Festival de Vendôme édition 2011. Regard sur trois films de la compétition nationale

Sous la lame de l’épée de Hélier Cisterne

Lorsque dans le métro, Flo, lycéenne parisienne forte en gueule, portant blouson, cran d’arrêt et docks rencontre Tom, un des ses camarades de classe discret et bon élève, lequel est le plus rebelle ? Et, surtout, lequel est le plus rusé ?

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Deux styles mais aussi deux cultures se croisent, telles des lames, dans « Sous la lame de l’épée ». L’une, bruyante, accessible, datée et ostensible est ignorante de l’autre, tellement empêtrée dans son assurance et ses revendications, alors que l’autre l’observe. L’opposition des styles et des cultures peut apparaître caricaturale. Mais on peut aussi se laisser entraîner dans ce début d’initiation à la culture asiatique souvent perçue en occident comme très fermée. Et voir quelques unes des métaphores qui la relient à la culture occidentale. Par exemple, ce sens du secret partagé par Flo et Tom. Ou cette lame de cran d’arrêt que porte et cache Flo et qui, pour Tom, correspond à ses bombes à graffitis. Une certaine solitude aussi les rapproche. Même si Flo, plutôt jolie fille, est entourée de jeunes bellâtres semblant en partie clonés sur le modèle des BB brunes, elle semble n’avoir aucun véritable engagement avec eux. Loin d’une rivalité à la Highlander entre les deux jeunes gens, « Sous la lame de l’épée » raconte une possible histoire d’amour et de liberté.

Petite pute de Claudine Natkin

Jamie Lee Curtis faisant un strip tease dans « True Lies ». Une prostituée qui se trompe dans son dialogue appris par cœur devant son client qui la reprend dans « Entre adultes » de Stéphane Brizé. Mes chères études de Laura D ou le téléfilm inspiré du même livre et réalisé par Emmanuelle Bercot.

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Il y a de ça dans l’histoire de Léa, 20 ans, qui ignore qu’après une journée de travail comme une autre, une chambre d’hôtel va remplacer son étalage de supermarché, et que le poisson qu’elle va vendre sera fait de sa chair et de ses écailles. Quatre cents euros la passe. C’est dans « Petite pute », court métrage punk de Claudine Natkin où l’on nous montre une certaine jeunesse que l’on voit assez peu dans les films de l’Hexagone. Parce qu’il s’y trouve un rapport assez frontal voire viral avec le shit, l’alcool, le sexe, le fric. Et que cette façon plutôt directe (virile ?) de mettre en scène cette jeunesse nous déloge des intrigues sentimentalo-cérébrales coutumières. Ici, c’est l’actrice Laurie Lévêque (lire son interview) qui se risque avec aplomb, pudeur et réussite à l’exercice. On peut être inquiet devant ce que nous montre ce court, cette jeunesse d’avant la dégringolade dont le corps à peine rôdé est déjà colmaté par les substances. Mais un court métrage qui rappelle le titre « Tricky Kid » de Tricky (« they used to call me tricky-kid, I live the life they wish they did…. « ) ainsi qu’un de ses adages (« Seule compte l’énergie ! ») est un court métrage à saisir. D’autant que, question énergie musicale, « Petite pute » possède sa propre centrale avec le titre « Sexy Ghetto » du groupe Sexy Sushi aux paroles explicites :

« Fucking bitch
I tell you
Don’t look at me I’m dangerous
Fucking bitch when you see me
Down your eyes ‘cause I lost my mind… ».

Une île  de Anne Alix

Thierry a pour tout passeport son air de Philippe Léotard, son gros blouson, son Jean, son sac et ses santiags quand il arrive à l’île d’Oléron pour se refaire une vie ainsi qu’une certaine virginité. Même si sa mémoire est aussi franche que son regard, capable de scier l’horizon et certaines règles de bienséance.  Avec « Une île », la réalisatrice Anne Alix a choisi de faire exister le récit de cet homme – qui va rencontrer une femme – dans une filiation de l’histoire d’Adam et Eve. C’est dire son affection pour le personnage de Thierry et on la suit. Mais cette voix off qui nous explique l’origine du monde et la chute d’Adam et Eve, même agréable, nous dérange un peu dans ce court métrage qui peut être vu comme une sorte de conte pour adulte qui a quelques points communs avec le Angèle et Tony d’Alix Delaporte.

Si « Petite pute » et « Sous la lame de l’épée » sont des court métrages urbains, « Une île » a pour décor la mer, la mémoire, la famille, l’enfance ainsi qu’un besoin d’éviter la ville et, en particulier Paris, lieu où l’on se délite et où l’on a très peu d’espace pour vivre.

A cette sorte d’indifférenciation des êtres que l’on observe dans « Petite pute » et  « Sous la lame de l’épée », s’oppose ici le temps des hommes et des femmes : le monde ne s’est pas fait en un jour et « Une île » nous le rappelle. Constitué de flagrances poétiques, « Une île » nous donne accès à un monde et une vie que nous regardons peu. Que ce soit lors de cette scène où Thierry, sur une barque la nuit, regarde des chevaux dans un pré. Ou lorsqu’il prend le temps d’une certaine pause alors que ses nouveaux collègues l’attendent pour une cargaison d’huîtres. Si l’acteur Thierry Levaret donne du coffre à ce court, Caroline Ducey nous redonne plaisir à la revoir.

Franck Unimon

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S comme Sous la lame de l’épée

Fiche technique

Synopsis : Dans son lycée parisien, Tom, d’origine chinoise, est un élève studieux qui fait partie du décor. Son aptitude à se faire oublier lui donne une nécessaire liberté.

Genre : Fiction

Durée : 13′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Hélier Cisterne

Scénario : Hélier Cisterne et Nicolas Journet

Image : Antoine Parouty

Montage : Thomas Marchand

Son : Florent Klockenbring

Interprétation : Yangfan Xiang, Léa Rougeron

Production : Les Films du bélier

Article associé : Festival de Vendôme édition 2011. Regard sur trois films de la compétition nationale

I comme Une île

Fiche technique

Synopsis : Thierry entre dans la dernière partie de sa vie lorsqu’il arrive à Oléron. Il lui faut réussir là-bas ce qu’il semble avoir raté ailleurs.

Genre : Fiction

Durée : 59′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Anne Alix

Scénario : Anne Alix

Image : Guillaume Brault

Montage : Anna Riche

Son : Ivan Broussegoutte

Musique : Jean-François Pauvros

Interprétation : Caroline Ducey, Thierry Levaret

Production : Batysphère productions

Article associé : Festival de Vendôme édition 2011. Regard sur trois films de la compétition nationale

P comme Petite pute

Fiche technique

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Synopsis : Léa, 20 ans, est poissonnière dans un supermarché. Elle espérait passer une soirée agréable avec son copain mais celui-ci la laisse en plan. Elle accepte alors une certaine expérience.

