Chateau Belvédère de Patryk Dawid Chlastawa

Si certains courts métrages de Poitiers utilisent la musique de diverses manières, tel Mariejosephin Schneider qui se sert d’une partition de piano pour ouvrir et clore son film « Jessi », la musique est un des piliers de « Chateau Belvédère » de Patryk Dawid Chlastawa. Ainsi, le court est rythmé de toutes parts de partitions de piano, de morceaux de flûte, et de sonorités angoissantes.

Un compositeur de musique n’écrit plus aucune note depuis la mort de sa femme. Il vit retranché avec Anna, sa fille malade auprès de qui il passe toutes ses journées. Alors qu’il souhaite tenir la jeune femme à l’écart du monde, il se voit contraint d’accueillir un jeune agent en visite d’affaires, visite qui va semer malgré lui le trouble dans la maison familiale.

La musique joue ici un rôle primordial ; elle apporte une tension au sein de cette histoire dont le père souhaite préserver sa fille adulte du regard incommodant d’autrui et ne voit pas d’un bon œil la proximité d’un autre homme au sein de son foyer. Le malaise dans « Chateau Belvédère » s’installe tout en douceur à l’instar d’une scène, celle d’un appel téléphonique où la musique d’attente devient de plus en plus forte, prenant ainsi de plus en plus d’ampleur. En cela, l’intrigue ne contredit pas l’expression « chi va piano va sano ».

Devant ce film, on songera volontiers à l’atmosphère de David Lynch et on ne sera dès lors pas surpris d’apprendre que la musique de ce court a été composée par Marek Zebrowski qui a notamment travaillé avec Lynch sur son projet musical « Polish night music » et qui a été consultant sur « Inland Empire ».

Mais là où il n’est pas aisé de pousser les portes de l’univers « lynchéen », les éléments métaphoriques présents dans le film de Patryk Dawid Chlastawa se montrent littéralement à notre regard, enchâssés dans un récit énigmatique tenu d’une seule main. Le réalisateur filme avec soin l’ambiguïté et l’âme tragique de l’existence dans cette demeure. Son « Chateau » est un maelström de plans séquences d’un esthétisme fort travaillé où se multiplient les pistes de lecture, et sa mise en scène est délicieusement intrigante et inquiétante. Reste une impression de trouble poétique rendant ce court unique, noir, et magnifique.

Amandine Fournier

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