsis : Une animation ambiguë et surréaliste peinte sur des murs publics à Baden et à Buenos Aires.

Genre : Animation

Durée : 06’40 »

Pays : Italie

Année : 2008

Réalisation : Blu

Scénariste : Blu

Image : Blu

Montage : Blu

Animation : Blu

Musique : Andrea Martignoni

Production : Mercurio Film Cinematografica, Blu

Article associé : l’interview d’Andrea Martignoni

Andrea Martignoni : « Blu sait jouer avec le mouvement. C’est la chose la plus importante en animation, plus que la qualité des dessins »

Depuis « Muto », le graffeur Blu s’est fait une place de choix dans le paysage du court métrage d’animation international. Cette année, son film « Big Bang Big Boom » était en compétition labo à Clermont-Ferrand où il vient de remporter le Prix du Public. Vivant toujours plus dans l’esprit du graff que du cinéma, Blu souhaite conserver un certain anonymat. C’est donc avec son compositeur attitré, Andrea Martignoni, que cette interview a été réalisée.

andrea

Pour « Big Bang Big Boom », Blu a, comme à son habitude, fait beaucoup de choses seul (repérages des sites, prises de vue, réalisation des dessins…). Un des seuls postes qu’il délègue est le son. Comment est née cette collaboration entre vous ?

En fait, on s’est connus car on présentait tous les deux des travaux d’animation chez des amis qui ont une librairie et qui organisent des évènements culturels. On a fait connaissance là-bas et il m’a proposé de faire une trame sonore sans avoir vraiment de film à proposer. J’ai un peu arrangé des choses que j’avais déjà dans mon ordinateur, des musiques, des percussions, des sons d’ambiances… J’ai tout monté dans la nuit et je lui ai donné deux minutes trente de trame sonore le lendemain. Il m’a juste dit : “Mais c’est quoi ça ? Vous travaillez très vite”. Et puis, après quelques semaines, il a fait un film qui s’appelle « Fino » pour lequel, à l’époque, il ne travaillait pas encore l’animation de graff sur les murs.

Quelle était la technique utilisée ?

C’était du dessin sur papier et sur ordinateur. C’est un film très intéressant, très court et très joli selon moi. Il montre déjà sa capacité à jouer avec les dessins et son potentiel pour animer. Il sait jouer avec le mouvement. C’est la chose la plus importante en animation, plus que la qualité des dessins.

Depuis cette première collaboration, vous avez travaillé sur chacun de ses films ?

Après « Fino », il est allé de nouveau en Argentine pour tourner un documentaire qui s’appelle Megunica. A ce moment là, il avait commencé à faire une petite boucle d’images animées de quelques secondes sur un mur de Buenos Aires. Il me l’a montrée. J’étais complètement hébété, ravi, bouleversé… Je lui ai dit : « Tu vas devoir continuer à faire ça maintenant! ». Je fais de l’animation depuis longtemps et je n’avais jamais vu une chose semblable.

Il a poursuivi avec des petits travaux en boucle, notamment pendant le festival Fantoche et aussi à Berlin et à New York. Après ça, il lui restait un peu d’argent du documentaire. Il a alors décidé d’acheter un billet d’avion pour Buenos Aires pour aller faire « Muto ».

Là, il m’a demandé de faire la trame sonore. Quand il a terminé le film, j’ai commencé à travailler, après ça, il a fait Combo avec David Ellis et son compositeur. «Big Bang Big Boom », c’est le dernier travail en date. Pour ce film, on a travaillé un peu comme pour « Muto ». J’ai vu les choses au fur et à mesure qu’il les faisait. On s’est souvent croisés pour discuter du film.

Dans le film, on est au-delà de la simple illustration sonore. Le son donne ici du sens à l’image. Avez-vous travaillé ensemble tout au long du projet ?

Il m’avait dit avant « Muto » qu’il voulait une trame sonore qui aide le déroulement du film. Comme « Muto » n’était pas vraiment narratif, il voulait avoir quelque chose qui accompagnait beaucoup l’image. J’ai travaillé de la même façon pour « Big Bang Big Boom » car je pense que quand on travaille sur la durée avec un réalisateur, la trame sonore doit se construire également dans une certaine continuité. Et finalement le premier son qu’on entend dans « Big Bang Big Boom », c’est le dernier son de « Muto ». A l’identique, il y a plusieurs rappels sonores et visuels dans le film.

Comment naît un projet dans la tête de Blu ? Part-il plutôt du graff, de la trame narrative ou d’un lieu?

C’est un peu les trois choses à la fois, mais il y a une différence entre « Muto » et « Big Bang Big Boom ». Avec ce film, il est parti de la question de l’évolution pour arriver à la fin du monde et à l’homme guerrier.

En parallèle, il fait des dessins et cherche des murs. Pour « Big Bang Big Boom », il a travaillé dans plusieurs villes, il profitait d’invitations sur des festivals pour trouver de nouveaux lieux. Cela s’est par exemple produit pour la scène du pont : l’endroit l’a beaucoup inspiré. C’est aussi l’un des rares moments où ce n’est pas lui qui prend la photo car techniquement il était nécessaire que l’image soit prise d’un bateau pendant qu’il faisait le dessin.

Dans les films de Blu, on est souvent dans l’espace public. Comment fait-il pour peindre ? Demande-t-il des autorisations ?

La plupart du temps, il ne demande pas la permission. Quand il s’agit d’une commande, d’un festival par exemple, c’est bien entendu différent. De toutes façons, Blu travaille très vite, généralement les gens n’ont pas vraiment le temps de voir ce qui se passe. Et puis, il choisit des endroits où il ne va pas avoir trop de problème, sinon il s’en va.

Dans « Big Bang Big Boom », c’est la première fois qu’il joue avec les personnages réels. On voit par exemple furtivement une passante « soufflée » par un dinosaure dans son film. Va-t-il développer l’animation de personnages réels ?

C’était à Buenos Aires. Il a demandé à une amie danseuse de faire cette séquence. C’est assez drôle, l’interaction entre le monde réel et les graffs animés. Il est vrai que ces incursions du réel sont plus développées dans « Big Bang Big Boom » que dans « Muto » mais je ne sais pas s’il va continuer.

On sent qu’il joue aussi un peu plus avec les codes du cinéma…

Il travaille très bien sur l’animation mais il a une façon de travailler différente d’un point de vue artistique. Il fait du cinéma mais il n’est pas cinéaste.

Du point de vue de la diffusion, on n’est pas non plus dans un cheminement classique. Contrairement aux cinéastes classiques qui, en général, apprécient et souhaitent une large diffusion en salle, Blu exige une diffusion prioritaire sur le web. Pourquoi une telle volonté ?