Genre : Fiction

Durée : 27′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Claudine Natkin

Scénario : Claudine Natkin

Image : Pierre Maillis-Laval

Montage : Coralie Van Rietschoten

Son : Emmanuel Bonnat, Julien Roig, Vincent Verdoux

Interprétation : Laurie Lévêque, Loic Brabant, Jean-Damien Detouillon, Florence-Iris Bouloc

Production : Sésame Films, Same Player

Articles associés : Festival de Vendôme édition 2011. Regard sur trois films de la compétition nationale , l’interview de Laurie Lévêque

Guillaume Bureau : « J’avais envie de réaliser un film ludique. En passant d’un décor à un autre, les personnages sont un peu comme dans un jeu de l’oie, je voulais montrer plusieurs combinaisons possibles »

Qu’on se le dise : Guillaume Bureau est un vrai gentil, ou plutôt un vrai discret, loin des paillettes et de l’intellectualisme qu’on reproche trop souvent au cinéma. Fort d’une certaine expérience dans le domaine du court-métrage et avec un univers bien à lui, il n’en reste pas moins une personne modeste, soucieuse que les autres comprennent bien le sens qu’il a voulu donner à ses films. Nous l’avons donc rencontré en exclusivité à Vendôme pour la première sélection en festival de son nouveau court métrage « Sylvain Rivière ».

Tu es venu à Vendôme pour présenter Sylvain Rivière, sélectionné ici pour la première fois puisque tu l’as récemment terminé. S’agit-il de ton premier film ?

Non, c’est mon quatrième film. Auparavant, j’ai réalisé deux courts-métrages produits et un autre autoproduit.

Tes précédents films ont-ils été produits avec la même société que pour celui-ci ?

Non. Les deux premiers ont été réalisés avec la productrice Gaëlle Jones, respectivement avec Château-Rouge Production et avec Red Star Cinéma. Puis, elle a arrêté la production en 2008, j’ai donc cherché un nouveau producteur. J’ai rencontré Nicolas Brevière chez Local Films puis on a cherché de l’argent pendant un an, un an et demi.

Lors de la dernière édition du Festival Côté Court de Pantin, ton scénario avait reçu le coup de cœur du jury. Avais-tu déjà ce prix lorsque tu as rencontré Nicolas Brevière ?

Non, je n’avais encore rien. Quand j’ai rencontré Nicolas, le projet passait en plénière à Centre-Image pour la région Centre que je n’ai pas eue finalement. C’étaient les seules avancées que j’avais à ce moment-là. On avait donc déjà signé un accord de production entre Nicolas et moi lorsque j’ai eu le coup de cœur du jury à Pantin.

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D’ailleurs, tu nous disais à Pantin qu’à la lecture de ton scénario, le film était en réalité déjà tourné.

Oui, on l’a tourné au mois de mai 2011 et j’ai reçu le « coup de cœur du jury», en juin, un mois après le tournage. Mais, même si le film avait déjà été tourné, j’ai été très agréablement surpris de cette lecture. J’ai vraiment retrouvé le film. Disons que mon scénario est très écrit car il repose beaucoup sur les dialogues et là, j’ai vraiment retrouvé les sensations que j’avais eues sur le tournage.

Si tu as retrouvé les mêmes sensations qu’au tournage, cela signifie que tes comédiens n’ont pas trop transformé ton texte.

Non… J’aime bien qu’on respecte le texte. Par conséquent, ils l’ont appris et bien entendu, des transformations ont été faites au montage. Avec Alexandra Mélot, la monteuse, on a resserré certaines scènes.

Avais-tu déjà ces comédiens-là en tête ? Et avais-tu déjà travaillé avec eux ?

Pas tous, en réalité. J’ai écrit le film pour Ghislain de Fonclare, qui interprète le rôle principal. Disons que le personnage de Sylvain est très inspiré de sa façon d’être. Sylvain est un peu rêveur, enthousiaste, presque enfantin, avec une présence douce mais qui peut se révéler insolente… Quant à Laure Wolf, elle avait déjà joué dans mon court-métrage précédent et j’ai également beaucoup pensé à elle pendant l’écriture pour interpréter Christine, ingénue et mélancolique. Avec Ghislain et Laure, j’avais par conséquent déjà un couple à l’écran. Il m’a donc fallu chercher un deuxième couple de manière à former le quatuor de mon film : Florence Loiret-Caille et Guillaume Verdier me sont apparus comme une évidence. Je les ai choisis en fonction des tempéraments des deux premiers comédiens afin qu’ils s’opposent puisque mon film montre deux façons de se rencontrer. Il y a une première façon pleine de détours et très alambiquée, qui est celle de Christine et Sylvain, tandis que les deux autres personnages sont beaucoup plus directs. J’ai immédiatement pensé à Florence Loiret Caille pour interpréter Rose, plus terrienne et plus spontanée. Ça a été la même chose pour Guillaume Verdier, qui dégage par ailleurs l’énergie sexuelle qui était nécessaire au rôle d’Arthur.

À travers ton film, on pourrait croire à une critique de l’amour moderne puisque là où le premier couple semble ridicule de par sa manière un peu « à l’ancienne » d’aborder la rencontre, finalement ce sont eux deux qui semblent être les plus sincères et les plus poétiques.

En réalité, je n’avais pas pensé à ça comme lecture du film. Disons que pour moi, il n’y a pas une rencontre qui prévaut sur une autre. Il existe deux manières de se rencontrer et chacun trouve son bonheur comme il lui convient. En revanche, je voulais plus volontiers montrer à travers le personnage de Christine, qui avait tout prévu (la lettre d’amour, le déroulement de la rencontre, etc…), que finalement, si rien ne se passe comme elle l’avait imaginé, c’est que la rencontre par définition et quelle qu’elle soit, est toujours liée au hasard. C’est l’étonnement qui créé le rapport amoureux…

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Dans ce cas, qu’apporte le recours à l’art lyrique et aux chants anciens?

J’écoute beaucoup de musique classique, par goût. J’avais emprunté le disque de Guillaume de Machaut (1300-1377 / écrivain et compositeur lyrique) à la bibliothèque et j’avais été très touché lorsque je l’ai écouté. La chanson que j’ai utilisée pour le film est en ancien français, c’est-à-dire qu’on comprend et qu’on ne comprend pas les paroles : c’est étranger et familier à la fois. Selon moi, c’est justement ça qui est émouvant lorsque Sylvain va fredonner cette chanson à Christine à la fin : on pourrait comparer ce moment à une métaphore de la rencontre amoureuse. Entre eux, c’est à la fois une reconnaissance et un saut vers l’inconnu.

Que raconte cette chanson ?

Un amant n’ose pas dire à sa dame qu’il l’aime car il a peur d’essuyer un refus. Ainsi, il garde son amour secret. Christine est un peu pareille : elle a peur que l’homme sur qui elle fantasme lui dise non, au point qu’elle en a un malaise. Quant à Sylvain, il est similaire : c’est un spécialiste des amours impossibles. Christine et Sylvain, en écho à la chanson, incarnent deux formes d’amour mélancolique. Je souhaitais rendre à nouveau cette ballade vivante en la faisant chanter à Sylvain. C’était comme une expérience, voir si elle pouvait à nouveau agir comme déclencheur d’un sentiment amoureux. En tous cas, mon intention n’était pas de faire un film passéiste. Ce qui était important pour moi, c’était vraiment de confronter cette chanson médiévale à un univers contemporain pour créer un réel contraste.

Peux-tu nous parler de la relation entre cette musique et les quiproquos du film ?

Oui. En réalité, je souhaitais réaliser un film ludique. Il y a de nombreux décors : le film dure 23 minutes et il y a 11 décors dont le Musée des Beaux-Arts de Caen comme décor central. Je voulais qu’en passant d’un décor à un autre, les personnages soient un peu comme dans un jeu de l’oie. Je trouvais ça divertissant de démontrer qu’il peut y avoir diverses combinaisons possibles. Pour moi, lorsqu’on entend la chanson de Guillaume de Machaut d’un lieu à l’autre, c’est comme si on entendait la petite musique de l’amour qui contamine les différents personnages : il y a de l’amour dans l’air.

