Paul Wenninger : « Je ne suis pas comédien mais danseur. L’animation est pour moi ce qui se rapproche le plus de ma pratique artistique, la chorégraphie »

C’est au festival Premiers Plans d’Angers que nous avons rencontré Paul Wenninger qui est venu présenter son premier film « Trespass », présenté dans la catégorie Plans Animés. Membre du collectif Kabinett ad Co.,  ce chorégraphe et musicien autrichien est un artiste à la recherche de nouvelles expériences visuelles et sensorielles que nous avons interviewé afin de mieux appréhender son travail autour du mouvement. Pour « Trespass », il a utilisé la pixilation, technique d’animation en volume et a filmé son corps image par image dans un décor toujours en mouvement, créant un film très maîtrisé où chaque élément semble dépasser les contraintes de l’espace et du temps.

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Comment est né le projet « Trespass » ?

J’ai commencé avec une série de performances scéniques dans lesquelles le corps était toujours contextualisé parmi des objets et au sein d’un environnement. Avec ces rapports de cause à effet, je laissais le public être acteur de la performance. Pour moi, commencer à faire de la pixilation fut une étape logique. Alors, on s’est lancé dans le projet naïvement et on a commencé à faire du slow motion, à expérimenter cette technique.

Quelle était votre motivation pour faire un film d’animation après toutes ces années de performance scénique ? Pourquoi vous êtes-vous tourné vers l’animation plutôt que vers la prise de vue réelle ?

Tout part du mouvement. De ce point de vue, pour moi, c’était ma première œuvre cinématographique, mais pas ma première création artistique. Bien sûr, la stop-motion est un procédé différent, mais cela fait cinq ans qu’il est présent dans mon travail et que j’utilise des médias différents. On a aussi des projets musicaux, un groupe de deathmetal qui s’appelle Superlastic, on travaille sur des sons, des objets, des images, la scène, la performance, on a du mal à se contenter d’une seule chose. D’un point de vue chorégraphique, c’est intéressant pour moi de travailler de façon très précise en studio, sur l’animation d’un film, parce que vous pouvez obtenir des choses beaucoup plus précises que sur scène.

L’essence du film est un travail chorégraphique sur la façon dont nous créons l’environnement, comment celui-ci change, comment les objets bougent et comment la caméra se déplace par rapport au corps, et vice-versa. Tout cela revêt un aspect chorégraphique à mes yeux. Filmer le réel ne m’intéresse pas, on le voit dans les documentaires, et c’est toujours intéressant, mais refléter ce qu’on voit ne correspond pas à ma démarche artistique. Je ne suis pas comédien mais danseur, et l’animation est pour moi ce qui se rapproche le plus de ma pratique artistique, la chorégraphie.

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Pourquoi votre corps évolue-t-il dans votre film à un rythme différent des objets qui l’entourent ?

Ce qui était intéressant dans ce projet, c’est que le corps possède déjà en lui un tas d’informations à propos de ce qui l’entoure. Par exemple, lorsque je veux prendre une tasse, avant de la toucher, toutes les informations la concernant sont déjà présentes dans mon corps, alors je sais, grâce à l’expérience, comment je vais la saisir. Je connais son poids, sa taille, sa texture, il y a donc plein de paramètres qui sont déjà présents dans le corps. Dans « Trespass », j’ai beaucoup travaillé sur le fait que le corps transporte toutes ces informations avant que l’objet ne soit là. Le corps essaye de s’asseoir alors que la chaise n’apparaît qu’au dernier moment, ou un bras se tend pour appuyer sur un bouton et la radio n’apparaît qu’au dernier instant, même si vous l’entendez déjà. Tout cela est un jeu chorégraphique, c’est ça qui m’intéresse.

Votre travail sur le corps évoque notre rapport au mouvement et à la conscience que nous en avons. Comment « Trespass » questionne-t-il notre rapport à l’environnement qui nous entoure ?

