P comme Pour faire la guerre

Fiche technique

Synopsis : 7 cousins se retrouvent pour un dernier séjour dans la maison de leur enfance. Alors qu’ils s’ennuient, ils retrouvent la malle conservant les costumes avec lesquels ils se déguisaient pour jouer quand ils étaient enfants. Ils décident de lancer une partie de « Pour faire la Guerre » une dernière fois, le temps d’un après midi…

Genre : Fiction

Durée : 28’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Cosme Castro, Léa Forest

Scénario : Cosme Castro, Léa Forest, Delphine Eliet

Image , Balthazar Lab

Montage : Cosme Castro

Son : Thomas Vivance

Interprétation : Bastien Bouillon, Cosme Castro, Léa Forest, Clara Hedouin, Mathias Pradenas, Paul Renoult, Justine Bachelet

Production : Punchline cInema

Article associé : la critique du film

Trespass de Paul Wenninger, Prix Format Court au Festival Premiers Plans d’Angers 2014

Après avoir délibéré autour de 22 films d’animation proposés dans la catégorie « Plans Animés » du festival Premiers Plans d’Angers, le choix du jury Format Court (composé de Amaury Augé, Katia Bayer, Agathe Demanneville, Camille Monin, Xavier Gourdet et Marc-Antoine Vaugeois) s’est finalement arrêté sur le film autrichien « Trespass » (2012), première réalisation de Paul Wenninger.

Ce chorégraphe et musicien qui expérimente depuis de nombreuses années différents médiums s’est dirigé vers le stop-motion et vient de présenter à Angers un film très soigné et très maîtrisé. Dans « Trespass », le réalisateur-interprète fait interagir son propre corps, la caméra, et les objets au sein de l’espace filmique pour créer une autre réalité, en parvenant à se détacher, pour quelques minutes, des contraintes du temps et de l’espace.

Le film bénéficie d’un dossier spécial en ligne et sera projeté le 10 avril 2014 dans le cadre des séances Format Court, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Trespass, 11′, 2012, Autriche, Sixpack Film

*** Local Caption *** Trespass, , Paul Wenninger, A, 2012, V'12, Kurzfilme

Synopsis : En anglais, « trespass » signifie s’immiscer, mais peut aussi faire allusion à une entrée non autorisée ou, dans le jargon légal, à une « perturbation domestique ». Ce film d’animation joue avec toutes ces significations.

Ilan Klipper : « Un artiste peut ressentir le besoin de s’isoler, de se calfeutrer pour créer comme il l’entend, sans être influencé par des interventions extérieures »

Ilan Klipper a déjà réalisé des longs-métrages documentaires, en duo avec Virgil Vernier (le diptyque sur la police composé de « Flics » et « Commissariat ») ou seul (« Saint-Anne », réalisé au sein de la célèbre institution psychiatrique). Il s’essaye à la fiction avec « Juke-Box », premier court-métrage remarquable et déjà salué dans les festivals. Lauréat du Prix One+One au dernier festival Entrevues de Belfort et plus récemment du Prix des Bibliothécaires lors de la dernière édition du festival Premiers Plans d’Angers, le film a retenu l’attention de Format Court qui est allé à la rencontre de ce jeune réalisateur talentueux.

ilan-klipper

Format Court : Comment es-tu arrivé au cinéma ?

Ilan Klipper : J’étais d’abord journaliste à la télévision, je réalisais des petits reportages de treize minutes. J’ai aimé faire ça un temps mais je n’étais pas satisfait, je trouvais à chaque fois le rendu un peu vain. À un moment donné, j’ai eu l’opportunité de réaliser un reportage sur une école de police. J’ai proposé à Virgil Vernier qui commençait lui aussi à réaliser et qui avait du temps libre de venir faire ce reportage avec moi. On s’est retrouvé dans cette école de police où des instructeurs lançaient des grenades et tiraient au taseur sur les élèves. Ils avaient recréé un décor de rue dans l’enceinte de l’établissement et organisé des simulations avec des comédiens. On a décidé d’en faire le cadre de notre premier documentaire, qui est devenu « Flics », un long-métrage de 74 minutes que je considère aujourd’hui comme mon premier film.