Pour terminer, pourrais-tu nous parler de ton rapport au court métrage ? Quel est ton regard sur ce format ?

Fort heureusement, ça existe car j’ai énormément appris en faisant des courts métrages; aussi bien en termes d’écriture que de réalisation. Parallèlement, cela permet de rencontrer des gens avec qui travailler, de former une équipe. Par exemple, j’ai toujours le même chef opérateur, la même monteuse image, la même monteuse son, le même mixeur, etc… Le court métrage offre un espace de liberté inouï. Pour moi, c’est très important.

Le mot de la fin. Quelle est ton actualité ?

En 2010, j’ai suivi l’Atelier Scénario de la Fémis, durant lequel j’ai écrit un scénario de long-métrage qui est en phase de réécriture. Je suis également en train de débuter un autre projet de long-métrage car c’est important d’avoir plusieurs projets en cours. Par ailleurs, je commence à peine un autre scénario de court métrage qui est l’adaptation d’une nouvelle d’Edith Warton, mais c’est vraiment très récent puisque j’ai seulement dû écrire une page de synopsis pour le moment. Ça serait transposé à l’époque contemporaine… Je continue par conséquent un peu sur les mêmes thématiques.

Propos recueillis par Camille Monin

Article associé : la critique du film

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Logorama online

Le film est encore pour quelques heures sur le site de Court-Circuit, voici une des dernières chances de voir ou revoir gratuitement « Logorama » (César, Oscar).

Synopsis : Dans un Los Angeles entièrement constitué de logos, deux Bibendums policiers engagent une course-poursuite avec Ronald Mc Donald, un trafiquant d’armes. Lorsque ce dernier a un accident, il prend en otage un enfant et se réfugie dans un restaurant, avant qu’un tremblement de terre (le « Big One ») n’anéantisse la ville.

Le film

Retrouvez nos sujets associés au film :

La critique de « Logorama » de H5
l’Interview de Ludovic Houplain, co-réalisateur de « Logorama »
l’interview de Nicolas Schmerkin, producteur du film

Short Screens #14 : spéciale Noël

Pour clôturer l’année en beauté, Short Screens vous propose une séance thématique spéciale, avec six titres traitant de la période de Noël et des différentes manières dont elle est vécue. Découvrez la programmation dans le document ci-dessous.

Short Screens #14 : le 29 décembre à 19h30, à l’Actors Studio, Bruxelles (PAF : 6 euros)

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Clermont-Ferrand, les titres Labo

Dernière section à se dévoiler, après la nationale et l’internationale : les films de la compétition Labo du prochain festival de Clermont-Ferrand (27/1-4/2) sont désormais connus.

Les titres en question

Centrifuge Brain Project (The) – Till Nowak – Allemagne
Fliegen (The Birds II) (Die) – Maria Hempel Susann – Allemagne
How to Raise the Moon – Anja Struck – Allemagne Danemark
Meteor – Christoph Girardet, Matthias Müller – Allemagne
At the Formal – Andrew Kavanagh – Australie
Attach Boat to Motor – Nathan Lewis – Australie
Streets of the Invisibles (The) – Remo Rauscher – Autriche
Moving Stories – Nicolas Provost – Belgique
Dona Sônia pediu uma arma para seu vizinho Alcides – Gabriel Martins – Brésil
Hope – Pedro Pires – Canada, Québec
Derivation – Hyun-Suk Seo -Corée du Sud
Night Fishing – Park Chan-Kyong, Park Chan-wook – Corée du Sud
Heavy Heads – Helena Frank – Danemark
Doomed (Condenados) – Guillermo GarcÍa CarsÍ – Espagne
Choros – Michael Langan, Terah Maher – Etats-Unis
Chase – Adriaan Lokman – France, Pays-Bas
Songe de Poliphile (Le) – Camille Henrot – France
Capo (il) – Yuri Ancarani – Italie
Dell’ammazzare il maiale – Simone Massi – Italie
663114 – Isamu Hirabayashi – Japon
Galim susitkti, galim nesusitikti- Skirmanta Jakaite – Lituanie
We’ll become oil – Mihai Grecu – Roumanie
Belly – Julia Pott – Royaume-Uni, Angleterre
Bobby Yeah – Robert Morgan – Royaume-Uni, Angleterre
God View – Billy Lumby – Royaume-Uni, Angleterre
Henrick – Yoonah Nam – Royaume-Uni, Angleterre
In Transit – Cathrine Heidi Morstang – Royaume-Uni, Angleterre, Russie
Moxie – Stephen Irwin – Royaume-Uni, Angleterre
Pub (The) – Joseph Pierce – Royaume-Uni, Angleterre
Sunday – Duane Hopkins – Royaume-Uni, Angleterre
Wind Over Lake – Jeorge Elkin – Royaume-Uni, Ecosse
Portrait From Haiti – Giovanni Fantoni Modena – Singapour
Posledny autobus – Ivana Laucíková, Martin Snopek – Slovaquie
Killing the chickens to scare the monkeys – Jens Assur – Suède, Thailande
Passing Through the Night – Wattanapume Laisuwanchai – Thailande

Clermont, les films de l’international

Découvrez les 75 films sélectionnés pour la 34e édition du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand…