Nous savons aujourd’hui que nous sommes des individus conditionnés dans un monde conditionné. « Trespass » aborde notre expérience et les images que nous connaissons. Par exemple, lorsque nous avons créé ces performances scéniques auparavant, nous avons travaillé sur l’expérience de notre savoir. Vous avez par exemple une peau de banane sur la scène, puis quelqu’un la retire et à la place, vous mettez un corps étalé sur le sol, et tout le monde rit parce que les gens comprennent que l’homme est tombé à cause de la peau de banane. La banane, un corps sur le sol, sont deux éléments connectés et nous faisons facilement l’association entre eux, c’est une relation de cause à effet. Mais en réalité, je n’ai jamais vu personne tomber à cause d’une peau de banane, et je pense qu’il en est de même pour la plupart des gens, mais nous en avons une image tellement forte que nous associons immédiatement ces deux éléments.

Ce sont des images conditionnées, mais lorsque nous les vivons, à quel point sommes-nous libres, combien de nos décisions sont-elles réellement dénuées de tout conditionnement, ce qui pose également la question de ce que peut être un corps libre. Tous ces aspects mènent vers cette question de la frontière : quelles sont les limites, comment traverser des lieux ou des choses qui font barrière dans nos esprits ? Qu’est-ce qui, par exemple, génère cette notion de privatisation ? Je vis dans une grande ville, mais est-ce que je vis dans un espace libre, est-ce réellement public ou privatisé ? Cela pose également à la question du droit du corps et sur la façon dont les frontières sont utilisées afin de créer un dedans et un dehors.

Nous sommes des créatures qui dépendent du temps et de l’espace. C’est justement la question du temps qui est posée dans le film, en plaçant le corps en premier, puis le temps, et ensuite l’espace, ce qu’on peut faire grâce au stop-motion. Le corps est ainsi libéré de son environnement et de la vitesse réelle du temps. Ce n’est pas un film de danse mais c’est un film qui exploite les qualités du danseur, qui est capable de contrôler son corps sur le long terme. Ce film aborde toutes ces questions.

*** Local Caption *** Trespass, , Paul Wenninger, A, 2012, V'12, Kurzfilme

Était-ce très différent pour vous de jouer devant une caméra plutôt que sur scène ? Avez-vous dû modifier votre façon de travailler et de décomposer le mouvement ?

Exactement, si bien que ça ressemble plus à un travail de chi kong. J’ai programmé les mouvements de la caméra en fonction du corps, si bien qu’ils revêtent un aspect chorégraphique à son égard, et nous avons parfois travaillé pendant trois ou quatre heures rien que sur un mouvement. Si j’avais fait cela sur scène, ça aurait été très ennuyeux pour le public. Comme nous filmions beaucoup en extérieur, c’était aussi une sorte de performance d’avoir un corps qui faisait un même geste sur une durée de trois heures. Cela créait une sorte de tension et attirait du public. Faire ce film, c’était placer mon corps hors du temps, mais par la suite, nous avons animé mon corps en temps réel, et c’est finalement les éléments extérieurs qui sont passés hors du temps. Ils changent très rapidement, ce qui crée un décalage.

Quelles ont-été les différentes étapes de sa réalisation ? Comment avez-vous travaillé sur le son qui constitue un élément très important du film ?

Nous avons filmé pendant neuf mois, presque tous les jours et la post-production a pris presque un an. Ça aurait pu être plus rapide, il y avait beaucoup d’autres choses sur lesquelles travailler, la composition, le son ont justement été très importants… Il y a trois couches de son dans le film : une pour donner une textualité acoustique au corps, une deuxième pour créer l’atmosphère, les sons ambiants, et puis il y a l’aspect musical. Le passage d’une couche à l’autre (parfois le corps disparaît lorsque le son augmente) crée une très belle composition.

Quelles ont été les influences cinématographiques, plus particulièrement en animation, qui vous ont inspiré pour ce travail ?

