Storytime de Terry Gilliam

And Now for Something Completely Different

Premier court du réalisateur américain culte, bien avant qu’il se lance dans le mythique « Monty Python », « Storytime » ouvre le festival européen du court métrage de Brest ce soir. Au rendez-vous, la triple histoire loufoque d’un cafard joyeux, d’un Einstein relativement méconnu et de cartes de vœux qu’il vaut mieux ne pas envoyer. Un humour sardonique qui est encore aujourd’hui la marque de fabrique de la bande pythonienne.

Divisée en trois chapitres, cette animation s’ouvre sur un conte d’enfants ringard, avec une musique papier peint et un cafard comme protagoniste. Suite à la mort prématurée mais sans conséquences de ce dernier (cockroaches aren’t that interesting!), le narrateur passe de l’âne au coq pour trouver un sujet convenable, faute de quoi il se verra viré à mi-film. Volet deux : le portrait d’Albert Einstein, non pas celui qui a découvert la théorie de la relativité mais bien celui qui est « bon avec ses mains » et dont les mains sont en retour aussi gentilles avec lui. Après un scandale impliquant des relations clandestines avec des pieds, moins chics que les mains, nous assistons à une séquence de comédie musicale spectaculaire à la Hollywood, avant de passer à la troisième partie, nommée « The Christmas Card », dans laquelle Gilliam anime des cartes de vœux avec audace et hilarité.

Ce court, réalisé en 1968, fait écho à la série anglaise « Don’t Adjust Your Set » (1967-1969) pour laquelle Gilliam a effectué de nombreuses animations du même genre, et annonce en même temps les sketchs animés qui allaient ponctuer « Monty Python’s Flying Circus », série culte de la première moitié des années 70. Les amateurs de Gilliam y reconnaîtront tout de suite son style décalé et son univers mi-glauque mi-absurde. Après tout, il fait partie de ces auteurs qui impriment leur marque esthétique sur toutes leurs œuvres, comme Tim Burton ou David Lynch. Mais dans le cas de Gilliam, la trame narrative n’est qu’illusoire, qu’un prétexte pour déployer son humour (a)typique. Loin d’être au goût de chacun, il a pourtant mieux vieilli que l’humour lascif de « Carry On », une série de films anglais des années 60-70 à l’humour grivois du type Benny Hill, et se laisse apprécier pour son côté mordant, déjanté, surréaliste et, du moins pour l’époque, iconoclaste.

Adi Chesson

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