Cela me semble assez normal car il fait du street art. Dans ce milieu, le principe est que tous ceux qui passent à côté de l’oeuvre la voit. Internet, c’est comme une grande métropole où tu peux rendre publique ton œuvre. Blu est vraiment préoccupé par la diffusion. Quand le film est terminé, la première chose à faire est que le film soit visible sur Internet.

Par exemple, pour « Big Bang Big Boom », le film était terminé à la fin du mois de juin. Je voulais l’envoyer à Postdam en juillet.. Le festival a accepté le film sans le voir car Blu ne voulait pas que j’envoie le dvd avant que le film ait pu être mis en ligne. Il n’a pas besoin d’une vitrine en festival car il a une visibilité très large sur Internet. Ses films ont un effet viral. « Muto » a été vu par huit millions d’internautes.

Des projets ?

On a parlé de quelque chose à mon retour à Bologne. Mais il est un peu fatigué après un an de travail sur « Big Bang Big Boom ». Ca lui a pris beaucoup de temps et d’énergie pour tourner dans les lieux qui l’intéressaient.

Qui est Blu ?

Un grand artiste.

Propos recueillis par Fanny Barrot

Consulter les fiches techniques de « Muto » et de « Big Bang Big Boom »

Article associé : la critique de « Big Bang Big Boom »

Festival de Clermont, le 33ème Palmarès

Compétition Internationale

Grand Prix : Kawalek Lata (Un bout d’été) de Marta Minorowicz (Pologne)

Prix Spécial du Jury : Los minutos, las horas (Les minutes, les heures) de Janaina Marques (Cuba, Brésil)

Mentions spéciales du Jury International : Diane Wellington de Arnaud des Pallières (France) et The wind is blowing on my street (Le vent souffle sur ma rue) de Saba Riazi (Iran, Etats-Unis)

Prix du Public : Suiker (Sucre) de Jeroen Annokkeé (Pays-Bas)

Prix du Meilleur Film d’Animation : Les journaux de Lipsett de Theodore Ushev (Canada)

Prix de la Jeunesse : La mina de oro (La mine d’or) – Jacques Bonnavent – Mexique

Prix Canal+ (ex æquo) : Bad Night for the blues (Sale nuit pour broyer du noir) de Chris Shepherd (Royaume-Uni) et Peaceforce de Peter Gornstein (Danemark)

Prix des Médiathèques : Yuri Lennon’s landing on Alpha 46 (On a marché sur Alpha 46) d’Anthony Vouardoux (Allemagne, Suisse)
____________________________________________________________________________________

Compétition Labo

Grand Prix : Night Mayor (Maire de la nuit) de Guy Maddin (Canada)

Prix Spécial du Jury : On the way to the sea (En allant vers la mer) de Tao Gu (Canada, Québec, Chine)

Mention spéciale du Jury Labo : The Eagleman Stag de Michael Please de Royaume-Uni

Prix du Public : Big Bang Big Boom de Blu (Italie)

Prix Canal+ : The External World (Le monde extérieur) de David O’Reilly (Allemagne)

Prix de la Presse Télérama : The Eagleman Stag de Michael Please (Royaume-Uni)

Mention spéciale du Jury Presse : All flowers in time de Jonathan Caouette (Canada, Québec, Etats-Unis)

____________________________________________

Compétition nationale

Grand Prix : Tremblay-en-France de Vincent Vizioz

Prix Spécial du Jury : La dame au chien de Damien Manivel

Mentions spéciales du Jury National

Aglaée de Rudi Rosenberg
Pandore de Virgil Vernier
Shadows of silence (Les ombres du silence) de Pradeepan Raveendran (France, Sri Lanka)
Le piano de Lévon Minasian (France, Arménie)

Prix du Public : L’accordeur d’Olivier Treiner

Prix de l’ACSE (Agence Nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances) : Un juego de ninos (Un jeu d’enfants) de Jacques Toulemonde Vidal (France, Colombie)

Prix de la meilleure musique originale (SACEM) : M’échapper de son regard de Chen Chen. Musique : Yan Volsy

Prix de la Meilleure Première Œuvre de Fiction (S.A.C.D.) : J’aurais pu être une pute de Baya Kasmi

Prix ADAMI d’interprétation : Meilleure comédienne : Géraldine Martineau dans Aglaée de Rudi Rosenberg

Prix ADAMI d’interprétation : Meilleur comédien : Florent Cheippe dans Hurlement d’un poisson de Sébastien Carfora

Prix du Meilleur Film d’Animation francophone (S.A.C.D.) ex aequo : Chroniques du pont de Hefang Wei (France) et Nuisible(s) de Hans Baldzuhn, Erick Hupin, Pierre Nahoum, Baptiste Ode, Philippe Puech (France)

Prix de la Jeunesse : L’accordeur d’Olivier Treiner

Mention spéciale du Jury Jeunes National : Diane Wellington d’Arnaud des Pallières

Prix Canal+ : Dr Nazi de Joan Chemla

Prix du Rire « Fernand Raynaud » : Suiker (Sucre) de Jeroen Annokkeé (Pays-Bas)

Prix Procirep du producteur de court métrage : Kazak Productions de Jean-Christophe Reymond

Félix Dufour-Laperrière. Le langage du non narratif, le cinéma de l’abstrait

Les films « abstraits » du Québécois Félix Dufour-Laperrière s’inscrivent parfaitement dans ce genre fugace, insaisissable et intriguant pour lequel est conçu la compétition Labo du festival de Clermont-Ferrand. Le réalisateur s’exprime sur son style hybride et multi-facette.

felix1

Quels facteurs et influences t’ont attiré vers le cinéma ?

Depuis mon plus jeune âge, le cinéma m’intéressait, mais de là, à en faire un métier, ça me semblait quelque chose de très distant et d’inaccessible. Lorsque j’ai déménagé à Montréal, j’ai découvert l’animation tchèque en tombant tout à fait par hasard sur un DVD de Svankmajer. Chris Marker a été une autre grande influence pour moi. « Sans Soleil » a changé ma vie. Ce film ouvre un spectre très large de sens et en même temps reste avant tout très touchant. Par ailleurs, la Cinémathèque de Montréal programmait chaque semaine des courts métrages donc j’ai vite été familier avec ce format et de fil en aiguille, j’ai réalisé mon premier court métrage.

Je suis rentré dans le cinéma expérimental par le biais de l’animation, que j’ai étudiée aux Beaux-Arts. Mais j’ai fait mes études secondaire en sciences, plus précisément en physique. Cet aspect de ma formation se voit également dans mes films. Faire de belles choses sur la base des mathématiques, c’est stimulant pour ceux qui ont le plaisir de l’abstraction.