Umkhungo – Matthew Jankes – Afrique du Sud
Demain, Alger ? – Amin Sidi-Boumedine – Algérie
Armadingen – Philipp Käßbohrer – Allemagne
Ausreichend – Isabel Prahl -Allemagne
Daheim – Olaf Held – Allemagne
Crimenes (Los) – Santiago Esteves – Argentine
Paris Lakes – Robert Stephenson – Australie
Tethered – Craig Irvin – Australie
Little Precious – Yilin – Autriche, Chine
Mal de mère – Alexia Cooper – Belgique
Nuru – Michael Palmaers – Belgique
Prtljag – Danis Tanovic – Bosnie-Herzégovine
Céu no andar de baixo (O) – Leonardo Cata Preta – Brésil
Fábrica (A) – Alysson Muritiba – Brésil
We Ate the Children Last – Andrew Cividino – Canada
Wild Life – Wendy Tilby, Amanda Forbis – Canada
Trotteur – Francis Leclerc, Arnaud Brisebois – Canada, Québec
Titanes – Edison Cájas – Chili
Twenty Dollars – Chit Lam See – Chine, Hong Kong
Asunto de gallos – Joan Gomez – Colombie
Guest – Ga Eun Yoon – Corée du Sud
Hello – Junbeom So – Corée du Sud
Dove sei, amor mio – Veljko Popovic – Croatie
Papalotes – Ariagna Fajardo Nuviola – Cuba
Hovedløst Begær –  Lysgaard Andersen Kim – Danemark
Al Hesab – Omar Khaled – Egypte
Broma infinita (La) – David Muñoz – Espagne
Matador on the Road – Alexis Morante – Espagne
Keha mälu (Body Memory) – Ulo Pikkov – Estonie
Cupid – Dion John – Etats-Unis
Curfew – Shawn Christensen – Etats-Unis
L Train – Anna Musso – Etats-Unis
Shoot the Moon – Alexander Gaeta – Etats-Unis
Wolf Carver – Aino Suni, Ilona Tolmunen – Finlande
Conquérants (Les) – Szabo Sarolta, Bànòczki Tibor – France Canada
Oh Willy – Marc Roels, Emma de Swaef – France, Belgique, Pays-Bas
Dad, Lenin and Freddy – Irene Dragassaki – Grèce
Cuando Sea Grande – Jayro Bustamante – Guatemala, France
Real Millionaire (The) – Piyush Thakur – Inde
Bermula Dari A – BW Purbanegara – Indonésie
Under The Colours – Esmaeel Monsef – Iran
Blinky TM – Ruairi Robinson – Irlande
Salt of the Earth – Roni Beeri – Israël
Susya – Dani Rosenberg, Yoav Gross – Israël, Palestine
Morti di Alos (I) – Daniele Atzeni – Italie
DIY Encouragement – Kohei Yoshino – Japon
Hoshigaki – Dean Yamada – Japon, Etats-Unis
Jamgyr – Aygul Bakanova – Kirghizstan, Royaume-Uni, Angleterre
Ursus – Reinis Petersons -Lettonie
Mari Pepa – Samuel Kishi Leopo – Mexique
Tuba Atlantic – Hallvar Witzø -Norvège
Lambs – Sam Kelly – Nouvelle-Zélande
Calle Última – Marcelo Martinessi – Paraguay
Een bizarre samenloop van omstandigheden – Joost Reijmers – Pays-Bas
Olifantenvoeten – Dan Geesin – Pays-Bas
Noise – Przemyslaw Adamski – Pologne
Opowiesci z chlodni – Grzegorz Jaroszuk -Pologne
Gabi – Zoe Salicrup Junco – Porto Rico
Água Fria – Pedro Neves – Portugal
Fado do Homem Crescido – Pedro Brito – Portugal
Graffitiger – Libor Pixa -Rép. Tchèque
Lost Springs 2 – Andrei Dobrescu – Roumanie
A Morning Stroll – Grant Orchard – Royaume-Uni, Angleterre
Hello My Name is Olga – Tatiana Korol – Royaume-Uni, Angleterre
Jam Today – Simon Ellis – Royaume-Uni, Angleterre
Long Distance Information – Douglas Hart – Royaume-Uni, Angleterre
Song of the Mecanical Fish (The ) – Philipp Yuryev – Russie
Artificial Melodrama – Giovanni Fantoni Modena – Singapour
Manila Running – Anuj Gulati – Singapour, Philippines
Posledny autobus – Ivana Laucíková, Martin Snopek -Slovaquie
Unliving (The) – Hugo Lilja – Suède
EInspruch VI – Rolando Colla – Suisse
Retour à Mandima – Robert-Jan Lacombe – Suisse
Time of Cherry Blossoms Shiu-Cheng Tsai – Taiwan
Take/Know/Low/Yee – Tippawan Narintorn -Thailande
Vivre – Walid Tayaa – Tunisie
Mujeres del Tirano – Ernesto Solo – Vénézuela

Sylvain Rivière de Guillaume Bureau

« Sylvain Rivière », projeté lors de la compétition nationale de la 20ème édition du festival de Vendôme, n’est en aucun cas le frère de Jimmy Rivière, mais plutôt le cousin d’Amélie Poulain avec un peu de sang des personnages joués par Pierre Richard qui lui coule dans les veines.

En effet, ce Sylvain Rivière-là est un homme sensible, un peu distrait à la limite de l’autisme, mais plus volontiers pour son caractère unique et légèrement « paumé » que pour un aspect malade du terme. Avant tout, Sylvain Rivière est un romantique « à l’ancienne » et un vrai rêveur. Si bien que le jour où Christine s’évanouit devant lui alors qu’il remplace un ami comme agent de surveillance dans un musée, il ne sait plus où donner de la tête si ce n’est en direction de cette jolie rousse.

Le film nous entraîne dans un film choral où certes, c’est le personnage de Sylvain Rivière qui sert de point de départ, mais où les personnages de Christine, sa colocataire Rose et le  » réel » agent de surveillance, Arthur, ami de Sylvain, n’en sont pas moins importants. On assiste à un chassé-croisé des quatre héros et surtout à un quiproquo autour de cette fameuse lettre remise à la mauvaise personne créant des couples qui n’auraient pas pu se faire autrement. Le parallèle se produit alors entre un romantisme « fleur bleue » probablement catalogué de « vieux jeu » et une approche beaucoup plus sensuelle et sauvage entre deux individus. Sylvain Rivière se met au chant lyrique pour conquérir le cœur de sa douce tandis que Rose et Arthur se lancent dans un « rentre-dedans » beaucoup plus franc et sans froufrou.

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Cela donne une comédie romantique fraîche et plutôt agréable à regarder, d’autant plus qu’une visite de Caen et de son Palais des Beaux-Arts sont au programme. De même, le ton léger du film, malgré les chants lyriques récurrents (qui donnent, soit dit en passant, le rythme romantique du film), permet de s’attacher à tous les personnages qu’ils soient « cul-cul la praline » ou véritables collectionneurs de femmes, tous largement à la hauteur de ce court métrage et très bien dirigés par Guillaume Bureau.

De même, on osera dire que Monsieur Bureau, même si son Sylvain Rivière, peut-être un peu trop fait de bons sentiments, risque de rester trop inaperçu, est un des rares réalisateurs de la partie Vendômoise sur lequel on parierait pour un long-métrage prochainement, au vu de ses thématiques universelles et de sa maîtrise des personnages multiples qui s’entrecroisent.

Camille Monin

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Article associé : l’interview de Guillaume Bureau

S comme Sylvain Rivière

Fiche technique

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Synopsis : Sylvain Rivière, chômeur distrait et rêveur, remplace un ami comme agent de surveillance au Musée des Beaux-Arts. Lors d’une visite guidée, Christine lui confie une lettre d’amour destinée à cet ami, avant de disparaître. Troublé par la jeune femme, Sylvain garde la lettre et part à sa recherche…

Genre : Fiction

Durée : 22′

Pays : France

Année : 2011

Réalisation : Guillaume Bureau

Scénario : Guillaume Bureau

Image : Nicolas de Saint Quentin

Montage : Alexandra Mélot

Son : Laurent Benaïm, Josefina Rodriguez, Emmanuel Croset

Musique : Laurent Benaïm

Interprétation : Ghislain de Fonclare, Laure Wolf, Florence Loiret Caille, Guillaume Verdier

Production : Local Film

Article associé : la critique du film

Festival de Vendôme, la compétition nationale

Voici un petit récapitulatif de cette 20e édition du Festival du Film de Vendôme, et tout particulièrement de la compétition nationale puisque notre jury Format Court avait pour mission de primer le meilleur film de cette catégorie. Pour les 20 ans du festival, 20 films courts étaient en compétition dans la catégorie nationale, tous genres confondus, allant de 9 à 59 minutes et divisés en 6 projections aussi diversifiées les unes que les autres, mais assurément, toutes d’une grande qualité.

Rappelons que la caractéristique du Festival du Film de Vendôme est de sélectionner uniquement des films qui ont bénéficié d’un soutien des collectivités territoriales, si bien que pour la plupart des films, les voyages se font aux quatre coins de la France. Même si les films de Vendôme sont tous très différents les uns des autres, on notera certains thèmes communs : après une période où le court s’est voulu axé sur le « social », on assiste là à un retour aux questionnements individuels sous des formes cinématographiques originales, dignes de la Nouvelle Vague, mais toujours au plus prêt de l’humain.

