15ème Brussels Short Film Festival – le palmarès

brussels-short-film-festival-2012

Palmarès International

Le Grand Prix du Festival : € 2500 offerts par la SABAM au meilleur film de la compétition : SHORT FOR VERNESA B. de JONS VUKOREP – Bosnie-Herzégovine / Allemagne – 11’ – 2011

Mention Spéciale du Jury : JUNIOR de JULIA DUCOURNAU – France – 20′ – 2011

Le Prix d’Interprétation Féminine : € 1000 offerts par l’Echevinat de la Culture de la Ville de Bruxelles : ALDONA BENDORIUTE pour  TEVE MUSU de MARIUS IVASKEVICIUS – Lituanie – 28’ – 2011

Le Prix d’Interprétation Masculine : € 1000 offerts par l’Echevinat de la Culture de la Ville de Bruxelles : SHAWN CHRISTENSEN pour CURFEW de SHAWN CHRISTENSEN – Etats-Unis – 19’ – 2011

Le Prix du Public : € 1000 offerts par la Commune d’Ixelles – CURFEW de SHAWN CHRISTENSEN – Etats-Unis – 19’ – 2011

Palmarès National

Le Grand Prix National : € 2500 offerts par la SACD : CRI DU HOMARD de NICOLAS GUIOT – Belgique – 30’ – 2012
Mention spéciale pour « Sidewalk » de Berivan Binevsa

Le Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles : € 2500 offerts au réalisateur d’un film belge francophone – YOUSSOUF LE SOUFFLEUR de LIA BERTELS – Belgique – 5’20” – 2011

Le Prix d’interprétation féminine : € 500 offerts par la Commune d’Ixelles – EVA VAN DER GUCHT pour YOU WILL FIND IT de JESSIE DE LEEUW – Belgique – 17’11 – 2011

Le Prix d’interprétation masculine : € 500 offerts par la Commune d’Ixelles – ITSIK ELBAZ pour LE SYNDROME DU CORNICHON de GERALDINE DOIGNON – Belgique – 21’ – 2012

Le Prix du Jury : € 1500 en prestations techniques offerts par le Studio L’Equipe : OH WILLY… d’EMMA DE SWAEF & MARC JAMES ROELSBelgique – 18’30” – 2011

Le Prix Be TV  : € 1500 comprenant l’achat des droits de diffusion sur BeTV – L’ATTRAPE-REVES de LEO MEDARD – Belgique – 18’30” – 2011

Le Prix TV5 Monde : Un P 310 par Nikon au sein des compétitions nationale et internationale (attribué par des représentant de TV5 Monde) – QUE LA SUITE SOIT DOUCE d’ALICE DE VESTELE – Belgique – 23’ – 2012

Le Prix du Public : € 2500 en travaux offerts par Filmik : FABLE DOMESTIQUE d’ANN SIROT & RAPHAËL BALBONI – Belgique – 22’ – 2012

Le Prix des Centres Culturels : € 500 attribués par des membres de centres culturels et la diffusion du film dans certains des centres du réseau – A NEW OLD STORY d’ANTOINE CUYPERS – Belgique – 22’ – 2012

E comme Eût-elle été criminelle…

Fiche technique

Synopsis : France, été 1944. Les femmes accusées d’avoir entretenu des relations avec des soldats allemands durant la guerre sont publiquement châtiées.

Réalisation : Jean-Gabriel Périot

Genre : Expérimental

Durée : 9′

Année : 2006

Pays : France

Montage : Jean-Gabriel Périot

Son : Jean-Gabriel Périot

Production : Envie de Tempête Productions

Article associé :  la critique du film

Eût-elle été criminelle… de Jean-Gabriel Périot

Primé à de nombreuses reprises et montré un peu partout dès sa sortie en 2006, Eût-elle été criminelle fait partie des films phares de Jean-Gabriel Périot. Un court métrage qui sillonne les frontières du documentaire et de l’animation expérimentale pour servir un propos militant et engagé. Dix minutes citoyennes qui invitent à réfléchir sur la notion d’expiation collective.

France, été 1944, la libération : une foule en liesse exprime sa joie après 5 années d’occupation faite de privations, de souffrances et d’humiliations. Une masse intergénérationnelle processionne joyeusement à travers les rues du pays, brandissant des drapeaux tricolores, étendards d’une patrie unie dans un même sentiment de soulagement et d’espoir. La belliqueuse « Marseillaise » accompagne ces images d’archives qui retracent la guerre, les alliés, les camps, le nazisme, Hitler…

Les images défilent comme des souvenirs qui font mal et que l’on veut vite oublier puis, le rythme effréné se ralentit et l’on aperçoit çà et là des visages, on capture des regards et telle une gifle cinglante, Périot nous fait alors découvrir le revers de la médaille, l’envers du décor, celui qui ne se trouve pas dans les manuels d’histoire. Il s’arrête sur des images d’archives qui dérangent et font honte : la tonte des femmes accusées de collaboration avec l’occupant allemand.