C’est une question difficile car avant de faire ce film, je ne m’intéressais pas particulièrement au cinéma d’animation. Mais maintenant, étant présent sur des festivals, j’ai soudainement vu beaucoup de films qui ont été réalisés plus ou moins en même temps que le mien, dont des choses exceptionnelles. J’étais comme un enfant aux yeux grands ouverts qui découvre le monde de l’animation, stimulé par ces images. Bien sûr, j’ai fait quelques recherches à droite à gauche, j’aime bien notamment le travail de Julia Pott, et j’aime beaucoup l’approche artistique de Chris Landreth. Je trouve que dans beaucoup de films d’animation, l’aspect narratif est très bien mené, mais la démarche artistique l’est moins, on s’en tient à une certaine technique et on raconte une histoire qui pourrait provenir d’un livre. J’ai eu parfois des doutes à cet égard. Je suis moins intéressé par cette façon de raconter.

*** Local Caption *** Trespass, , Paul Wenninger, A, 2012, V'12, Kurzfilme

Avez-vous d’autres projets de film ?

Oui, nous sommes actuellement en train de travailler sur un film de pixilation au sujet de cette année, qui marque l’anniversaire de la Première Guerre Mondiale. C’est très lointain, et en même temps, ça fait partie de notre histoire. Je me suis demandé comme je ne me suis encore jamais attaqué à quelque chose d’aussi concret dans mon travail comment traiter artistiquement un tel événement. J’ai travaillé avec des dioramas, j’aime beaucoup ces endroits, et j’aimerais y replacer cette guerre. De cette manière, j’aimerais créer quelque chose de générationnel sur la façon dont nous regardons la guerre, car je ne peux pas la reconstruire. Le but est de poser des questions destinées à la caméra sur ce que sont de véritables images et sur ce que l’on choisit de montrer.

Je termine l’écriture d’un scénario, ce que je n’avais jamais fait auparavant. C’est très intéressant de faire des choses nouvelles, d’essayer de trouver le langage adapté aux choses que j’imagine, de commencer par les images que j’ai en tête, car généralement, mon travail part d’expérimentations et de trouvailles, en étant quelque peu dogmatique face aux résultats, et en en recherchant les conséquences. Pour moi, l’art est toujours une question de décisions que l’on a prises, et avant de réaliser ce travail artistique, écrire à son propos me paraît parfois absurde. C’est donc un monde nouveau pour moi.

Propos recueillis par Agathe Demanneville

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Article associé : la critique du film

Trespass de Paul Wenninger

Avant ce premier court métrage d’animation auquel nous avons attribué le Prix Format Court au festival Premiers Plans d’Angers, en compétition dans la section Plans Animés, l’Autrichien Paul Wenninger n’était pas vraiment un cinéaste, mais un metteur en scène, un chorégraphe et un musicien. Ces pratiques sont toutes réunies dans « Trespass », film qui associe la technique du stop-motion à une mise en scène soignée où chaque détail compte. Le film met en scène des corps et des objets en mouvement soumis à des rythmes différents, véritable chorégraphie sublimée par une bande son à plusieurs niveaux qui comprend l’acoustique du corps, les sons ambiants et la musique.

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Le mot anglais « trespass », signifie « faire intrusion », « passer le seuil », et résume l’intention de celui qui anime et donne un sens à ce mot : mettre en relation des objets, des corps et des lieux qui s’animent et entrent en relation au sein d’un espace filmique relevant de la sphère privée. Ces éléments interagissent devant et avec la caméra, se contaminent et outrepassent leurs propres limites, abolissant pour quelques minutes toute notion de frontière temporelle et spatiale. Le seuil est ainsi dépassé.