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« Les pseudonymes »

Le spectateur se confronte à des personnages imparfaits (timides, réservés, distraits, incertains, souvent silencieux pourtant si égoïstes…) dont la rencontre est le principal moteur de retournement. La rencontre à travers l’art est souvent traitée. Dans « Dancing Odéon » de Kathy Sebbah, la danse de salon est le prétexte à l’échange. Pour d’autres comme dans « Sylvain Rivière » de Guillaume Bureau, l’échange passera par l’apprentissage du chant lyrique ou par la littérature comme dans « Les pseudonymes » de Nicolas Engel. Dans « Les larmes » de Laurent Larivière, la rencontre passe par le cinéma, plus exactement par une référence aux « Parapluie de Cherbourg » de Jacques Demy. Dans le court-métrage commandé par Christophe Taudière (ndr – responsable des programmes courts sur France Télévision) à Hélier Cisterne, « Sous la lame de l’épée », un échange a lieu autour de l’art des Samouraïs.

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« Tempête dans une chambre à coucher »

Autre constat psychologique et thématique : les femmes prennent le dessus. On remarquera d’ailleurs que sur 20 films en sélection, la moitié est réalisée par des femmes. En tout cas, dans les propos de ces courts-métrages, qu’ils soient réalisés par des femme ou pas, les personnages féminins s’assument et mènent même la danse. C’est assurément dans  « Un monde sans femmes » de Guillaume Brac que ce commentaire prend toute sa valeur, mais aussi dans « Petite pute » de Claudine Natkin où le personnage de Léa découvre son plaisir sexuel en étant prostituée d’un soir. Sexuellement parlant, Laurence Arcadias et Juliette Marchand tiennent à nous prouver dans leur film d’animation « Tempête dans une chambre à coucher » que oui, les femmes « prennent leur pied » et qu’elles en redemandent. Idem pour la jolie Caroline Ducey jouant le rôle de Billie dans « Une île » d’Anne Alix qui se présente volontiers comme une « fille facile » et qui aime sans se laisser faire pour autant. Dans « Tania » de Giovanni Sportiello, celle-ci tolère peut-être moins l’amour volage et le sexe facile en ne supportant pas qu’un homme ne la rappelle pas le lendemain, mais elle ne se laissera pas faire pour autant, le rattrapant un marteau à la main.

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« Le Marin masqué »

Il restera – parmi encore d’autres de la compétition – le fameux « Marin masqué » de Sophie Letourneur, film sur-primé dans la France entière qui regroupe à lui tout seul tous les critères évoqués ci-dessus : deux copines trentenaires parties se changer les idées en Bretagne, font preuve à la fois d’une grande fragilité et d’un égoïsme qui en devient comique (ou pas, d’ailleurs). Retour sur leur passé, plan sur la comète pour l’avenir, questionnement sur questionnement sans jamais écouter la réponse de l’autre sur fond de carte postale de Quimper, « Le Marin masqué » mêle le tout, traité à travers une forme cinématographique « cheap » (images crues, sombres et presque floues parfois, voix off en surplus) et pourtant tellement « Nouvelle vague » et servant si bien l’histoire.

Bref, vous l’aurez compris : nous avons été ravis de découvrir le crû 2011 de Vendôme, dont nous vous faisons part ces jours-ci à travers les interviews et les critiques de certains films qui ont particulièrement retenu notre attention.

Camille Monin

Festival de Vendôme

Organisé par Centre Images, agence régionale du Centre pour le cinéma et l’audiovisuel, le festival du film de Vendôme (2-9 décembre 2011) a souhaité mettre en avant cette année, « 20 ans d’envolées cinématographiques ». Menée depuis deux ans par Emilie Parey, la manifestation s’est orientée autour de la jeune création contemporaine européenne, via ses deux compétitions de courts (française et européenne), a opéré un flash back autour de films courts  ayant marqué le festival (« Merci Cupidon »« Plot Point », « La dame au chien » , « 7:35 de la mañana » etc) ou de longs métrages de patrimoine (« Portrait d’une enfant déchue », « Théorème », « Violence à Park Row »), a orchestré des avant-premières (« 17 filles, « L’estate di Giacomo » etc) et a fait des petits pas du côté du cinéma d’animation (La boîte à malice de Koji Yamamura, l’animation croate, le portrait François Vogel, etc).

Retrouvez dans ce Focus :

Angers : Plans animés & 3D relief

En guise d’ultimes liens au festival d’Angers, voici les titres repris par les Plans animés et les premiers films réalisés en 3D Relief.

Plans animés

Wandernd haus voll Vogelwasser – Veronika Samartseva Allemagne 9′
Cases ou « Je ne suis pas un monstre » – Hannah Letaïf Belgique 4′
Cleo’s Boogie – Collectif Belgique 6′
Les Poils : histoires et bizarreries du système pileux – Jeanne Boukraa Belgique 5′
Malou ou l’hostilité mécanique (en Ut majeur) – Evelien De Roeck Belgique 5′
Abwesenheit – Ramon Lez Espagne 12′
Là où meurent les chiens – Svetlana Filippova France 12′
Chacun son goût – Hyun Hee Kang France 3′
Conte de faits – Jumi Yoon France 4′
Je ne suis personne – Jonas Schloesing France 6′
L’Ère bête – T. Caudron, I. Menet, L. Meriaux, C. Tissier France 6′
Un Drame – Margaux Duseigneur France 3′
Galeria – Robert Proch Pologne 5′
Noise – Przemyslaw Adamski Pologne 7′
Life is a Bitch – Michaela Hoffova République Tchèque 8′
Henrick – Yoonah Nam Royaume-Uni 5′
Howard – Julia Pott Royaume-Uni 4′
Slow Derek – Daniel Ojari Royaume-Uni 8′
I’m Fine Thanks – Eamonn O’Neill Royaume-Uni/Irlande 5′
Nachkriegszeit – Valentin Kemmner, Sophie Reinhard Suisse 10′

3D relief

Boxe – Neder Hadj Hassen France 17′
Douce menace – L. Habas, M. Krebs, F. Rousseau, M. Vaxelaire, Y. Sender France 6′
Lou – Chloë Lesueur France 8′
Journal d’un frigo – Joséphine Derobe France/Belgique 9′
Miss Daisy Cutter – Laen Sanches Pays-Bas/France 6′

Angers, les films d’écoles européens listés

Un panorama de courts métrages témoignant de la vivacité des écoles européennes de cinéma d’aujourd’hui sera présenté dans 6 programmes par leurs jeunes réalisateurs, du lundi au vendredi à 16h45, pendant le festival d’Angers (20-29 janvier 2012). Voici les titres de ces films.

Der Brief – Doroteya Droumeva Allemagne 30′
Heimkommen – Micah Magee Allemagne 25′
Xiao Baobei – Yilin Autriche/Chine 24′
Pauline – Pauline Brauner Belgique 16′
You Bitch! – Sonja Tarokic Croatie 26′
Alto sauce – Fernando Pomares Espagne 16′
Kuhina – Joni Männistö Finlande 8′
Drari – Kamal Lazraq France 40′
Fireworks – Giacomo Abbruzzese France 21′
How Fear Came – Anaïs Caura, Bulle Tronel France 10′
Soubresauts – Leyla Bouzid France 22′
Porcukor – Mihály Schwechtje Hongrie 30′
L’Estate che non viene – Pasquale Marino Italie 16′
Bez sniegu – Magnus von Horn Pologne 35′
Neplavci – Jakub Šmíd République Tchèque 22′
Belly – Julia Pott Royaume-Uni 7′
Playing Ghost – Bianca Ansems Royaume-Uni 10′
Roots of the Hidden – Elizabeth Sevenoaks Royaume-Uni 5′
Aman – Ali Jaberansari Royaume-Uni/Iran 27′
Jamgyr – Aygul Bakanova Royaume-Uni/Kirghizstan 17′
Reaching out to Mama – Olga Tomenko Russie 33′
L’Ambassadeur et moi – Jan Czarlewski Suisse 15′

Angers, les courts européens et français retenus

Le 24ème festival d’Angers (20-29 janvier 2012) a dévoilé sa sélection. Les courts métrages se profilent dans plusieurs sections. En voici les deux premières : les films européens et français.