Eminemment symbolique, la tonte se présente alors comme un acte exutoire d’une foule haineuse, un désir féodal de vengeance, une mesure nécessaire qui consiste à se réapproprier le corps de ces femmes « salies » par l’ennemi. Parmi celles-ci, il y avait aussi bien des femmes amoureuses que de vraies collaboratrices, des divorcées que des femmes seules et marginalisées. Dans ce qui s’apparentera à une véritable chasse aux sorcières, les femmes sont exhibées et lynchées sur la place publique. Les frontières entre vie privée et vie publique sont brouillées et le respect de la dignité humaine totalement remis en cause.

D’une efficacité implacable, le film de Périot interroge judicieusement la société sur le concept de châtiment public. La tonte hier, le corps de Kadhafi que l’on exhibe dans les rues de Syrte aujourd’hui, comment une société qui se dit « évoluée » peut-elle cautionner de telles atrocités à l’encontre d’autres êtres humains, s’interroge l’artiste, eurent-ils été des criminels notoires?

Marie Bergeret

Consultez la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Jean-Gabriel Périot

21.04.02 de Jean-Gabriel Périot

Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution par temps de crise. – Berthold Brecht

Encouragé ou plutôt enflammé par l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles françaises de 2002, Jean-Gabriel Périot s’est offert un joli cadeau d’anniversaire en réalisant un court métrage dynamique et dérangeant sur les excès de l’image dans les médias. Dix ans plus tard, le film rappelle à l’ordre la conscience politique et sociale avec une effrayante pertinence.

21-04-2012-jean-gabriel-périot

Avec une rapidité de montage vertigineuse aux limites de la persistance rétinienne, le vidéaste français déploie une fantasmagorie d’images de toutes sortes : iconographie chrétienne, art classique, art pop, images d’archive de politiques, de propagande, de société civile et de guerre, du cinéma, de la pornographie, de la publicité, ainsi que des photographies de famille du réalisateur lui-même (le titre du film représente également son anniversaire). Dix minutes « d’agression » visuelle rythmée par une bande son tout aussi agitée.

Malgré la vitesse de son défilement, chaque plan, lourd en connotation, évoque une réflexion d’ordre social, politique, religieux… Entre société de consommation matérielle et culturelle, décadence morale et spirituelle, chute de la vérité moderniste, éclatement de la vision postmoderniste, tout semble figurer dans ce kaléidoscope bizarre que l’on ose à peine appeler un film, tellement il s’affirme contre les codes reconnaissables du septième art.

Pour ce qu’il est du message politique lié au jour fatidique cité dans le titre, celui-ci apparaît en filigrane de cette panoplie de clichés se présentant comme un état des lieux de la civilisation moderne jusque là. La réponse personnelle qu’apporte Périot à un événement collectif a toute sa pertinence aujourd’hui, au moment où les valeurs fondamentales de la République – Liberté, Egalité et Fraternité – risquent pour beaucoup de s’inverser. Deux présidentielles plus tard, force est de constater que le sujet de consternation pour le réalisateur n’est plus le même, mais s’est déplacé vers la fille Le Pen, et son discours nationaliste de droite qui n’est qu’une prolongation de celui de son père. Mais on le sait bien, l’histoire ne cesse de se répéter : les détracteurs d’un certain « Napoléon du XXIème siècle » ont crié deux fois (en vain ?) aux dangers d’extrémisme prôné par sa soif du pouvoir. De même, « 21.04.02 » devra sans doute être revu en 2017 face à la potentielle réalisation du cauchemar de son auteur – la percée du nationalisme.

Adi Chesson

Consultez la fiche technique du film

Article associé : l’interview de Jean-Gabriel Périot

Focus Jean-Gabriel Périot

Cinéaste de la mémoire, fin analyste de l’image et sondeur passionné du sentiment humain, Jean-Gabriel Périot mène, depuis plus de 10 ans, une carrière prolifique et reconnue dans le milieu du court métrage et du documentaire français.

jean-gabriel-periot

© JS

Nous lui consacrons aujourd’hui un focus spécial et nous vous proposons, à travers plusieurs critiques de ses œuvres phares et au détour d’une interview fleuve, d’en découvrir un peu plus sur ce spécialiste de la mise en perspective, qu’elle soit intime ou d’ordre historique.