Tu as présenté « M » à Clermont-Ferrand l’an dernier. Et « Rosa Rosa » l’année d’avant. Qu’est-ce que tu avais fait comme films avant ?

Lorsque j’étais encore étudiant, j’ai réalisé deux films que je n’ai jamais présentés dans la catégorie films d’écoles mais toujours comme des films professionnels. Puis, j’ai fait un film indépendant qui a bien marché, et deux films en France avec Arte : « Variations sur Marilou » et « Rosa Rosa ». C’était dans le cadre de deux résidences en région Centre à Centre Images et une chez Folimage, dans la Drôme à Valence. Au bout d’un an en France, je suis retourné au Québec . C’est alors que j’ai décidé de réaliser « M », grâce à une bourse que j’ai reçue du Conseil des Arts de Québec. « M » est un projet personnel, j’ai presque tout fait moi-même. Mon frère, qui est élécro-acousticien, a fait le son (comme dans « Strips » d’ailleurs). Ça me détend de faire de tels films, même s’ils représentent beaucoup de travail. On produit des formes en suivant quelques dispositions. J’ai commencé avec des structures les plus simples et puis j’ai eu l’idée de travailler avec des additions et des soustractions. La technique est plutôt hybride : j’ai numérisé et scanné des dessins au crayon et je les ai réimprimés et retravaillés dans After Effects. C’est ce qui donne à l’image son grain un peu flou. Je trouve que cette technique permet d’atteindre des complexités impossibles avec seul le crayon sur papier. Et à l’arrivée, ça reste très léger.

Sur le plan de la technique, tu explores plein de choses différentes. Est-ce que tu viserais un style particulier qui te définirait ?

Non, je préfère le plaisir de fabriquer des objets qui sont chaque fois un peu différents et l’idée d’aborder des défis techniques renouvelés. Un autre élément qui explique mon envie de changer de technique, c’est que j’ai commencé a dessiner seulement à 18-19 ans, donc techniquement j’ai eu du retard par rapport à mes collègues des Beaux-Arts. J’ai toujours privilégié les techniques alternatives qui camouflent un peu mes carences. Et puis travailler d’une seule manière devient vite laborieux, du coup, je me suis essayé à des techniques aussi diverses que le dessin sur papier, la gravure sur bois, les images d’archives et le found footage, les photographies animées, etc.

« Strips », en compétition cette année à Clermont-Ferrand, est-il un film de commande ?

« Strips » a été fait dans le cadre d’une exposition dédiée aux Painters 11. Il s’agit d’un groupe de peintres canadiens qui travaillaient dans l’art abstrait au début des années 50 en Ontario. La Toronto Animated Image Society a organisé cette expo et a demandé à 11 cinéastes de faire 11 films animés en lien avec un peintre. Moi j’ai été jumelé avec un peintre qui s’appelle Jack Bush. Il a fait des toiles très simples avec des couleurs presque primaires, ce qui donne à son oeuvre un côté très ludique. Un de ses tableaux m’a beaucoup plu : Stripes to the Right. C’est un fond beige avec une bande rouge et une bande bleue qui a été la base de « Strips ». Ensuite, j’ai trouvé dans le domaine public de vieilles images d’archive d’un striptease des années 30. Je les ai découpées numériquement en bandelettes et j’ai commencé à faire des petits assemblages numériques, en faisant des allers-retours numériques, un peu comme avec « M ».`

Pour la fiction et l’expérimental, la démarche doit être fort différente. Est-ce aussi facile pour toi d’écrire un scénario que de concevoir un film plus abstrait ?

Je viens de terminer un film de fiction, que j’ai co-réalisé et coécrit avec ma compagne, Marie-Eve Juste. C’est un court en live action, avec des acteurs non professionnels : une femme de 85 ans et une autre de 35 ans. Il y a des segments de fiction pure entremêlés avec des images documentaires d’incendies lors de la canicule de Montréal, d’ailleurs, le film s’appelle « Canicule ». « Rosa Rosa » était déjà une fiction, avec un récit narratif et une voix-off. Mais dans « Canicule », le récit est assez fragmenté et la narration est plus légère.

À certains égards, il y a des grandes différences entre les deux démarches. A priori, la forme est soumise aux exigences du récit. Mais pour moi tous les films partent d’un point de vue formel, et d’une envie de regarder, de faire voir ou de faire entendre quelque chose d’une certaine manière. Et il en va de même pour mes films narratifs. Pour « Canicules », on avait envie de plans assez longs. On a essayé de faire exister des personnages, de leur faire faire ce qu’on a écrit, devant une caméra fixe et une mise en scène très simple. Donc quelque part, c’est aussi né d’un point de vue formel.

Qu’est-ce qui t’attire dans le non narratif ?

Je pourrais te donner une belle réponse très intellectuelle mais je vais être honnête. C’est le plaisir de fabriquer et de travailler ce genre d’images. Ça me vient le plus naturellement, de faire des films dans lesquels l’image est autonome. Il n’y a pas de sens à l’extérieur du film. Comme dans « M » par exemple, le film se déploie et se referme, c’est agréable. Cela dit, j’ai quand même adoré tourner avec des acteurs. Donc je suis aussi très sensible à la fiction, surtout à la fiction alternative. J’ai toujours été attiré par un cinéma de recherche, dans lequel le montage, la juxtaposition de certaines choses, permet de produire des idées et un sens qui n’est pas tout à fait exact comme un discours écrit pourrait l’être.

Propos recueillis par Adi Chesson

Article associé : la critique de « M »

Hurlement d’un Poisson de Sébastien Carfora

Ce film était en 2010 au programme de nombreux festivals en France et à l’étranger, au passage, il y a séduit quelques jurys, notamment pour l’interprétation offerte par Florent Cheippe du personnage de Julien. En ce début d’année 2011, ce petit chef d’œuvre est en compétition nationale à Clermont-Ferrand.

« Hurlement d’un Poisson » est le premier film de Sébastien Carfora. C’est l’histoire de Julien, un jeune poète qui débute sa vie active dans un centre de sondage téléphonique. Le film a été projeté en octobre dernier au festival Paris Court Devant et a remporté le Prix du Public. Le film avait de quoi séduire les cinéphiles de la salle parisienne qui accueillait le festival, Le Cinéma des Cinéastes. Les spectateurs, étant eux-mêmes de potentiels poètes, ont retrouvé dans ce film le métro et la froideur de ses usagers, refermés sur eux-mêmes, dans leur bulle, la tête prise entre leurs écouteurs, possédant chacun leur univers propre.

hurlement-poisson

Julien regarde les visages de ceux qui, comme lui, attendent sur le quai de métro. Il perçoit alors les larmes qui coulent sous les masques durs et froids de ses semblables. Persuadé que tout le monde est capable de sensibilité, il se met à l’œuvre. Pendant ses heures de travail alimentaire, entre deux questions sur la satisfaction ou la non-satisfaction de ses interlocuteurs téléphoniques, il insère un passage de l’un de ses ouvrages littéraires préférés, éveillant ainsi les émotions qui sommeillent, cachées au fond des âmes. Dans un monde de profit, où les interlocuteurs sont des clients, satisfaits ou insatisfaits, Julien parviendra-t-il à faire entendre son cri au travers du bocal de ses voisins ?