On a tourné un second long-métrage, « Commissariat », en quelque sorte la suite du premier film, à l’occasion d’un stage pratique exercé par les élèves que l’on suivait dans « Flics ». Ce long-métrage est devenu autonome, même s’il entretient quelques correspondances avec le précédent opus. Ces deux documentaires ont été remarqués, puis j’ai obtenu l’autorisation de tourner dans un hôpital psychiatrique, à Saint-Anne. J’ai travaillé sur ce projet pendant un an et demi, c’est devenu ma première réalisation solo. Aujourd’hui, je travaille sur un nouveau film documentaire autour des affaires familiales, qui a pour cadre un palais de justice dans une petite ville de province. En parallèle, je développe mes premières fictions.

Il y a un fil conducteur qui apparaît dans chacune de tes réalisations : la récurrence d’espaces clos où des individus sont amenés à se livrer, à exprimer des pensées souvent hors-normes. Tu mets en place des dispositifs où les conventions volent progressivement en éclats, tu guettes l’instant où les choses vont se dérégler. J’ai l’impression que la dimension claustrophobique est importante.

I.K. : C’est très juste. Je suis moi même très claustrophobe, et c’est vrai que dans mes films, on retrouve de manière implicite ou frontale cette thématique de l’enfermement. Je ne l’avais jamais formulée de façon aussi limpide. Ça relèverait presque de quelque chose d’organique, d’inconscient chez moi.

Dans « Juke-Box », tu mets en scène un personnage de chanteur déchu, marginalisé, qui vit seul dans un grand appartement. D’où est venue l’envie de filmer ce personnage ?

I.K. : Pendant le tournage de « Saint-Anne », j’ai assisté à des visites à domiciles. Il s’agit de patients au long court qui ne donnent plus de nouvelles à leur médecin, qui disparaissent dans la nature. Le médecin essaye de contacter son patient, sa famille, et en dernier recours il finit par débarquer chez lui avec la police. J’ai essayé de filmer ça dans le cadre de ce documentaire. C’était très intéressant car à chaque fois, on pénétrait dans un univers : les patients avaient retourné leurs appartements, fait des trous dans les murs, construit des installations étranges. Ça c’est finalement révélé impossible à filmer, notamment à cause de la paranoïa des patients qui se méfiaient de la présence de la caméra. Je suis parti de cette expérience pour écrire un scénario de fiction.

Ensuite, est venue ma rencontre avec le chanteur Christophe, par hasard au sortir d’une projection. On a commencé à se fréquenter, on a joué au poker pendant un an, j’allais le voir en concert. À un moment donné, Sabrina (Seyvecou, actrice et compagne d’Ilan Klipper) et Christophe ont manifesté l’envie de travailler ensemble. Je leur ai alors proposé d’adapter le scénario inspiré des visites à domicile pour eux. J’ai réécrit le projet en y ajoutant une dimension artistique qui était fondamentale pour moi car je ne voulais pas tomber dans la redite par rapport à « Saint-Anne ». Je voulais aborder la question de la reconnaissance des artistes qui travaillent mais dont les oeuvres ne sont pas nécessairement reçues ou comprises, ceux qui continuent à créer dans leur coin et se retrouvent marginalisés.

Le film met en scène le rapport étroit entre la folie et la création artistique. Le personnage de Daniel s’est coupé du monde et se retrouve dans un état presque animal, à tourner en rond dans son appartement comme un lion en cage. On sent qu’il travaille à quelque chose, qu’il essaye de composer une chanson de façon très brouillonne. Ce n’est qu’à la fin du film, lors de cette envolée lyrique où, posté derrière ses machines, il donne vie à son morceau de musique que l’on comprend que la création passe par le ressassement, l’isolement voire le rejet du monde extérieur.