Retrouvez dans ce focus :

l’interview de Jean-Gabriel Périot

la critique de « Under Twilight » (2006)

la critique de « Nijuman no borei (200000 fantômes) » (2007)

La critique de « UNDO » (2005)

La critique de « Eût-elle été criminelle… » (2006)

La critique de « 21-04-02 » (2002)

La critique de « L’art délicat de la matraque » (2009)

La critique de « Les Barbares » (2010)

V comme 21.04.02

Fiche technique

21-04-2012-jean-gabriel-périot

Synopsis : Le 21 avril 2002. Soir du premier tour des élections présidentielles. Un point de cassure irrémédiable. Un de ces rares instants où l’on vit vraiment l’Histoire. Et, malheureusement, l’Histoire dans toute sa noirceur. Ce soir-là fut aussi, pour des amis chers, le moment choisi pour une soirée surprise à l’occasion de mon anniversaire. La gâteau eut un goût amer.

Genre : Expérimental

Pays : France

Année : 2002

Durée : 9′

Réalisation : Jean-Gabriel Périot

Scénario : Jean-Gabriel Périot

Montage : Jean-Gabriel Périot

Son : Jean-Gabriel Périot

Production : Heure exquise

Article associé : la critique du film

Millenium Web-doc Meetings : 4 et 5 mai à l’espace Senghor

millenium-web-doc-meetings2012

Les Millenium Web-doc Meetings sont des événements qui se déroulent sur deux jours et mettent à l’honneur le web-documentaire.

Ce nouveau langage connaît un succès retentissant en seulement quelques années d’existence. Il s’adresse aussi bien aux cinéphiles traditionnels qu’à la nouvelle génération internet. Les web-docs rassemblent des communautés actives autour de thèmes cruciaux de notre époque.
Organisées dans le cadre du Festival Millenium, ces journées se dérouleront les 4 et 5 mai 2012 à l’Espace Senghor à Bruxelles.

Découvrez les cinq projets sélectionnés pour le concours de pitching !

CONNECTED WALLS
De Sébastien Wielemans

D’UNE RUE L’AUTRE
De Fabrice Osinski et Thomas Gabison

GEEK POLITICS : LA DÉMOCRATIE DANS LES CÂBLES
De Dancing Dog Productions / Adrien Kaempf

GÉNÉRATION TAHRIR
De Hervé Verloes
(en collaboration avec Joan Roels, Pauline Beugnies, Marion Guénard, Rachida El Azzouzi, Nina Hubinet)

INDIAN RAILWAYS
De Olivier Grinnaert
5 projets ont été sélectionnés. Les auteurs les présenteront lors d’une séance publique de pitching le 4 mai 2012 lors des MWM.

Ils y recevront les avis et les conseils de créateurs, de producteurs et de distributeurs reconnus.

Le meilleur projet recevra une bourse d’aide au développement de 2500 €, offerte par la SCAM.

Le Jury des Millenium Web-doc Meetings et composé de :
David Dufresne, Président du jury
Sophie Berque
Abel Carlier
Simon Duflo
Alain Gerard
Gerald Holubowicz
Patric Jean
Marc Lustigman
Alok Nandi

Deux courts métrages de Tsai Ming-Liang et João Pedro Rodrigues en Clôture de la Semaine de la Critique

Section dédiée aux découvertes, la Semaine de la Critique a toujours apporté une attention particulière au court métrage, y compris lorsqu’il est le terrain d’expérimentation de cinéastes confirmés. Pour la Clôture de sa 51e édition, la Semaine met à l’honneur le travail sur le format court des cinéastes Tsai Ming-Liang et João Pedro Rodrigues avec deux films qui questionnent la temporalité à travers des espaces urbains.

walker

Tsai Ming-Liang a imposé le cinéma Taïwanais dans le paysage mondial. Ses films ont remporté de nombreux prix parmi lesquels le Lion d’Or à Venise en 1994 pour « Vive l’amour » et l’Ours d’Argent en 2004 pour « La Saveur de la pastèqu »e . Ses films « The Hole » (1998), « Et là-bas quelle heure est-il? » (2001) puis « Visage » en 2009 ont été presentés en compétition au Festival de Cannes. ll a récemment commencé à produire une jeune génération de cinéastes asiatiques et continue sans cesse d’interroger sa pratique artistique en se confrontant au théâtre, aux arts plastiques et au court métrage.

manha-do-santo-antonio

João Pedro Rodrigues est la grande révélation du cinéma portugais de ces dernières années. Le plus novateur par son œuvre qui explore des identités sexuelles troubles. Après son premier long métrage, « O Fantasma » en 2001, il s’impose avec « Odete », presenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2005 où il obtient le Prix cinémas de recherche. En 2009, il signe « Mourir comme un homme », un mélodrame sur le milieu des travestis de Lisbonne présenté au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard. Cette année, João Pedro Rodrigues est déjà présent à la Semaine de la Critique comme Président du Jury Découverte Nikon du court métrage.

« Walker » de Tsai Ming-Liang et « Manhã de Santo António » de João Pedro Rodrigues seront présentés le jeudi 24 mai lors de la Soirée de Clôture de la 51e Semaine de la Critique.