Même si l’ensemble reste sobre, le réalisateur fait preuve d’efficacité dans le traitement de son sujet en n’hésitant pas à grossir volontairement le trait. Grâce à la richesse de la mise en scène et à une direction d’acteur en tout point impeccable, les personnages, à l’exception de Julien, ou presque, semblent tous sortis d’un moule, formatés pour ne laisser paraître aucune humanité. Le résultat relève parfois davantage de l’hyperbole que du réalisme – le propos du film n’en est que mieux perçu – pourtant c’est bien notre monde qu’avec justesse et lucidité Sébastien Carfora dépeint.

Rémy Weber

Consulter la fiche technique du film

« Hurlement d’un Poisson » de Sébastien Carfora est programmé au Festival de Clermont-Ferrand dans le cadre du programme F10

C comme Cuisine

Fiche technique

Synopsis : Quel rapport y a-t-il entre une banane et votre champ de vision ? Comment une boîte de camembert peut-elle modifier votre perception du réel ?

Genre : Expérimental

Pays : France

Année : 2007

Durée : 04’10 »

Réalisation, scénario, image, montage, son, musique, animation, interprétation : François Vogel

Production : Paranoid Projects

Article associé : l’interview de François Vogel

François Vogel : « Tout petit, je regardais le reflet sur la robinetterie. J’ai toujours trouvé fascinant de voir les images qui se déforment »

François Vogel a réalisé une vingtaine de films expérimentaux. Manipulateur d’images qu’il aime tordre et déformer, François Vogel joue avec la perception visuelle dans des univers poétique toujours surprenants. Son dernier film « Terrains Glissants » est en compétition dans la sélection nationale du 33ème Festival du court métrage de Clermont-Ferrand.

vogel

© XG

Pourquoi avez-vous choisi de traiter votre film, « Terrains Glissants », sous la forme d’un road-movie ?

Je travaille dans la publicité, ce qui m’amène à beaucoup voyager. Pendant quatre ans, j’ai emmené avec moi mon propre matériel de tournage et j’ai filmé, au hasard des lieux, des petites scènes avec cette idée de les réunir dans un film sans être certain de la forme que ça allait prendre. Je travaille de façon spontanée, les idées de tournage me viennent sur les lieux où je me trouve. Je me promène, je cogite, et l’inspiration me vient.

Comment se fait-il que vous travaillez quasiment tout seul ?

Le côté artistique pur et dur fait que dans mon travail, je fonctionne plus comme un artisan que comme un chef d’équipe, par opposition au cinéma qui réunit des équipes nombreuses. Là, c’est une autre dynamique, c’est plus spontanée. J’ai une idée, je filme là où je suis, je n’ai pas besoin d’ajouter de la lumière. Il y a un côté brut, et un côté retravaillé puisque les images subissent beaucoup de travail en post-production.

Vous vous mettez également souvent en scène. Pour quelle raison ?

C’est plus simple de me filmer moi-même, car je n’aurais pas pu demander à un acteur de me suivre pendant quatre ans pour faire mon dernier film. C’est d’ailleurs pour cela qu’avec mon monteur François Colou, nous avons trouvé plus drôle et plus logique que ce soit moi qui m’occupe également de la voix.

Comment envisagez-vous vos scénarios en amont ?

Dans mes films, il n’y a pas l’idée classique du personnage qu’on suit, donc il n’y a pas de scénario à proprement parlé. J’aime bien faire une sorte de rapprochement avec la littérature car souvent dans le cinéma, on distingue le court métrage et le long métrage, comme on distingue la nouvelle et le roman en littérature. Dans cette distinction, on oublie souvent la poésie. Je suis plus dans le domaine de la poésie, avec une construction, des rythmes, des rimes, un début et une fin, mais pas forcément un personnage qui vit des aventures tout au long d’une histoire.

Dans « Terrains Glissants », votre fil conducteur tourne autour des questions écologiques…

L’idée de départ de « Terrains Glissants » vient d’un court métrage que j’ai fait précédemment. Il s’agissait de considérer les déchets comme des astres en les faisant graviter autour de la caméra comme si elle devenait le centre du monde. Ce film est devenu « Cuisine » mais il ne parle finalement plus du tout de cela. Avec « Terrains Glissants », j’ai repris cette idée d’astre et de gravitation.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans la perception visuelle ? Comment l’intégrez-vous dans vos films ?

J’ai toujours été intéressé par la manière dont l’espace est perçu dans l’oeil et devient une image. Tout petit, je regardais le reflet sur la robinetterie. J’ai toujours trouvé fascinant de voir les images qui se déforment. Je m’intéresse beaucoup au rapport à l’image, à une représentation presque mathématique du monde.

Quelle a été votre technique de prise de vue sur le film ?

« Terrains Glissants » à été fait avec un appareil photo qui photographie le reflet de l’espace sur des boules chromées tel que des boules de noël, des ampoules chromées ou des miroirs de surveillance. Ces images déformées donnent une vision panoramique de presque 360°.

Pour la scène de la chambre d’hôtel à New York, j’ai fixé un miroir de surveillance dans un coin de la chambre, puis j’ai photographié en time-lapse, à l’aide de l’intervallomètre. J’ai fait des séquences de prise de vue toutes les dix secondes en réglant l’appareil sur trois expositions différentes, ensuite j’ai laissé tourner pendant 48 heures. Après le tournage, j’ai projeté ces images dans l’espace virtuel de l’ordinateur et je les ai filmés une seconde fois avec une espèce de caméra virtuelle que je modélise en 3D. Quand j’étais plus jeune, je faisais des sténopés. Je fabriquais des appareils photo en expérimentant sur le négatif, en le tordant, en le froissant, en le pliant. Maintenant, je bricole toujours l’appareil photo, mais dans l’ordinateur.

Comment avez-vous abordé l’aspect sonore du film ?