I.K. : Tu résumes bien mes intentions, même si pour moi, ça ne traite pas directement de la folie. J’ai voulu filmer un moment d’errance psychique, lorsque tu te lances dans le processus de création et que tu te retrouves dans un état d’incertitude très angoissant. Un artiste peut ressentir le besoin de s’isoler, de se calfeutrer pour créer comme il l’entend, sans être influencé par des interventions extérieures. Je voulais faire de la trajectoire de ce personnage une allégorie de cet état d’errance.

Le fait d’écrire pour Christophe a conditionné beaucoup de choses ?

I.K. : Je voulais faire ce film avec lui pour plusieurs raisons : d’abord parce qu’il a lui-même connu dans sa carrière de chanteur des moments creux, la traversée du désert. Il comprenait tout à fait le sujet et le personnage. Il a également connu la psychiatrie, il a vécu des moments difficiles où il a failli sombrer. Je me suis dit que son expérience personnelle résonnerait parfaitement avec le sujet du film et en deviendrait même le centre. La possibilité de jouer sur différents niveaux de lectures, de questionner la frontière entre la fiction et le documentaire me plaisait.

Christophe a commencé à apparaître dans des courts-métrages, chez Yann Le Quellec (« Le Quepa sur la Vilni ! ») ou Isabelle Prim (« Déjeuner chez Gertrude Stein »). Dans ces films, les réalisateurs ne montrent de lui que son personnage public, celui qu’il s’est créé depuis des dizaines d’année (costume blanc, lunettes fumées, etc). Dans « Juke-Box », j’ai l’impression qu’il joue pour la première fois, qu’il compose un personnage.

I.K. : C’est drôle, car souvent des spectateurs qui sortent du film pensent que je me suis directement inspiré de lui, ils s’imaginent qu’il vit comme ça aujourd’hui, que c’est un artiste déchu. Alors qu’à la fin du tournage, Christophe est venu me voir pour me dire : « C’est la première fois que je suis comédien »? C’est probablement l’aspect du film dont je suis le plus fier, d’être parvenu à l’amener véritablement dans le jeu. Je lui ai offert son premier rôle.

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Sabrina Seyvecou joue un petit rôle dans le film, mais elle est également créditée au générique en tant que « directrice d’acteur ». Comment s’est déroulée cette collaboration au moment du tournage ?

I.K. : Sabrina et Christophe avaient une relation privilégiée, une envie de travailler ensemble. Il a fallu que je m’insère dedans. Sabrina croyait beaucoup au projet, elle était très investie. Sa contribution lors de la préparation du film était capitale, elle faisait la passerelle entre mes envies et Christophe pour l’aider à construire le personnage en amont. Ça s’est compliqué au moment du tournage où il a fallu trouver le juste dosage entre son travail de coach et ma mise en scène. C’était un fonctionnement assez complexe, mais indispensable.

Après ce documentaire sur les affaires familiales, as-tu d’autres projets de films ?

I.K. : Je travaille actuellement sur deux projets de longs-métrages que j’essaye de développer : un premier sur le mode documentaire centré sur la vie d’adolescents en province, et un autre projet de fiction qui serait dans la continuité thématique de « Juke-Box », focalisé sur un personnage qui ne sortirait que la nuit pour arpentait la capitale et qui ferait des rencontres insolites. Avec Christophe, évidemment, comme premier rôle.

Propos recueillis par Marc-Antoine Vaugeois

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J comme Juke-Box

Fiche technique

Synopsis : Daniel est un chanteur qui, après avoir connu son heure de gloire, a plongé dans l’oubli. Il passe ses journées reclus dans son appartement. À force de tourner en rond, il est devenu confus et amer. Connaîtra-t-il de nouveau le succès ? Son obsession frôle la folie…

Genre : Fiction

Durée : 23′

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Ilan Klipper

Scénario : Ilan Klipper, Alicia Harrison

Image : Lazare Pedron

Son : François Meynot

Montage : Nicolas Boucher

Musique : Christophe

Interprétation : Daniel Bevilacqua, Sabrina Seyvecou, Marilyne Canto

Production : Ecce Films

Article associé : l’interview de Ilan Klipper