« Trespass » offre des images auxquelles le spectateur peut attribuer différents sens de lecture. Déroutantes, poétiques, parfois absurdes, les images créées par Paul Wenninger mettent en relation les corps, les objets et les sons, et les font communiquer pour créer du sens. Son personnage, ou plutôt le corps qu’il met en mouvement mais auquel il ne donne pas réellement vie, se trouve entre quatre murs et entre en contact avec divers objets du quotidien, effectuant les mouvements auxquels on associe ces objets avant même qu’ils n’apparaissent à l’écran : chaque geste semble être une sorte d’anticipation de l’objet. Le personnage, conditionné par les éléments qui l’entourent, ne réfléchit pas et se déplace instantanément, presque robotisé, comme s’il avait enregistré au préalable des informations sur ces objets.

*** Local Caption *** Trespass, , Paul Wenninger, A, 2012, V'12, Kurzfilme

Le film met en scène un homme dont on ne sait rien et qui devient non pas sujet mais objet du film. Véritable chorégraphie du quotidien, cette figure voyage dans toutes sortes de lieux sans réellement franchir les quatre murs qui l’entourent, et sans subir le passage du temps qu’un tel voyage, de l’Afrique à l’Europe par exemple, implique : ce sont les éléments extérieurs, les objets, les personnes et les bruits qui tour à tour viennent envahir l’écran et la sphère privée, pénétrant dans l’intimité de cet homme.

Au premier abord, le temps et l’espace ne semblent plus être des obstacles et toute frontière parait soudainement abolie. Mais « Trespass » a quelque chose d’inquiétant, car il reflète un aspect angoissant de la société post-moderne : le développement rapide des moyens de transport et de communication et la course perpétuelle contre le temps tendent vers une abolition des frontières spatiales et temporelles qui rend floues les limites entre l’espace public et l’espace privé, entre ce qui est urgent ou ne l’est pas, ce qui est indispensable ou ne l’est pas. Très vite, on a l’impression que le corps est devenu prisonnier d’une boucle temporelle sur laquelle il n’a aucune emprise, sans véritable conscience.

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Dans ce film, le corps, évoluant dans un espace envahi et sujet à de multiples agressions extérieures se déplace machinalement et sa destruction, son épuisement, semblent quant à eux imminents. Certains motifs récurrents sont là pour le certifier : les chutes du personnage, les tableaux de son corps inerte et le sang, des éléments qui viennent s’immiscer dans cette chorégraphie de la vie, une chorégraphie presque absurde.

« Trespass » est un film qui ne prétend pas illustrer le réel mais crée au contraire un monde dans monde, une réflexion abstraite et imagée de notre fonctionnement et de notre rapport au corps et à l’espace. Paul Wenninger analyse et décompose le mouvement, il transforme les gestes du quotidien en une chorégraphie déconcertante, qui mérite d’être vue et revue pour lui attribuer un sens.

Agathe Demanneville

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Article associé : l’interview de Paul Wenninger

Projection Format Court, jeudi 10 avril 2014, à 20h30, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème)

Notre prochaine projection de courts, organisée le jeudi 10 avril à 20h30 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), s’articule autour de deux Prix Format Court, « Pour la France » de Shanti Masud, primé au dernier Festival de Vendôme et « Trespass » de Paul Wenninger, récompensé au Festival Premiers Plans d’Angers. Deux autres films complètent notre programmation : « La fugue » de Jean-Bernard Marlin, l’un des cinq finalistes aux César et « A Story for the Modlins », un docu-fiction ayant fait sensation à Clermont-Ferrand l’an passé. Comme toujours, la séance sera accompagnée d’une rencontre avec les équipes présentes.

Programme

La Fugue de Jean-Bernard Marlin, Fiction, 2013, 22′, France, Les Films de la Croisade. Ours d’or (Festival de Berlin 2013), Prix de la presse Télérama  (Festival de Clermont-Ferrand 2014). En présence de l’équipe

Synopsis : Lakdar, éducateur dans un foyer pour mineurs délinquants à Marseille, accompagne au tribunal sa jeune protégée, Sabrina, jugée pour une ancienne affaire. Il part confiant, convaincu que leurs efforts seront récompensés.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Jean-Bernard Marlin

Pour la France de Shanti Masud, Fiction, 2012, 30′, France, La vie est belle films associés. Prix Format Court  (Festival de Vendôme 2013). En présence de l’équipe

Synopsis : Une nuit à Paris. Le passage de l’allemande Désirée dans la vie de Charles, France et Ivo. Le petit matin les découvrira changés.