La bande son n’est pas venue tout de suite. J’avais l’idée de cette ambiance métronomique, et au début, je voulais créer comme un orchestre de voix qui se répondaient en mesurant les unité de temps, d’objets, ou de lieux. Finalement, on n’a conservé que trois voix. Pour la musique, je travaille souvent avec Alain Cure qui a fait la musique de « Stretching », des « Trois petits chats » et « Des crabes ». Pour « Terrains Glissants », nous avons essayé de travailler ensemble mais nous n’avions pas la même vision du film au niveau de la bande son. J’ai finalement utilisé une musique existante de John Cage, et j’ai fait moi-même les autres parties.

Quels sont vos projets actuels ?

J’ai encore pas mal de projets de courts métrages, mais je n’ai pas encore pu les travailler. Le temps me manque.

Propos recueillis par Xavier Gourdet

Article associé : la critique du film

Consulter les fiches techniques de « Terrains Glissants » et de « Cuisine »

H comme un Hurlement d’un poisson

Fiche technique

hurlement-poisson1

Synopsis : Julien est poète. Il affronte aujourd’hui sa première journée de travail dans un centre de sondages téléphoniques.

Genre : Fiction

Durée : 19’48 »

Pays : France

Année : 2010

Réalisation : Sébastien Carfora

Scénario : Sébastien Carfora

Image : Sylvain Rodriguez

Son : Nicolas Berger, Mathieu Villien

Montage : Stefano Cravero

Décors : Sébastien Birchler

Interprétation : Chloé Berthier, Camille de Sablet, Florent Cheippe

Production : La Luna Productions

Article associé : la critique du film

S comme Storyteller

Fiche technique

storyteller

Synopsis : STORYTELLER puise dans le répertoire d’images de l’horizon urbain pour en recomposer les images en y introduisant un effet miroir, générant ainsi un paysage artificiel lissé qui évoque la science-fiction.

Genre : Expérimental

Pays : Belgique

Année : 2010

Durée : 8′

Réalisation : Nicolas Provost

Scénario :  Nicolas Provost

Directeur photographie : Nicolas Provost

Montage : Nicolas Provost

Animation : Nicolas Provost

Montage Son : Nicolas Provost

Production : Nicolas Provost

Articles associés : la critique du film, l’interview de Nicolas Provost

Storyteller de Nicolas Provost

Star belge du court métrage expérimental, Nicolas Provost a été très prolifique en 2010. Trois films réalisés (“Stardust”, “ Storyteller”, “Long Live The New Flesh”), autant d’objets difficiles à identifier, tous différents mais représentatifs d’un réalisateur qui questionne en permanence le cinéma.

Avec « Storyteller », Nicolas Provost revient à ses premières amours, l’emploi de l’effet miroir. Cette technique, plusieurs fois expérimentée par le réalisateur dans ses œuvres les plus courtes, est utilisée pour nourrir une proposition cinématographique simple : se saisir d’un sujet clairement identifié (ici Las Vegas), le déconstruire pour le transformer en un objet artistique autonome, extrait de son contexte naturel.

storyteller1

Cliquer sur l’image pour voir le film dans son intégralité

Selon cette règle, le film s’articule autour de la ville lumière. L’espace urbain est ici contorsionné, découpé, recomposé. La ville foisonnante et artificielle devient, grâce à ce procédé, l’expression de la poésie de Nicolas Provost. Tout son talent de plasticien s’exprime dans ce court métrage. Il s’amuse avec les images qui deviennent des “matériaux à sculpter.” Les bâtiments monumentaux de Vegas deviennent alors les notes d’une partition visuelle. Ils s’agglomèrent, se fondent littéralement les uns dans les autres et donnent naissance à des formes hypnotiques.

Selon ses propres dires, Provost est parti d’une vision fantasmée de la ville et a travaillé les prises de vues aériennes pour les modeler tels des bijoux. « Storyteller » est une belle composition poétique silencieuse dans laquelle Provost nous offre une fois encore une expérience sensorielle rare. Par la dissolution du lien entre image et son, le film développe une dimension méditative peu commune dans les salles. Le cinéma a toujours évité le silence, Provost ose le mettre au cœur d’une œuvre.

Fanny Barrot

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Nicolas Provost

Festival du Film Nikon à Clermont-Ferrand : Nikon nous fait du cinéma

Le Festival du Film Nikon profite d’une programmation inédite du 33ème Festival du court métrage de Clermont-Ferrand pour dévoiler aujourd’hui le Prix du Jury de son concours vidéo.

Fin 2010, Nikon ouvre un site internet où les vidéastes sont invités à créer et à mettre en ligne des films HD sur le thème de “Je suis un héros” dans la limite des 140 secondes. Un jury prestigieux composé de Jean-Baptiste Morain, Monsieur Lâm, Michel Abramowicz, Eric Wojcik, et présidé par François Ozon, clôt le concours en présentant les dix films finalistes lors d’une séance spéciale du Festival de Clermont-Ferrand. Le Prix du Public, lui, a déjà été décerné à “Je suis ton héroïne” de Pierre André Le Leuch.

Au total, plus de 300 films amateurs et semi-professionnels participent à cette compétion, témoignant que la créativité vidéo en France se porte bien, et que le positionnement de Nikon sur le marché des appareils photo/vidéo à grand capteur est judicieux. Pour inaugurer le dernier modèle de sa gamme, l’opération marketing est d’envergure mondiale, et un concours similaire est organisé aux Etats-Unis. Mais la version française retient l’attention, car en apportant une réponse technologique et stratégique aux offensives de la concurrence, la célèbre marque japonaise parvient également à associer son nom à celui du cinéma. L’objectif est clair, Nikon repositionne son image en insistant sur les performances vidéos de son dernier produit.

Finalement, c’est bien le dernier épisode d’une bataille technologique et commerciale qui se joue dans une des salles obscures du Festival de Clermont-Ferrand à l’occasion de ce programme spéciale, celle du passage obligé de l’argentique au numérique. Le public cinéphile, lui, pourra toujours choisir d’autres séances.

Xavier Gourdet

Le site du Festival : www.festivalnikon.fr

DVD Blandine Lenoir : Etre femme

Blandine Lenoir est à Clermont-Ferrand pour présenter « Monsieur l’Abbé » en compétition nationale. L’occasion pour nous de revenir sur sa filmographie éditée par la maison d’édition Come and See. Le DVD « Etre femme » présente cinq de ses films plus un bonus. Des portraits de femmes d’aujourd’hui.