Courts métrages européens

Apele tac – Anca Miruna Lazarescu Allemagne/Roumanie 30′
Perra – Lola Parra – Espagne 18′
Les Navets blancs empêchent de dormir – Rachel Lang France/Belgique 27′
CrossMaryna Vroda – France/Ukraine 15′
O Babas mou, o Lenin kai o – Freddy Rinio Dragasaki Grèce 19′
Bora Bora – Bogdan Mirica – Roumanie 32′
Join the Dots – Jessica Lux – Royaume-Uni 24′
Tvillingen – Gustav Danielsson – Suède 29′

Courts métrages français

Alexis Ivanovitch, vous êtes mon héros – Guillaume Gouix 20′
Fais croquer – Yassine Qnia 22′
Junior – Julia Ducournau 22′
La Tête froide – Nicolas Mesdom 23′
Le Gardien de son frère – Basile Doganis 20′
Parmi nous – Clément Cogitore 30′
Pisseuse – Géraldine Keiflin 20′
Planet Z – Momoko Seto 10′
Un juego de niños – Jacques Toulemonde Vidal 18′
Vilaine fille mauvais garçon – Justine Triet 30′

7:35 de la mañana/Jour 8

Pour ce dernier jour, voici un film décalé à souhait, commis par un espagnol qui met en scène un anti-héros autant romantique que perturbé.

7:35 de la manana de Nacho Vilalongo (Espagne, 2003, 8′)

Synopsis :  Un beau matin, dans le bar où elle a l’habitude de prendre chaque jour son petit déjeuner, une femme constate un fait étrange : les clients et les serveurs sont plongés dans un silence total, ils regardent par terre et ils ne touchent pas à leur petit-déjeuner.

Festival Filmer à tout prix : édition 2011

TROIS LONGUES ANNEES

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Après trois années d’absence, le festival de cinéma documentaire Filmer à tout prix revient nous donner une bouffée d’air frais et c’est dire combien nous en avions besoin. Car il faut le proclamer, le festival Filmer à tout prix est tout simplement indispensable en Belgique. Moins parce qu’il est dédié au genre documentaire que parce qu’il nous montre du cinéma ayant à faire au réel – ce qui semble aujourd’hui tout à fait ignoré par la fiction. Durant une semaine, aux films actuels succèdent des rétrospectives, des rencontres et des débats qui, créant une réelle place pour voir et parler de cinéma, nous font regretter sa rareté. Nous gagnerons tellement à avoir une édition tous les ans, voir plus, tandis que d’autres festivals dits de fiction pure et dure gagneraient à être plus rares. Ne créons pas de confusions, le cinéma, c’est le réel.

BAGARRE AU FLAGEY

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Na Verspera

Na Vespera de Lotte Knaepen est un film tendre et limpide. On s’en va au Portugal pendant quelques jours pour voir la relation entre une jeune mère célibataire et sa fille adolescente. Si le sujet du film semble beaucoup trop complexe pour être traité dans un court métrage, la beauté du film réside en ce qu’il est fait de morceaux d’un film plus long (qu’on verra peut-être un jour). D’ailleurs, un des plans les plus interpelants du festival fut celui où l’on voit la mère, son père et la fille déjeunant ensemble à table, au début du film ; la confusion qui se crée est telle qu’on ne peut dire tout de suite qui est la mère, qui est la fille. Eblouissant.

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Little Sister

En revanche, Little sister, qui est aussi un film entre deux femmes, est le classique du film à bonnes intentions. Une femme décide de filmer sa sœur sourde et muette. Si le bref moment où elles s’échangent la caméra pour se faire des aveux est émouvant, on voit que la réalisatrice fait un film sur quelque chose dont elle ne veut finalement pas parler avec sa sœur. Sœur qui reste malheureusement enfermée dans le rôle qu’on lui assigne : celle de la fille particulière, pas comme les autres, etc. La preuve éclatante de ce refus de rencontre se voit à l’utilisation des sous-titres : tandis que les paroles de sa sœur sont difficiles à comprendre dans la vie, plutôt que de nous laisser avoir ce même rapport avec elle et l’entendre sans toujours la comprendre, la réalisatrice choisit de sous-titrer chacune de ses paroles, appuyant ainsi davantage sur son handicap.
Pourtant, dans le genre « film de famille » (genre passionnant), The Pedicure Trial est excellent. Méfiez-vous si on vous reproche de filmer vos pieds, Jessica Champeaux le fait aussi bien que Yoko Ono, voire mieux, parce que de façon plus drôle. En un même cadre, elle fait un gros plan de ses propres pieds ainsi qu’un plan large de ses deux protagonistes : sa mère et sa grand-mère, d’origine américaine toutes les deux. Le temps d’une pédicure (dont sa mère est spécialiste), Jessica parle avec sa famille et déclenche, volontairement ou non, peu importe, une dispute familiale. La mère reproche à la grand-mère d’avoir été absente, de ne pas lui avoir appris à cuisiner, de lui avoir donné de mauvais conseils. La dispute reste cordiale mais n’en est que plus tendue encore. Le film de Jessica Champeaux porte sur la transmission, la parenté et le cinéma, tout en étant extrêmement drôle. Dans un plan du film, Jessica filme le visage de sa grand-mère affectée par les reproches de sa fille. La cinéaste, douée d’un sens de l’ironie rare chez ses contemporains, dit, depuis derrière sa caméra : « I can see your face changing as you talk ».

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Les cheveux coupés

Des Cheveux coupés d’Emmanuel Marre vous ne verrez pas plus que le titre. Ce jeune cinéaste qui nous a promis de beaux jours avec son Petit Chevalier fait preuve d’absence de sujet. Dans ce film, il n’y a que la note d’intention de film qui compte : pendant une demi-heure on voit se succéder des plans (on ne peut pas parler de montage) d’enfants se faisant couper les cheveux par un parent. Et il s’avère que ces enfants sont de couleurs différentes (l’Arabe, l’Africain, le Belge, etc.) et qu’ils habitent Bruxelles. Si l’intérêt du film repose sur les différentes habitudes de ces familles autour de la coupe des cheveux, il manque une articulation dans le propos ; car le fait est que la diversité n’est pas un sujet en soi.

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Le barbier

Un autre qui se coupe les cheveux, c’est Le barbier, où Julie Decarpentries a beaucoup plus travaillé. Même si on l’entend chercher son sujet, quand elle pose ses questions aux personnages, on y voit un réel désir de rencontre. Le film montre des sans-abri de Montréal qui vont se faire couper les cheveux dans un centre d’assistance. De brèves rencontres où la parole est tout simplement donnée, le temps d’une coupe, à ceux qui dorment dans la rue à -30°C et qui vivent le pire. Du barbier, lui, on ne saura que peu de choses, ce qui est plutôt juste car sa bonté suffit dans ce film qui se passe de conception esthétique. Seul regret : un montage « zappeur » fait comme les standards télévisuels.