Article associé : la critique du film

Trespass de Paul Wenninger, Animation, 2012, 11′, Autriche, Sixpack Film. Prix Format Court (Festival d’Angers 2014). En présence de Elisabeth Lampurée (chargée des partenariats et de la communication du Festival Premiers Plans d’Angers)

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Synopsis : En anglais, « trespass » signifie s’immiscer, mais peut aussi faire allusion à une entrée non autorisée ou, dans le jargon légal, à une « perturbation domestique ». Ce film d’animation joue avec toutes ces significations.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Paul Wenninger

A Story for the Modlins de Sergio Oksman. Documentaire, 2012, 26′, Espagne, Dock Films. Grand Prix Labo et Prix du Public (Festival de Clermont-Ferrand 2013)

Synopsis : Après avoir participé au film Rosemary’s Baby, Elmer Modlin a fui avec sa famille dans un pays lointain et s’est enfermé dans un appartement sombre pendant trente ans.

Article associé : la critique du film

En pratique

► Date, horaire : jeudi 10 avril 2014, à 20h30

► Durée de la séance : 86’

► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris

► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

 Entrée : 6,50 €

 Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com

Festival Courtisane du 2 au 6 avril

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Plateforme pour le cinéma, la vidéo ou le multimédia, Courtisane continue à (se) chercher sur les chemins de traverses du cinéma expérimental. Entre vidéos d’art et expérimentations virtuoses, les œuvres présentées dans le cadre de la programmation du festival demeurent à nouveau des découvertes incontournables de la scène nationale et internationale.

Toutes les informations : www.courtisane.be

6ème Millenium Festival – du 3/4 au 11/4, Bruxelles

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Depuis sa création en 2009, le Festival Millenium poursuit sa vocation de proposer des documentaires qui interpellent et nous font découvrir l’Autre dans sa complexité ainsi que la beauté de la différence. Initié pour mettre à l’honneur des films dont les thèmes sont liés aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, le festival est devenu un rendez-vous incontournable grâce à l’originalité de sa programmation.

La 6ème édition du festival aura lieu du 3 au 11 avril, ai CIVA et à l’espace Senghor à Bruxelles.

Découvrez la sélection de courts et moyens métrages!

Compétition internationale

Yemeniettes de Shawn Thompson (Yemen, 60′)
Trois adolescentes yéménites participent à un concours d’entrepreunariat. Cependant, en chemin, elles rencontrent les difficultés posées par un pays où l’éducation est corrompue, sans emploi et sous la menace de la présence d’Al-Qaïda. Malgré le fait d’avoir grandi dans une société où le modèle traditionnel des genres est encouragé et perpétué, Wafaa, Maha et Reem sont déterminée à se forger un meilleur avenir.

Compétition « Travailleurs du Monde »
Films sélectionnés en collaboration avec Le P’tit Ciné, organisateur du Festival Regards sur le Travail

Avec le vent de Raf Custers (Belgique, 36′)
Croissance pour les uns, patience pour les autres. Nous le voyons en République démocratique du Congo, où ce documentaire a été tourné en avril 2013. Le film déconstruit les rapports entre les populations locales et l’industrie minière. Pendant que le cuivre et le cobalt sont extraits des mines pour nourrir l’économie mondialisée, les congolais toussent. Le vent chargé de pollution est aussi celui des aspirations à un développement soutenable et au bien être pour le peuple congolais.

Karaoké domestique d’Ines Rabadan (Belgique, 35′)
Dans toutes les maisons, quelqu’un doit ranger, lessiver, nettoyer. Mais qui ? Karaoké domestique est une performance et une expérience : trois « couples » de femmes, dont l’une s’occupe du travail ménager de l’autre, sont interviewés par la réalisatrice Inès Rabadán au sujet de l’organisation et de la hiérarchie complexe qui règne dans une maison.