Pas de pitié

Aux pays des petites filles, les poupées Betties, sont reines. Dans la classe, elles sont nombreuses à en posséder, elles forment un groupe uni et solidaire. Seulement, Layla, elle, n’est pas assez blonde, pas assez jolie, pas assez comme il faut pour en faire partie aux dires du chef de bande. On le sait, la vengeance est un plat qui se mange froid, celle de Layla sera glaciale et impitoyable. Adapté directement d’un roman de Thierry Lenain, Blandine Lenoir s’amuse à décortiquer le monde fantasmé de l’enfance avec humour et légèreté. Parce que la cinéaste fait partie de cette génération de femmes qui ressent le besoin inconscient de se libérer du carcan rigide et traditionnel dans lequel hommes et femmes sont gentiment confinés, avec « Pas de pitié », elle brise délibérément les rêves trompeurs façonnés de clichés et d’idées reçues.

Dans tes rêves

Quand une banale conversation de serveuses se transforme en un salon philosophique, « Dans tes rêves » aborde l’amour et son reflet, l’espoir d’un idéal et l’amertume des illusions perdues. Première collaboration avec Nanou Garcia à l’écriture et en comédienne exceptionnelle, le film ose se montrer original et touchant, hilarant et jouissif, moderne et réaliste, construit et spontané. Déjà l’on voit pointer l’intérêt de la réalisatrice pour les rapports humains qu’elle caricature avec saveur et intelligence.

Rosa

Si Simone de Beauvoir avait été cinéaste aujourd’hui, elle aurait assurément le doux visage de Blandine Lenoir. On ne naît pas mère, on le devient, ainsi pourrait se présenter le pitch de « Rosa ». Le conflit de la mère et de la femme dans une société qui exclut la maternité de l’épanouissement professionnel, mais surtout le quotidien concret d’une mère à la recherche d’une crèche pour son enfant, Blandine décide de l’aborder sur le ton de l’humour. Un humour de situations, approprié jamais excessif. Mais par dessous le manteau du rire, c’est bien une situation moins risible que dénonce la réalisatrice, celle qui touche la majorité des femmes qui désirent être mères.

Ma culotte

ma-culotte-blandine-lenoir1

Dans le cadre de la collection Canal +, « Ecrire pour Christine Boisson », le film de Blandine s’attache une fois encore à montrer la condition féminine dans la société contemporaine. Claire est une femme qui vit seule avec son adolescente de fille. Un soir, où elle boit un peu plus que de raison, elle ramène son amant du soir chez elle. Après tout, sa fille n’est pas là… En pleins ébats, elle sent soudain venir le blocage, celui d’une femme d’âge mûr qui n’ose plus montrer son corps de peur d’être jugée, celui d’une femme qui n’a plus fait l’amour depuis trois ans. Mais Blandine va encore plus loin car ce qui l’intéresse c’est bien de montrer l’ensemble, l’avant et l’après, le crépuscule de la sexualité féminine tout comme son éveil. Ce qu’elle fait avec beaucoup de délicatesse dans une scène d’intimité finale entre une mère et sa fille.

Pour de vrai

pour-de-vrai-blandine-lenoir1

C’est avec plaisir que l’on retrouve la grandissime Nanou Garcia dans une mise en scène des plus surprenantes. Le monologue d’une femme dont la fille est dans le coma habite les pièces de la maison qu’elle traverse, le regard vide de toute expression. Immédiatement, le spectateur a envie d’en savoir plus, il s’interroge et compatit. Mais croire en cela serait bien ignorer le goût de Blandine Lenoir à surprendre, à transformer le drame en comédie en un regard, en une hésitation, en une répétition. Nanou ne serait-elle donc qu’une comédienne qui répéterait son rôle ? Piégé, le spectateur accueille le changement de comportement de  cette mère qui passe des larmes aux rires avec autant de facilité. Pour la première fois, Lenoir déconstruit la narration cinématographique, posant par là une réflexion intelligente sur l’art de faire un film et de faire vivre les histoires que l’on raconte. Pour de vrai, la cinéaste a du génie.

Bonus : « Avec Marinette »

En plus d’un entretien écrit de la réalisatrice, le DVD propose également « Avec Marinette », le premier court métrage de Blandine Lenoir. D’une facture bien plus dramatique que les autres films, celui-ci demeure parfaitement maîtrisé dans son écriture, sa mise en scène et son interprétation d’acteurs. Dans une Bretagne armoricaine, désolée et sauvage, deux frères envisagent leur avenir différemment. L’un rêve de Paris tandis que l’autre se voit suivre les pas du paternel pêcheur en mer. Baigné dans une narration plus classique et moins rythmée, Blandine explore avec pudeur et réalisme les rapports d’une famille fragile.

Marie Bergeret

Consultez les fiches techniques de Pas de pitié, de Dans tes rêves, de Rosa, de Ma culotte, de Pour de vrai et d’Avec Marinette

Editions DVD Come and See : « Etre femme »

Article associé : l’interview de Blandine Lenoir

P comme Pas de pitié

Fiche technique

Synopsis : C’est la psychose à l’école : un « serial killer » s’attaque aux poupées B. au nez et à la barbe des enfants et des adultes impuissants. Justice sera faite !

Genre : Fiction

Année : 2001

Durée : 36’

Réalisation : Blandine Lenoir

Scénario : Blandine Lenoir

Image : Antoine Rabaté

Son : Jean-Luc Audy, Olivier Busson

Musique : Bertrand Belin

Montage : François Quiqueré , Francine Lemaitre

Interprétation : Barney Oldfield, Sylvain Duprey, Charlotte Brosseau, Bruno Salvador, Grace Pelletier, Nanou Garcia, Fabien Le Nechet, Adeline Canac, Louise Bonetti, Finnegan Oldfield, Laurence Côte

Production : Balthazar Productions

Articles associés : la critique du DVD « Etre femme », l’interview de Blandine Lenoir

D comme Dans tes rêves

Fiche technique

Synopsis : Trois serveuses à la pause déjeuner.

Genre : Fiction

Année : 2003

Durée : 16’

Réalisation : Blandine Lenoir

Scénario : Blandine Lenoir, Nanou Garcia

Image : Philippe Elusse

Son : Renaud Michel , Jean-Luc Audy , Olivier Busson

Musique : Bertrand Belin

Montage : Frédéric Noël

Interprétation : Frédéric Pierrot, Nanou Garcia, Lila Redouane, Blandine Lenoir

Production : Local Films

Articles associés : la critique du DVD « Etre femme », l’interview de Blandine Lenoir

R comme Rosa

Fiche technique

rosa-lenoir

Synopsis : « Ma Rosa chérie, c’est pas contre toi, mais tu vois bien : toutes les deux, on travaille pas beaucoup. Alors on va te trouver une dame formidable qui va s’occuper de toi. Ça va bien se passer… »

Genre : Fiction

Année : 2005

Durée : 23’

Réalisation : Blandine Lenoir

Scénario : Blandine Lenoir

Image : Mathias Raaflaub, Mathieu Szpiro

Son : Renaud Michel, Olivier Busson

Musique : Bertrand Belin

Montage : Stéphanie Araud, Frédéric Noël

Interprétation : Lila Redouane, Françoise Thuries, Katia Medici, Nanou Garcia, Blandine Lenoir, Isabelle Gomez, Virginie Lavallée Bélanger, Marie Payen, Frédéric Pierrot

Production : Local Films

Articles associés : la critique du DVD “Etre femme”, l’interview de Blandine Lenoir

M comme Ma culotte

Fiche technique

ma-culotte-blandine-lenoir

Synopsis : Claire a très envie de faire l’amour avec ce type qu’elle a ramené chez elle. Depuis le temps qu’elle attend ça, un homme… Comment fait-on déjà ?