En Klaas Boelen, la Belgique a trouvé sa propre Leni Riefenstahl. Dans son travail de fin d’études au Rits, le réalisateur de Waidmannsheil : Heil aan de goede schutter fait, avec une photographie cinq étoiles, une ode à la domination de l’homme sur l’animal, à la passion pour les armes et, comme le dit son propre synopsis : à « l’animalité de l’homme ». Klaas Boelen aime la chasse, c’est clair comme le sang : travelling avant sur l’homme nettoyant son fusil, dolly descendant sur les têtes de cerfs accrochées aux murs, caméra à l’épaule suivant les hommes en forêt… et si vous n’êtes pas encore dedans, il y a même du suspens à savoir si on parviendra à tuer ou non l’animal. Amateurs de corne de chasse et de sang versé, vous aurez les larmes aux yeux. Il faudrait que Klaas Boelen regarde, plusieurs fois même, le film de Sara Vanagt, The Corridor, car elle fait justement le contraire : une ode à l’admiration de l’animal par l’homme. Ce très beau film qui commence dans le brouillard avec un poème de Chesterton et se termine par un regard face caméra d’un âne, montre une courte scène, très simple, très douce et violente d’un homme en fin de vie caressant une bête.
Standards, de Maxime Pistorio et Julie Jaroszewski, continue dans le genre de chasse aux animaux. Sauf qu’ici, l’arme c’est la caméra de Maxime Pistorio et les animaux ce sont des riches Scandinaves vivant à Bruxelles. Engagés en tant que musiciens de jazz pour une soirée organisée par ces « monstres » au Château de la Hulpe, les réalisateurs en profitent pour faire un film moqueur et complaisant. Plutôt que de se risquer à une rencontre, à un dialogue, à n’importe quoi d’autre, les deux jeunes réalisateurs prennent l’image de ces riches en otage et se demandent, en coulisses, si « on peut aimer en se prostituant ». Sans demi-mesures, ceci est le film le plus obscène du festival. Car que peut-on tirer de Standards ? Que ces pauvres gens, ce sont des riches, et que les riches, c’est comme des animaux ? Vieux, bêtes et incultes ? Mais l’Homme dans tout cela… ? Hélas, l’héritage de Strip-tease est plus profond qu’on ne le croit.

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Dames, poussières

Dame, poussières, est un dessin animé et une bande-son. On entend une femme (la réalisatrice) poser des questions à sa femme de ménage à propos d’une troisième femme, une Tchèque décédée, qui a vécu des tas de choses : des guerres, des voyages, des maladies, etc. Mais le film, dont la conversation sonore suffit très bien pour faire une émission radio, échoue dans un paradoxe étourdissant dû aux images animées d’une femme dont on parle sans jamais savoir pourquoi. Certes, l’histoire de cette inconnue est pleine d’aventures, certes, on y perçoit la vie sous le communisme mais, au final, tout ce qu’ont peut faire c’est de se demander : mais qui sont celles, vivantes, qui parlent mais qu’on ne voit pas ? 10min de Jorge Léon emploi le même dispositif mais ici avec plus de concret : la voix de Josse de Pauw lit un témoignage fait à la police par une jeune prostituée bulgare à propos du milieu de prostitution bruxellois. Si l’idée de faire un film à partir de la lecture de ce témoignage est bonne, les images que Jorge Léon emploie au montage prennent une logique trop systématique et disons même théorique : des lieux, des objets, des avions, jamais de présence humaine. Mais pourquoi pas. Détail : le film nous apprend que la proportion d’un billet de 50 euros est exactement celle du format vidéo 16/9. A réfléchir.

Laar, c’est les frères Lumière au Dakar, mais en vidéo-scope. Beau film composé d’une dizaine de mouvements de caméra (toujours de gauche à droite) montrant les différents terrains de foot improvisés ou moins improvisés à Keur Massar. La voix d’un des deux cinéastes décrit ce qu’il voit, non pas sur place, mais devant l’écran, nous rappelant par là que nous sommes bien au cinéma, devant une image et non pas devant le sable. Film qui revient à ce côté disons « diaporama » du cinéma : voir un film pour montrer où les gens habitent, ce qu’ils font après le travail, comment ils font pour jouer au foot.
Par la fenêtre est fait comme un carnet de réflexions sur le temps qui passe. Si on est de bonne humeur, on pense à Renoir, qui dans les années trente, disait que « le cinéma, c’est une fenêtre ouverte sur le monde ». En cela, on pourrait faire l’éloge du court métrage de Julien Helgueta. Mais en voyant le film on est pris au milieu d’une contradiction qui rappelle une autre phrase de Renoir, plus tard, dans les années soixante : « quand le cinéma sera parvenu à la parfaite imitation d’un arbre, d’une forêt, plutôt que d’aller voir un film, les gens préfèreront aller voir la vraie nature. Ce sera ainsi la fin du cinéma. ». Dommage que Par la fenêtre ne se risque pas à quelque chose de plus approfondi ou de plus articulé, mais se contente seulement d’illustrer un propos de façon trop littérale.

ZAMBEAUX À TOUT PRIX

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Prix des centres culturels, Recardo Muntean rostas le mérite fort bien. Le film montre une chose très difficile à voir au cinéma : l’enfance qui s’en va. En accompagnant pendant quelques jours la famille de Recardo, jeune garçon roumain de sept ans, Stan Zambeaux nous fait voir le rôle de traducteur qu’il doit prendre auprès de sa mère pour l’aider dans ses rendez-vous administratifs. Le petit Recardo lutte pour rester enfant dans cette vie qui l’oblige à devenir adulte beaucoup trop vite. D’une grande précision, le travail de Stan Zambeaux a su montrer cela, tout en maintenant une juste distance vis-à-vis de ses personnages et en se faisant oublier derrière la caméra. On pense à Nanouk, à Moi, un noir, à Où est la maison de mon ami ? En tout cas, nous n’oublierons pas Stan Zambeaux.

QUE LA JOIE DEMEURE

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Anything Can Happen

Quant aux courts métrages diffusés dan le cadre de la prolongation du festival à la cinémathèque, on vous conseille quelques films à voir absolument, bien que certainement difficiles à trouver. Commencez par le très beau Anything Can Happen du Polonais Marcel Lozinski qui filme son fils de cinq ans se promenant au parc en interrogeant les octogénaires à propos de la vie, l’amour, la vieillesse, la pauvreté. Comme quoi les enfants, si on les laissait parler, ils sauveraient le monde. Day After Day de Irena Kamienska, dans la lignée du groupe Medvedkine, montre le quotidien de deux sœurs jumelles du prolétariat de la Pologne des années 80. L’amusant Rouli-roulant de Claude Jutra filme l’apparition nouvelle de l’ancêtre du « skate » au Canada et Eldora du Grec Gregory Markopoulos tourné en Ohio est un vrai poème de silence et de mouvement, petit-enfant du cinéma muet. Trois films de maîtres sont à voir également : Circoncision de Jean Rouch (qui ne recule devant rien) et Ignoti alla città et La canta delle marrane de Cecilia Mangini (dont les textes sont de Pasolini) l’on voit que le cinéma documentaire, c’est des travellings, des répétitions et des marquages au sol.

Pour conclure, on ne peut que vous inciter à réserver déjà votre mois de Novembre 2013 pour la 15ème édition du festival Filmer à tout prix. En espérant que d’ici-là les courageux organisateurs n’auront pas trop de bâtons dans les roues.