 Little Land de Nikos Dayandas (Grèce, 51′)
Depuis l’arrivée de la crise financière en Grèce, de plus en plus de jeunes athéniens ont décidé de déménager vers la campagne, dans l’espoir d’une vie meilleure. Parmi eux, Theodoris qui s’est installé sur l’île isolée d’Ikaria dans la mer Égée. Il y découvre une économie locale qui s’avère fonctionnelle, une petite société qui fait preuve d’une exceptionnelle culture de l’autonomie et de la coopération, où le peuple vit mieux et plus longtemps. Le documentaire a pour but de dévoiler le secret des habitants de l’île, dont la vie, totalement différente, pourrait nous inspirer en temps de crise économique et sociale.
Compétition « Vision Jeune »

Le printemps d’Hana de Sophie Zarifian, Simon Desjobert (France, 55′)
Le 11 février 2011, après 18 jours de manifestations populaires, le président égyptien Hosni Moubarak démissionne et décide de remettre le pouvoir entre les mains du conseil suprême des forces armées. Du haut de ses 18 ans, Hana décide de participer activement à ce mouvement révolutionnaire. Elle cherche, avec la grande spontanéité qui la caractérise, un moyen de s’impliquer dans les changements politiques et sociaux de son pays. Elle essaie de faire entendre sa voix auprès de sa famille, au sein d’un nouveau parti politique, dans son groupe d’amis, ou encore dans la rue.

Democracy Camp de Ismail Elmokaden, Zahra Mackaoui (Israel, 48′)
Dans un camp pour adolescent en Egypte, durant l’été 2011, la rébellion est dans l’air. Encouragés à s’exprimer librement et influencés par la vague révolutionnaire du printemps arabe, les jeunes adolescents du camp commencent une révolte contre le règlement de leur propre camp. Mais après l’euphorie initiale, des divisions émergent entre les différents protagonistes, et les enfants découvrent que la démocratie est plus compliquée à mettre en place que ce qu’ils imaginaient. A leur retour à la maison – en Egypte, Tunisie, Yémen et Cisjordanie – ils peinent à trouver leur voie parmi les bouleversements qui ont lieu dans la région. Ces adolescents ordinaires représentent la pensée et les changements du monde arabe, et à travers eux le film explore la prise de conscience politique et sociale vécue par des millions d’enfants.

Nous, dehors de Bahïa Bencheikh-El-Fegoun, Merieme Achour Bouakkaz (Algeria, 53′)
Manel, jeune fille de 23 ans, a porté le voile pendant deux ans. Aujourd’hui, elle est sur le point de changer sa vie et de se libérer du hijab qui l’opprime de plus en plus. Manel se cherche, elle est en quête de réponses au coeur d’une société qui a du mal à accepter deux concepts : la liberté et le respect. A travers son histoire, nous rencontrons d’autres femmes de son âge mais aussi d’autres générations. Elles se font par de leurs quêtes, de leurs doutes et des expériences qu’elles ont vécues.

La alfombra roja de Manuel Fernández et Iosu López (Espagne, 12′)
En Inde, pas moins de 158 millions de personnes vivent dans l’extrême insalubrité des bidonvilles. Des millions d’enfants jouent autour de déchets, de vaches, de rats et d’excréments. Le bidonville Garib Nagar, dans le quartier de Bandra (Bombay) est la maison de Rubina, une jeune fille de 12 ans qui rêve de devenir actrice et de transformer son bidonville en un endroit propre et habitable.

Panorama « Connaître l’Autre »

The War Campaign de Boris Benjamin Bertram (Danemark, 60′)
Dans plusieurs pays, l’invasion de l’Irak de mars 2003 a été déclarée illégale. Boris Bertram décortique le processus de la guerre et suggère des façons d’organiser les futures campagnes militaires pour les vendre au public. Il efface notre croyance en l’intégrité politique avec son reportage sur le prélude de la guerre en Irak et le jeu politique qui l’a déclenchée. Par l’intermédiaire d’archives et d’interviews avec des personnalités-clés, il nous montre comment les récits sont inventés et comment l’histoire s’écrit.