Genre : Fiction

Année : 2006

Durée : 14’

Réalisation : Blandine Lenoir

Scénario : Nanou Garcia, Blandine Lenoir

Image : Pénélope Pourriat

Son : Dimitri Haulet

Musique : Bertrand Belin

Montage : Frédéric Noël

Interprétation : Anaïs Desmoutiers, Christine Boisson, Davy Apfel, Perkins Lyautey

Production : Local Films

Articles associés : la critique du DVD “Etre femme”, l’interview de Blandine Lenoir

P comme Pour de vrai

Fiche technique

pour-de-vrai-blandine-lenoir1

Synopsis : Une femme, bouleversée à l’idée de perdre son enfant, erre chez elle, paralysée par son impuissance à sauver sa petite fille dans le coma. Il y a quand même un truc qui cloche dans tout ce désespoir…

Genre : Fiction

Année : 2007

Durée : 12’

Réalisation : Blandine Lenoir

Scénario : Nanou Garcia, Blandine Lenoir

Image : Alexis Kavyrchine

Son : Olivier Busson

Musique : Bertrand Belin

Montage : Frédéric Noël

Interprétation : Bertrand Belin, Anaïs Demoustier, Anita Lemasne, Nanou Garcia

Production : Local Films

Articles associés : la critique du DVD “Etre femme”, l’interview de Blandine Lenoir

 

A comme Avec Marinette

Fiche technique

marinette

Synopsis : En Bretagne, une journée dans la vie de deux frères. Franck et Jacky. Franck est soucieux, il doit prendre une décision.

Genre : Fiction

Année : 1999

Durée : 26’

Réalisation : Blandine Lenoir

Scénario : Blandine Lenoir

Image : Philippe Elusse

Son : Olivier Busson

Musique : Bertrand Belin

Montage : Stéphanie Araud

Interprétation : Cyril Roudaut, Patrice Verdeil, Grégory Roudaut, Muriel Mayette, Karen Oubraham

Production : Les Films de la Grande Ourse

Articles associés : la critique du DVD “Etre femme”, l’interview de Blandine Lenoir

 

Benoît Felici : « Un être humain, c’est extrêmement compliqué, mais si on le prend avec sincérité, avec simplicité, ça le rend encore plus beau »

Parti d’Angers il y a quelques jours et arrivé à Clermont-Ferrand il y a peu, « Unfinished Italy » transporte un étonnant contenu : ruines, restes, jeunes vestiges, manque, vide, passé récent, peur(s). Le temps d’un film de fin d’études, son auteur, Benoît Felici, traverse la Sicile sauvage, s’arrête dans les cafés comme sur les ponts, dialogue avec le regard, enregistre les lieux sans histoires et les histoires sans lieux. Sa carte postale de l’Italie ne s’envoie pas, elle se voit, et puisque c’est d’authenticité dont il s’agit, notre entretien ne peut prendre ses aises que dans un lieu typique, au nom imprononçable et tendancieux.

benoit-felici

Qu’est-ce qui t’intéresse dans l’idée de filmer des gens, la vie ?

J’adore observer les gens, j’ai toujours fait ça. Depuis que je suis tout petit, j’aime bien regarder et imiter les gens. Ce qui m’a amené vers le documentaire, c’est le côté surréel de la réalité, le côté fascinant de certains personnages qui sont encore plus beaux et forts par le fait qu’ils sont naturels. Je trouve qu’il y a une véritable richesse chez certaines personnes que j’aime puiser, chercher, modeler, ça ne veut pas dire pour autant que je joue avec eux, que je les dirige. C’est une espèce de jeu qui a d’ailleurs beaucoup à voir avec la séduction, l’approche. En réalité, ce qui me plaît beaucoup dans le documentaire, c’est que le réalisateur se met beaucoup en scène. Moi-même, je joue un personnage quand je mets en scène un moment à filmer.

Tu n’es pas obligé de le faire.

Non, mais tu dois créer une tension, savoir approcher les gens pour obtenir une intensité dans le regard, un rythme, une cadence selon ce que tu recherches pour ton film. Le film, je l’ai écrit mais en fait,  il y a eu beaucoup de discussions, d’improvisation. Tu dois pouvoir te poser, voir une situation, improviser, parler deux secondes avec le cameraman pour savoir où on va placer la personne, faire en sorte de la mettre à l’aise et de la rendre la plus vraie possible pour que ce soit réel, sincère, émouvant, et dans certains cas, surréel.

Tu as sillonné la Sicile pendant plusieurs mois avec ton chef op, Bastian Esser. Comment lui as-tu expliqué ce que tu recherchais ?

Au début, c’était assez compliqué. Il ne comprenait pas forcément ce que je voulais, ce qui était absolument normal, moi-même, j’étais en recherche. On a des inspirations, des influences, des origines différentes. Il a dû s’adapter à moi parce qu’il aurait fait un film complètement social, il ne serait resté qu’à un seul endroit si je n’avais pas insisté. Au final, il a compris l’idée que je voulais donner au film. On a passé beaucoup de temps ensemble, il me connait. Un monteur danois, Niels Pagh Andersen, a dit qu’un bon monteur, c’était quelqu’un qui connaissait parfaitement son réalisateur, qui comprenait aisément ce qui se passait dans sa tête. Je pense que pour la caméra, c’est pareil.

Tu es français, d’origine italienne. Est-ce que tu as redoublé de vigilance pour éviter tout cliché sur l’Italie ?

Au bout de trois ans d’études en Italie, j’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de travailler avec des italiens. Ce qui m’a toujours marqué, c’est leur ouverture d’esprit, leur gentillesse, leur sympathie. Personnellement, à part mes origines, je pense que c’était un défi de ne pas me planter. Il ne fallait pas que je fasse une interprétation de l’Italie qui n’était pas juste et tolérante : je ne voulais pas d’une Italie critique ou caricaturale. On peut faire une carte postale de l’Italie d’aujourd’hui, mais on ne peut pas en faire une sur les gens.