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La copie de Coralie et Irinka et Sandrinka / Jour 7

Pour cet avant-dernier jour de la semaine la plus courte, voici deux histoires de femmes, empreintes de figures féminines ancrées dans le passé des personnages principaux qui renaissent grâce aux images et aux souvenirs…

La copie de Coralie de Nicolas Engel (France, 2008, 22′)

Synopsis: Monsieur Conforme, gérant du magasin de reprographie Copie Conforme, vit depuis trente ans dans le souvenir d’une femme disparue. Virginie, sa jeune assistante, décide de prendre les choses en main et affiche un avis de recherche sur les murs de la ville.

Sujet associé : Nicolas Engel et le film musical

Irinka et Sandrinka de Sandrine Stoïanov (France, 2007, 16′)

Synopsis : Cinquante ans séparent Irène et Sandrine. L’une, issue de la noblesse russe, a vécu la chute du régime, l’absence d’un père exilé, l’accueil dans une famille d’adoption. L’autre a grandi en passant son temps à recomposer dans ses jeux d’enfant le monde d’une Russie de conte de fées.

Se-ma-for, l’animation made in Lodz

Mentionné plusieurs fois dans notre dossier consacré à Marek Skrobecki, le studio d’animation Se-ma-for méritait bien un feuillet à part, d’autant plus que son président, Zbigniew Żmudzki, était aussi de passage à Paris au mois de décembre pour participer au Carrefour de l’animation. Venu introduire des films rares de grands maîtres du studio, il a assuré une démonstration technique post-séance, devant un public complice, intrigué par la taille, la matière et le rendu des marionnettes en silicone rapportées de Lodz, dont celle d’un policier sans tête issu d’un des derniers films maison, « Danny Boy ». Reportage en trois points.

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© Nicole Guyot

Le studio

Né en 1947 à Lodz, Se-ma-for faisait à l’origine partie prenante du studio Film Polski. Y ont été conçus bon nombre de films pour enfants et adultes, dont le tout premier film d’animation polonais en marionnettes d’un pionnier et maître de genre, Stanislas Starewitch, “Walka żuków” (“The Battle of Beatles), mais aussi pas mal de films de réalisateurs empruntant aux autres genres que l’animé (Roman Polański, Janusz Morgenstern, Jan Laskowski, …).

Avec le temps, le studio, ainsi nommé pour son acronyme avec Studio Małych Form Filmowych (trad. Le Studio des petites formes cinématographiques) s’est fait repérer pour avoir révélé bon nombre d’auteurs, produit des films d’animation ambitieux (les plus récents, « Świteź » de Kamil Polak et « Maska » des frères Quay, pour ne citer qu’eux) et attrapé deux Oscars (l’étourdissant et répétitif « Tango » de Zbigniew Rybczyński et « Pierre et Le Loup » sur lequel Marek Skrobecki a signé les décors), dont la trace est encore sur leur site internet avec une petite place pour une éventuelle troisième statuette. Se-ma-for a depuis fait des petits : un musée y a été crée, on peut y visiter les décors qui ont servi aux films et y voir les productions maison, et un festival spécialisé en marionnettes a également été imaginé (pour les amateurs du volume, les films peuvent d’ailleurs y être soumis jusqu’au 31/7/2012, la prochaine édition étant prévue fin septembre).

Les films

Parmi les films présentés lors de cette séance, la moitié n’a pas encore été numérisée, leur restauration reste compliquée, certains films ayant déjà atteint les 50 ans d’âge. Le plus ancien, « Attention, le diable/Uwaga, diabeł », date de 1958. Réalisé par Zenon Wasilewski et sélectionné au festival de Cannes en 1960, le film a comme héros un mauvais diable délaissant son maître magicien et semant la zizanie dans une petite ville de province avant d’être tabassé par une petite vieille énergique à coups de parapluie vigoureux. Vaguement plus récents (1966 pour le premier, 1967 pour le second), « L’Ange gardien/Człowiek i anioł » (Edward Sturlis) confronte un honorable ange gardien moralisateur, digne des meilleurs pubs animées des années 50, à un simple citoyen en proie à la tentation des femmes, des cartes et de la boisson, tandis que « Le Sac/Worek » (Tadeusz Wilkosz) s’intéresse à un sac glouton qui avale une râpe à fromage et un fer à repasser avant de se mettre à danser la polka avec un napperon orné d’un portrait d’archiduchesse.

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« Le Petit Déjeuner sur l’herbe/ Sniadanie na trawie »

Sortis à un an de différence du studio, « Le Petit Déjeuner sur l’herbe/ Sniadanie na trawie » (Stanislaw Lenartowicz) revisite en 1975 le tableau de Manet avec des éléments découpés (on y trinque, lit son journal, sort sa nuisette, fait sécher son linge, joue de l’harmonica, souligne au feutre noir le galbe des seins de la dame et rajoute des moustaches au monsieur) alors que « Jour de fête/Swieto » (1976), un autre film de Zbigniew Rybczynski, bien connu moins que « Tango », montre des embrassades répétitives et bruyantes d’une famille sur le pas de la porte ainsi que l’amour dans les champs avec un son de cloches en arrière-fond.

Trois questions à Zbigniew Żmudzki, président de Se-ma-for

En quoi Lodz est et a été une ville importante en matière d’animation ?

À la fin de la guerre, Varsovie était complètement détruite. Géographiquement, Lodz était la plus proche. Elle n’est qu’à 100 km de Varsovie, et en deux, trois ans, elle a pris sa place de capitale de la création. Les metteurs en scène qui avaient survécu à la guerre se sont repliés sur le studio, l’expression « Holly-Lodz » (prononcez « Hollywoutch ») a commencé à circuler. Peu à peu, le cinéma est revenu à Varsovie, mais le studio est resté à Lodz, et les meilleurs films d’animation y ont été produits.

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© Nicole Guyot

Les derniers films de Se-ma-for, que ce soit « Danny Boy », « Maska » ou « Świteź », ont tous un côté sombre. Est-ce un critère qui vous intéresse dans la production de films d’animation ?

Notre spécificité, c’est le conte philosophique. Nous ne réprimons pas la création. Les animateurs nous proposent leurs idées, après, c’est vrai que les idées qu’ils abordent, ce qu’ils ont envie de faire, touchent beaucoup au noir, au philosophique. Ils veulent avant tout faire passer des messages, c’est probablement pour cela qu’ils sont sombres. J’aimerais beaucoup que quelqu’un vienne me voir avec une idée de comédie mais cela n’est pas encore arrivé. Les gens qui se présentent à moi viennent avec des sujets graves en tête. Pourtant, dans tous ces films, des éléments de gaité ressortent. Regardez « Ishtys » de Skrobecki, il y a des moments drôles, non ?

Un autre aspect ressort aussi : le travail autour du son, l’absence de dialogue et l’importance accordée à la musique. Est-ce quelque chose auquel vous faites attention ?

À Se-ma-for, nous considérons que si le réalisateur veut utiliser des dialogues, c’est qu’il n’a pas terminé son film. Les dialogues sont adéquats pour les films commerciaux ou pour enfants. Si dans un conte philosophique, on est obligé de mettre des dialogues c’est que quelque chose ne fonctionne pas. Le film parfait, c’est celui qui raconte quelque chose sans un mot, c’est pour ça que la musique est très importante à nos yeux. Elle n’est pas juste une illustration d’image, elle attribue des effets réellement fondamentaux au film.

Katia Bayer. Traduction : Katia Sulisa-Alves