The Rape of the Samburu Women d’Iara Lee (Kenya, 13′)
Lorsque le Kenya était encore une colonie britannique, les femmes ont été confrontées à une épidémie de viol. Bien que ces viols aient été officiellement rapportés, les soldats n’ont pas été reconnus coupables par l’armée britannique. Au milieu des années 1990, Beatrice Chili a réagi face à cette situation en mettant en place le village de Senchen, une communauté auto-suffisante dirigée entièrement par des femmes. Dans ce village, les femmes construisent des maisons, fabriquent des vêtements, cultivent la terre et élèvent les enfants. Ce court métrage montre le courage de ces femmes qui racontent à cœur ouvert leur souffrance et qui parlent avec passion de leur combat pour obtenir justice.

The Kalasha and the Crescent d’Iara Lee (Pakistan, 13′)
Les Kalash du Chitral forment un peuple du Pakistan septentrional, dont le riche héritage culturel est en contradiction avec l’islam dominant. Aujourd’hui, bien que ce peuple doive faire face à la pauvreté, au tourisme et à l’islam, certains militent pour ne pas que leur culture s’éteigne. Les traditions Kalash peuvent-elles résister à la fois à la mondialisation et aux tensions religieuses ?

Battle for the Xingu de Iara Lee (Brésil, 11′)
Le long du fleuve Xingu, un affluent de l’Amazone, vivent plus de 10 000 indigènes dont la survie dépend de la rivière. Le gouvernement brésilien, pour développer la région, propose d’y construire un barrage hydro-électrique. Cette initiative mettrait en danger la biodiversité de son bassin mettant ainsi en péril le futur de ses habitants. En janvier 2009, plus de 100 000 Brésiliens se sont rassemblés à Belem pour le Forum social mondial, où les habitants du Xingu ont fait entendre leurs voix et ont assuré qu’ils ne laisseraient pas menacer la rivière et leur culture.

The Ghost of Piramida de Andreas Koefoed (Danemark, 58′)
Dans The Ghost of Piramida, le réalisateur Andreas Koefoed suit Efterklang dans une expédition audio de 9 jours dans la ville fantôme de Piramida sur le Spitsbergen, à quelque mil kilomètre du Pôle Nord et habité par plus d’ours polaires que d’hommes. Accompagnés par leur taciturne et peu impressionné protecteur russe d’ours polaire, le groupe part à la chasse au trésor dans les immeubles vides de la ville fantôme.

Au nom du Maire de Hirte Anca (Roumanie, 54′)
Bienvenue à Piatra Neamt, Roumanie ! Dans un petit bureau près de la Mairie, des demandeurs d’emploi font la queue devant une seule et unique interlocutrice. Un jeu de rôles commence à se mettre en place. On suit au plus près les visages, les regards et les expressions, créant ainsi une allégorie du pouvoir. De l’absurde au tragique, du comique au sérieux : c’est un film construit comme une pièce de théâtre de l’Ionesco en cinéma documentaire !

Anplagd de Mladen Kovacevic (Serbia, 52′)
Avec la technologie adéquate, on peut faire d’une simple feuille d’arbre un instrument à part entière. C’est ce que nous apprend ce sympathique film sur un village serbe qui consacre tout son amour à cet instrument si primitif. Dans le vrai style de Tarkovski, le film commence par une brise caressant les arbres et, pendant que la vie suit paisiblement son cours dans le village, l’automne décroche les feuilles des arbres. Josip et Petar se rassemblent pour jouer de la feuille et, avec l’aide de l’excentrique Vera, ils en apprennent la phonétique. Une amitié extraordinaire et taciturne se développe entre ces trois personnes.

Le site du festival