La plus grande partie de mon travail a été d’observer la Sicile, d’essayer de comprendre les Siciliens, le fonctionnement de la mentalité, d’absorber leur rythme, leur vision des choses. Moi, je ne suis pas vraiment italien, je suis français, mais ma famille me pousse à aimer ce pays. Quand mon père m’achète une voiture, c’est une Fiat, pas une Renaud !

Pourquoi as-tu filmé les choses figées, les lieux un peu morts là-bas et pas ailleurs ?

Je pense que le phénomène est italien parce qu’il y a un système économique qui est tourné autour du ciment, du béton. En revanche, que ce soit l’Italie, ce n’est pas super important. Pourquoi construit-on une piscine olympique dans un village de 10.000 habitants ? Pourquoi bâtit-on un stade de polo – un jeu anglais – dans un village italien ? C’est la question de la surmodernité, d’un pays extrêmement pauvre qui découvre le progrès, qui connait un boom économique dans les années 60, qui se met à construire plus qu’il ne faut, comme une espèce de boulimie. Cette question et ces ruines-là ne sont pas spécifiques à l’Italie, mais à notre époque.

« L’amour existe » de Maurice Pialat m’a beaucoup inspiré pendant le tournage. Le film traite de la construction des tours de banlieue dans les années 60, la voix-off parle à un moment de « ces lieux dont le futur a déjà un passé et dont le présent a un éternel goût d’attente ». Quand j’ai entendu ça, je me suis dit que c’était exactement ce qu’étaient ces lieux.

Tu parles de lieux, mais tu parles beaucoup de toi, de tes manques en off. Pourquoi était-ce important pour toi de t’impliquer par la voix ?

La voix-off a plusieurs raisons d’être. A Zelig (école de documentaire à Bolzano), on nous force à nous impliquer personnellement, à sortir du reportage, de l’investigation. Au moment d’approcher les protagonistes, on est dans le dialogue, on donne du sien, on s’ouvre, on s’implique au maximum, on fait sentir à l’autre qu’on est comme lui. C’est une approche beaucoup plus psychologique, sincère, humaine. Et beaucoup plus simple. A l’école, j’ai entendu que les choses les plus difficiles à faire étaient les plus simples. Un être humain, c’est extrêmement compliqué, mais si on le prend avec sincérité, avec simplicité, ça le rend encore plus beau.

« Unfinished Italy » est ton film de fin d’études. Qu’est-ce que tu as le sentiment d’avoir appris à l’école ?

Zelig est une école hyper familiale. On est tous très proches, les professeurs nous connaissent, nous soutiennent. J’ai appris des choses sur moi, mon oeil s’est formé à certains films, mon point de vue sur le documentaire a changé, et les grandes questions que je me posais sont moins floues qu’avant. Ces questions touchent aux thèmes que j’ai pu travailler au sein de l’école, ceux que j’ai choisis pour faire mes films, et qui étaient en rapport avec le temps, le manque, l’abandon, le vide, les ruines et les restes.

Il y a un moment un peu étrange dans ce film, celui où le berger, seul à ses heures et à ses moutons perdus, vous demande si vous êtes des astronautes qui vont sur la lune. A partir du moment où on est pris à partie, où le sujet a suffisamment fait  abstraction de la caméra au point de poser des questions directes, est-ce qu’on se sent désemparé ou on se dit que c’est super pour le film ?

Dans ce genre de moment, je ne réponds pas, mais je suis un peu en transe. Cette phrase n’était pas prévue, il l’a sortie. Tout se passe dans le regard que moi, je lui tiens. C’est ça qui est génial : tu composes avec le protagoniste, tu te concentres sur ce qu’il te dit, tu soutiens son regard. Ce n’est que dans les yeux que ça se passe.

italy1

Il n’y a pas un risque de manipulation en jouant ainsi sur le regard ?

Non, c’est là la différence entre le reportage et le documentaire. Il y a un montage, des heures de rushes. Je ne suis pas en train de chercher une info, je suis en train de faire un film. Ce que me raconte le berger, c’est une légende sauf que je le place dans un certain cadre et que je dialogue avec lui. Je ne pense pas que ce soit malhonnête. J’essaye de capter un peu l’aspect poétique d’un lieu, d’une situation, d’une personne. Dans mon école, la plupart des étudiants s’intéressaient au social, aux thèmes sociaux, actuels. « Unfinished Italy » est différent de leurs films.

C’est important d’avoir son style, de se singulariser dans le domaine du documentaire, au-delà du thème, du sujet ?

Plus il y a un auteur derrière un documentaire qui impose son style et son écriture avec son équipe, plus c’est du cinéma.

Dans ce cas, à quel moment sur ce film, as-tu commencé à te dire que tu faisais du cinéma ? Est-ce que ça a eu lieu au fil du voyage, des rencontres, des images ou après, en salle de montage ?

Là où tu te dis que tu fais vraiment du cinéma, c’est quand tu t’es imaginé des plans, des scènes et qu’elles se réalisent ou, mieux encore, qu’elles se réalisent toutes seules. L’un de mes professeurs a coutume de dire que les choses sont déjà là, et c’est vrai. Je ne sais pas pourquoi le berger a dit ça à ce moment-là, mais c’est formidable qu’il l’ait fait car finalement, c’est devenu extrêmement positif pour le film. Ce qui est fascinant dans le documentaire, c’est qu’un énorme problème peut devenir une chance incroyable. C’est pour ça d’ailleurs que je pense que le documentaire est vraiment du cinéma :  il y a une vraie création dans l’équipe, dans l’écriture et dans les événements.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : la critique du film

Consulter la fiche technique du film

« Unfinished Italy » est programmé au Festival de Clermont-Ferrand dans le cadre du programme I13

C comme Chair disparue

Fiche technique


Synopsis : Alors qu’elle s’apprête à profiter de sa retraite en compagnie de Paul, son mari, dans leur petit pavillon de banlieue, Louise assiste plusieurs fois à un phénomène surnaturel : la disparition fugace du corps de Paul. Terrifiée, Louise perd progressivement pied.

Genre : Fiction

Durée : 18′14”

Année : 2010

Pays : France

Réalisation: Pascal Mieszala

Scénario : Pascal Mieszala

Image : Éric Weber

Montage : Emmanuel Jambu

Son : Mathieu Villien

Musique originale : Richard Escola

Interprétation : Denise Aron-Schröpfer, Jean-Yves Gaultier, Jean-Stéphan Richardeau

Production : Les Enragés

Article associé : la critique du film